8 mai 1945 : Nicolas Sarkozy en Alsace pour "réparer une injustice"
LEMONDE.FR avec AFP
A Colmar, Nicolas Sarkozy a déposé une gerbe de fleurs au pied du monument à la gloire de la 1re Armée et à la mémoire du général de Lattre de Tassigny, le libérateur de la ville, samedi 8 mai.
icolas Sarkozy a célébré les 65 ans de la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie à Colmar, l'une des dernières villes françaises libérées, où il a rendu hommage aux "malgré nous", samedi 8 mai. Dans un discours d'une quinzaine de minutes, le chef de l'Etat est surtout revenu sur le sort des Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l'armée allemande. "Ceux qui n'ont rien fait pour empêcher cette ignominie perpétrée contre des citoyens français ont trahi les valeurs de la France, l'ont déshonorée. Vichy a trahi la France et l'a déshonorée."
Le chef de l'Etat, qui devait se rendre dimanche 9 mai à Moscou pour assister aux cérémonies commémoratives de la victoire de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie, a finalement annulé son déplacement. La raison invoquée est la poursuite des consultations entre dirigeants européens sur la crise grecque, a indiqué samedi l'Elysée. "M. Sarkozy va avoir demain des entretiens avec différents interlocuteurs à propos de la crise que traverse la zone euro", a déclaré un porte-parole. – (Avec Reuters)
"Je suis venu aujourd'hui en Alsace réparer une injustice. (...) A partir de 1942, les Alsaciens et Mosellans furent enrolés de force dans l'armée allemande. On leur mit un uniforme qui n'était pas celui du pays vers lequel allaient leur coeur et leur fidélité. On les força à agir contre leur patrie, leur serment, leur conscience, a rappelé le président. Ils furent 130 000. Trente-mille sont morts au combat, dix-mille furent portés disparus. Les 'malgré nous' ne furent pas des traitres".
DOULOUREUSE HISTOIRE
C'est la première fois qu'un chef d'Etat saluait aussi nettement et publiquement la mémoire des "malgré-nous" d'Alsace et de Moselle, souvent source de malentendus et de méfiance entre les trois départements et le reste de la France. L'incompréhension avait atteint son paroxysme en 1953 quand le tribunal militaire de Bordeaux, jugeant le massacre des 642 habitants d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, avait condamné à la prison et aux travaux forcés treize "malgré-nous" qui incorporés dans l'unité SS responsable du massacre. L'annonce du jugement avait provoqué un tollé en Alsace et les condamnés avaient été finalement amnistiés par l'Assemblée nationale.
Depuis son élection, Nicolas Sarkozy a souhaité localiser la cérémonie nationale commémorant la victoire du 8 mai 1945 dans "des lieux particulièrement emblématiques de l'histoire de la libération du territoire national". Il s'était ainsi rendu à Ouistreham (Calvados) en 2008 et à Sainte-Maxime (Var) l'année passée. Colmar avait été l'une des dernières villes de France libérées, le 2 février 1945, par le général de Lattre de Tassigny.
PARLER SANS CRISPATION DE L'HOLOCAUSTE
En Allemagne, à l'occasion de cet anniversaire, la chancelière Angela Merkel a appelé à combattre l'antisémitisme. Dans un long entretien au Süddeutsche Zeitung, la dirigeante allemande assure qu'elle s'engagera "toujours contre l'antisémitisme" même si "cela conduit à être insultée, être traitée de 'marionnette du complot juif' et plus encore".
Dans cet entretien, elle encourage à parler sans crispation de l'Holocauste. Face au nombre de plus en plus restreint de témoins survivants, la chancelière a souligné l'importance du travail de mémoire. "La minimisation [de l'Holocauste] peut naître du fait que l'on en sait trop peu" sur ce chapitre sombre de l'histoire, a-t-elle prévenu. "Et si nous voulons assumer notre responsabilité perpétuelle vis-à-vis des victimes, je crois que nous avons une responsabilité particulière à connaître notre histoire".
LEMONDE.FR avec AFP
A Colmar, Nicolas Sarkozy a déposé une gerbe de fleurs au pied du monument à la gloire de la 1re Armée et à la mémoire du général de Lattre de Tassigny, le libérateur de la ville, samedi 8 mai.
icolas Sarkozy a célébré les 65 ans de la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie à Colmar, l'une des dernières villes françaises libérées, où il a rendu hommage aux "malgré nous", samedi 8 mai. Dans un discours d'une quinzaine de minutes, le chef de l'Etat est surtout revenu sur le sort des Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l'armée allemande. "Ceux qui n'ont rien fait pour empêcher cette ignominie perpétrée contre des citoyens français ont trahi les valeurs de la France, l'ont déshonorée. Vichy a trahi la France et l'a déshonorée."
Le chef de l'Etat, qui devait se rendre dimanche 9 mai à Moscou pour assister aux cérémonies commémoratives de la victoire de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie, a finalement annulé son déplacement. La raison invoquée est la poursuite des consultations entre dirigeants européens sur la crise grecque, a indiqué samedi l'Elysée. "M. Sarkozy va avoir demain des entretiens avec différents interlocuteurs à propos de la crise que traverse la zone euro", a déclaré un porte-parole. – (Avec Reuters)
"Je suis venu aujourd'hui en Alsace réparer une injustice. (...) A partir de 1942, les Alsaciens et Mosellans furent enrolés de force dans l'armée allemande. On leur mit un uniforme qui n'était pas celui du pays vers lequel allaient leur coeur et leur fidélité. On les força à agir contre leur patrie, leur serment, leur conscience, a rappelé le président. Ils furent 130 000. Trente-mille sont morts au combat, dix-mille furent portés disparus. Les 'malgré nous' ne furent pas des traitres".
DOULOUREUSE HISTOIRE
C'est la première fois qu'un chef d'Etat saluait aussi nettement et publiquement la mémoire des "malgré-nous" d'Alsace et de Moselle, souvent source de malentendus et de méfiance entre les trois départements et le reste de la France. L'incompréhension avait atteint son paroxysme en 1953 quand le tribunal militaire de Bordeaux, jugeant le massacre des 642 habitants d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, avait condamné à la prison et aux travaux forcés treize "malgré-nous" qui incorporés dans l'unité SS responsable du massacre. L'annonce du jugement avait provoqué un tollé en Alsace et les condamnés avaient été finalement amnistiés par l'Assemblée nationale.
Depuis son élection, Nicolas Sarkozy a souhaité localiser la cérémonie nationale commémorant la victoire du 8 mai 1945 dans "des lieux particulièrement emblématiques de l'histoire de la libération du territoire national". Il s'était ainsi rendu à Ouistreham (Calvados) en 2008 et à Sainte-Maxime (Var) l'année passée. Colmar avait été l'une des dernières villes de France libérées, le 2 février 1945, par le général de Lattre de Tassigny.
PARLER SANS CRISPATION DE L'HOLOCAUSTE
En Allemagne, à l'occasion de cet anniversaire, la chancelière Angela Merkel a appelé à combattre l'antisémitisme. Dans un long entretien au Süddeutsche Zeitung, la dirigeante allemande assure qu'elle s'engagera "toujours contre l'antisémitisme" même si "cela conduit à être insultée, être traitée de 'marionnette du complot juif' et plus encore".
Dans cet entretien, elle encourage à parler sans crispation de l'Holocauste. Face au nombre de plus en plus restreint de témoins survivants, la chancelière a souligné l'importance du travail de mémoire. "La minimisation [de l'Holocauste] peut naître du fait que l'on en sait trop peu" sur ce chapitre sombre de l'histoire, a-t-elle prévenu. "Et si nous voulons assumer notre responsabilité perpétuelle vis-à-vis des victimes, je crois que nous avons une responsabilité particulière à connaître notre histoire".
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