Il faut une sacrée dose d’optimisme pour qu’après cela, on ne désespère pas de s’en sortir. Cela ressemble à un fait divers, mais c’est une tragédie. Des douaniers et des militaires ont aidé à faire transiter du matériel électronique, et peut-être même du matériel de guerre, qui ont atterri dans les maquis terroristes.
Il n’y a pas longtemps, d’autres douaniers, pris la main dans le… cabas, s’étaient plaints de ce “deux poids, deux mesures” qui caractérise la répression de la corruption. Faut-il alors croire que ce “coup de filet”, comme l’écrivent souvent certains confrères, est plutôt l’effet d’un déballage de prévenus que le résultat de l’efficacité d’un salutaire “nouveau dispositif de lutte contre la corruption” ?
Une instruction était en cours pour une histoire de transfert illégal de devises où sont mêlés d’autres “gardiens de l’économie nationale (!)” Avec des dizaines d’affaires pendantes, on a le sentiment que l’institution transpire la magouille de toutes parts.
Bien sûr, il serait dangereusement fantaisiste d’assimiler le petit larcin à la délinquance organisée. Mais il faut bien observer que ce banditisme se structure à partir d’institutions de défense de la république et, parfois, pousse l’audace jusqu’à frayer avec le terrorisme.
Après ceci, notre susceptibilité, intacte malgré nos dérives massives, nous impose de nous émouvoir d’être “blacklistés” par des États étrangers, alors même que l’insécurité commence à nos frontières.
La plupart des récents scandales engagent des malfaiteurs collectifs, révélant le développement d’une inquiétante prédation de meutes. Pourtant, il n’est pas exclu que, lorsque les scandales éclatent, l’étendue des réseaux soit artificiellement et politiquement contenue.
La puissance de corruption de l’argent, en érigeant l’avidité en trait de culture nationale, commence à fragiliser les institutions jusqu’à poser, par certaines de ses manifestations, la question de la sécurité nationale.
Si les scandales continuent, ce n’est probablement pas par manque d’instruments de prévention et de répression de la corruption. C’est plus vraisemblablement parce qu’on refuse de se poser la question qui, normalement, s’impose à chaque fois que l’improbable survient : comment en est-on arrivé là ?
Comment en est-on arrivé à ce qu’un jeune ambitieux puisse collecter les fonds de dizaines de caisses sociales sous prétexte d’un taux d’intérêt irréaliste ? Comment un pays qui, en matière financière, a élevé le principe de prudence au rang de tabou a-t-il pu subir le scandale Khalifa ? Comment en est-on arrivé à ne pas pouvoir préserver Sonatrach, instrument de gestion de l’unique ressource du pays, de la prévarication ? Comment en est-on arrivé à ce qu’on puisse s’en prendre au projet-phare du “programme de soutien à la croissance” ?
On continuera à mettre en prison, mais l’hémorragie continuera aussi. Car, voici le fond du problème, ce qui nous empêche de prendre les leçons de nos erreurs, et ce, par quoi on nous interdit même d’écrire sur notre histoire : il n’est permis pas de nous demander comment nous en sommes arrivés là, parce que la réponse est forcément politique.
Par : Mustapha Hammouche
Il n’y a pas longtemps, d’autres douaniers, pris la main dans le… cabas, s’étaient plaints de ce “deux poids, deux mesures” qui caractérise la répression de la corruption. Faut-il alors croire que ce “coup de filet”, comme l’écrivent souvent certains confrères, est plutôt l’effet d’un déballage de prévenus que le résultat de l’efficacité d’un salutaire “nouveau dispositif de lutte contre la corruption” ?
Une instruction était en cours pour une histoire de transfert illégal de devises où sont mêlés d’autres “gardiens de l’économie nationale (!)” Avec des dizaines d’affaires pendantes, on a le sentiment que l’institution transpire la magouille de toutes parts.
Bien sûr, il serait dangereusement fantaisiste d’assimiler le petit larcin à la délinquance organisée. Mais il faut bien observer que ce banditisme se structure à partir d’institutions de défense de la république et, parfois, pousse l’audace jusqu’à frayer avec le terrorisme.
Après ceci, notre susceptibilité, intacte malgré nos dérives massives, nous impose de nous émouvoir d’être “blacklistés” par des États étrangers, alors même que l’insécurité commence à nos frontières.
La plupart des récents scandales engagent des malfaiteurs collectifs, révélant le développement d’une inquiétante prédation de meutes. Pourtant, il n’est pas exclu que, lorsque les scandales éclatent, l’étendue des réseaux soit artificiellement et politiquement contenue.
La puissance de corruption de l’argent, en érigeant l’avidité en trait de culture nationale, commence à fragiliser les institutions jusqu’à poser, par certaines de ses manifestations, la question de la sécurité nationale.
Si les scandales continuent, ce n’est probablement pas par manque d’instruments de prévention et de répression de la corruption. C’est plus vraisemblablement parce qu’on refuse de se poser la question qui, normalement, s’impose à chaque fois que l’improbable survient : comment en est-on arrivé là ?
Comment en est-on arrivé à ce qu’un jeune ambitieux puisse collecter les fonds de dizaines de caisses sociales sous prétexte d’un taux d’intérêt irréaliste ? Comment un pays qui, en matière financière, a élevé le principe de prudence au rang de tabou a-t-il pu subir le scandale Khalifa ? Comment en est-on arrivé à ne pas pouvoir préserver Sonatrach, instrument de gestion de l’unique ressource du pays, de la prévarication ? Comment en est-on arrivé à ce qu’on puisse s’en prendre au projet-phare du “programme de soutien à la croissance” ?
On continuera à mettre en prison, mais l’hémorragie continuera aussi. Car, voici le fond du problème, ce qui nous empêche de prendre les leçons de nos erreurs, et ce, par quoi on nous interdit même d’écrire sur notre histoire : il n’est permis pas de nous demander comment nous en sommes arrivés là, parce que la réponse est forcément politique.
Par : Mustapha Hammouche
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