Antar Yahia, SG de la Ligue Arabe, ......

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Antar Yahia, SG de la Ligue arabe, même avec les pieds

par Kamel Daoud

T echniquement, c'est encore un match Algérie/ex-Egypte : Ouyahia d'Alger marque contre Sawiris d'Orascom, Sawiris va se plaindre à son propre ministre des AE, au Caire, pour intervenir auprès de son vis-à-vis. Des rumeurs font état sur une coupure de gaz entre les deux pays, les deux ambassadeurs rentrent chacun dans le pays de l'autre, des Algériens sont humiliés et lapidés, des Egyptiens sont encerclés, Antar Yahia marque un but qui nationalise le nationalisme, l'arbitre Kodjia marque contre l'Algérie en Angola. L'ex-Egypte n'ira pas en Afrique du Sud, mais l'Afrique du Nord n'est pas bien vue dans la Ligue arabe. C'est dans le désordre, mais tout le monde comprendra. Aujourd'hui, le match continu: après une attaque latérale sur Amr Moussa, vieux spy des USA, la contre-attaque est arrivée par une alliance Arabie Saoudite/ex-Egypte contre Algérie/Qatar pour démocratiser la Ligue arabe ou la violer, encore et encore. C'est ce qu'on peut lire dans les journaux, depuis hier. La demande algérienne n'est pas nouvelle en effet: depuis une décennie, Belkhadem s'est fait le porte-parole de cette requête d'hygiène qui refuse que la Ligue soit un appendice égyptien et que son secrétariat et ses employés soient un harem de Moubarak. Pire que les régimes locaux, la Ligue arabe est devenue une caricature des mandats à vie et du racket égyptien sur toute cause commune entre «Arabes». A chaque fois qu'il ya quatre Arabes qui se réunissent, il y a sept Egyptiens qui votent leur propre candidat et noient les élections. Pour le SG de la Ligue, beaucoup ont compris que c'est là qu'a commencé le match d'Oum Dourmane, depuis une décennie.

L'ex-Egypte ne veut pas lâcher cette rente internationale et d'autres pays se sont soumis à ce fascisme culturel qui commence par les films et qui explique que tout ce qui est égyptien est arabe et que tout ce qui est arabe peut ne pas avoir l'honneur d'être égyptien, sauf si l'ex-Egypte le veut. Donc et pour revenir à l'actualité, il apparaît que la lutte de décolonisation anti-égyptienne est déclenchée par Belkhadem. Cet homme est peut-être islamiste utilitaire, peu efficace sauf dans une kasma, devant sa carrière à la courte distance entre Tiaret et Alger et à son éloquence lors d'un discours face à Boumediene, conservateur, inventeur démagogique de faux débats nationaux, fier d'une seule victoire d'un tambour (lui) contre un chanteur (Enricos Macias), mais il a un avantage aux yeux du chroniqueur: il est Algérien. De cette nationalité en devenir, sourde et muette pendant longtemps, mariée de force à Okba Ibnou Nafi, maltraitée et trompée par l'indépendance. Belkhadem est Algérien est c'est pour ça qu'il faut le soutenir contre Amr Moussa d'abord et, ensuite, contre le ridicule qui veut que l'ex-Egypte garde sous ses aisselles pourrissantes tout ce qui peut faire l'honneur de tous ou, au moins, leur adresse commune. Pour une fois, il faut marcher, gueuler, recourir à Youtube et à la pétition, à la chanson et à la guerre pour que la Ligue arabe soit au moins démocrate, elle qui n'est pas efficace. Bien sûr, on pourra dire qu'on n'en veut pas, que cette Ligue ne sert à rien et qu'il vaut mieux rester chez soi que d'occuper le secrétariat d'une poupée gonflable, mais c'est ainsi que l'on perd ses moutons. L'arabité nous appartient et nous ne lui appartenons pas, et donc la Ligue arabe nous appartient à tous et pas seulement à l'ex-Egypte. Il faut que cette Ligue revienne à tous et son secrétariat soit tournant et démocratisé. C'est la moindre des politesses. Sans cela, il faut s'en retirer une fois pour toutes et songer à l'avenir: une ligue des pays de l'Afrique du Nord, un Maghreb United, une Union du Maghreb maghrébin, un Belkhadem numérique, mis à jour par des techniques d'avenir.

Le Quotidien d'ORAN