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Kenza Drider, femme en niqab devenue «star» des médias

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  • Kenza Drider, femme en niqab devenue «star» des médias

    Ultra-médiatisée, la jeune femme s'est érigée en porte-parole des défenseurs du voile intégral. Pourquoi cette omniprésence ? Décryptage d'une stratégie.




    Radios, télés, journaux semblent s'être passé le mot : si vous voulez interviewer une jeune femme portant le niqab en France, appelez Kenza Drider. Cette Avignonnaise d'originie marocaine, âgée de 31 ans, est en effet pratiquement la seule à qui les médias français donnent la parole en ces temps de débat houleux autour du voile intégral. Depuis plusieurs mois, cette mère de quatre enfants et bénévole dans un centre de loisirs, explique à qui veut l'entendre que ce choix qu'elle qualifie de «vestimentaire» et qu'elle compare au style gothique ou punk, elle l'assume et elle l'a fait toute seule. Dix ans après avoir pris cette décision, elle dit «avoir le voile dans la peau» et avoir fait «un pas vers notre Seigneur avec le niqab».
    L'emballement médiatique autour de Kenza Drider débute à la rentrée scolaire 2009, avec quelques interviews dans les médias locaux : France Bleu Vaucluse et La Provence. En novembre, elle s'exprime dans une enquête du Figaro Magazine sur «l'islam radical en France». Puis, en décembre alors que la mission parlementaire sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national entame une série d'auditions, Kenza Drider est l'invitée de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC et BFM TV le 16 décembre 2009. Elle est la seule femme voilée à être entendue par la mission parlementaire.


    Le lendemain, Kenza témoigne sur RTL. Le 19 décembre, sur France 5, elle est invitée sur le plateau de Paul Amar, dans Revu et Corrigé, avec Sihem Habchi, présidente de l'association «Ni putes ni soumises». Le débat entre les deux femmes est vif.


    On prend les mêmes et on recommence. Le 29 janvier 2010, l'émission Cactus remet en scène la violente opposition entre les deux femmes sur Paris Première.
    Quelques jours plus tard, le 3 février, Kenza Drider est invitée sur France 2, dans l'Objet du scandale, avec Guillaume Durand. Le producteur de l'émission, Vincent Feragus, explique au Figaro.fr cette omniprésence de la jeune femme par «une recherche classique de témoignage». «Il n'y a rien d'exceptionnel à cela : lorsqu'on repère une personnalité qui s'exprime particulièrement bien et qui représente une communauté, on cherche à dialoguer avec elle», indique-t-il.
    Puis RMC et RTL récidivent, au fur et à mesure que le projet de loi sur le port du voile se précise. Le 8 avril, la prestigieuse chaîne de télé anglaise BBC fait également un portrait de Kenza. La jeune femme se prête au jeu et joue au tennis en niqab devant le photographe. Elle incarne désormais mieux que personne la femme voilée qui s'assume.
    Si Kenza Drider est devenue incontournable dans le débat, ce n'est pas un hasard. «A force de faire du vacarme et de taper à toutes les portes, on a fini par me donner la parole» explique-t-elle au Figaro.fr. C'est quand elle a entendu parler de la mise en place de la mission parlementaire sur le port du voile intégral que Kenza a décidé de se faire entendre. «J'ai envoyé trois mails à André Gérin (ndlr : député communiste du Rhône et président de la mission parlementaire) mais n'avais aucune réponse. Au dernier moment, finalement, ils ont décidé de m'auditionner».
    L'attaché parlementaire d'André Gérin, Jacques Desmoulin, raconte la suite : «Nous avions posé comme préalable qu'elle devait témoigner à visage découvert. Ce qu'elle a accepté, à condition que les auditions se déroulent à huis clos». Décrivant le discours de la jeune femme comme «rôdé et maîtrisé», il avance que «tout cela ne relevait pas de la spontanéité» et déplore «une vraie offensive de type salafiste destinée à tester la République».
    «C'est n'importe quoi», rétorque l'intéressée qui réfute l'idée d'un discours téléguidé. «Je suis juste une mère de famille qui ne se laisse pas marcher sur les pieds». Et d'où lui provient cette verve si appréciée des médias ? «Cela me vient tout seul, je suis totalement convaincue et motivée pour contrer la tournure islamophobe que prennent les débats».
    Si Kenza prend son discours tellement à coeur, c'est qu'elle se considère comme la «porte-parole» de toutes celles qui, comme elles, seraient «catastrophées» que le port du niqab soit définitivement interdit. Mais le doute subsiste sur le nombre de femmes qu'elle représente réellement. Sur les 2000 femmes portant le voile intégral recensées par le ministère de l'Intérieur, il est très difficile de savoir combien ne le portent pas par choix. D'autant que, par définition, celles-ci sont moins visibles et ne disposent pas de porte-voix. En témoignent les précautions préalables prises par Zeina, une jeune femme qui a fui son mari qui lui imposait le niqab, pour accepter d'écrire le livre Sous mon niqab (Plon), (les extraits du livre sont publiés dans Le Figaro Magazine).

    De l'aveu de l'attaché parlementaire d'André Gérin en tout cas, «la mission parlementaire a cherché à auditionner d'autres femmes vêtues du niqab mais n'en a pas trouvé». Ceci explique probablement en partie l'omniprésence de Kenza Drider dans les médias. Car elle, comme elle le confie, elle «accepte pratiquement toutes les propositions».


    Lefigaro
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