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D'où vient Israël?

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  • D'où vient Israël?

    Soixante-deux ans après la déclaration d'indépendance d'Israël, l'Etat hébreu n'est toujours pas réconcilié avec son monde. Dominique Vidal, journaliste, spécialiste du conflit israélo-palestinien, revient sur l'identité d'Israël.

    Soixante-deux ans après la déclaration d'indépendance d'Israël le 14 mai 1948, l'Etat hébreu n'est toujours pas réconcilié avec son monde. Outre l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix israélo-palestinien, le gouvernement de Benjamin Netanyahu doit affronter, pêle-mêle, le regain de tension avec le Hezbollah libanais, la suspension des négociations indirectes avec la Syrie, les diatribes anti-israéliennes du président iranien, le sérieux rafraîchissement des relations avec les Etats-Unis. A défaut de savoir où va Israël, cet anniversaire donne l'occasion de se rappeler d'où vient l'Etat hébreu. Entretien avec Dominique Vidal, journaliste, spécialiste du conflit israélo-palestinien, et coordinateur avec Bertrand Badie de Le grand tournant : L'état du monde 2010 (La Découverte, 2010).
    Comment est né Israël ? Le récit de la création d'un Etat vulnérable, sur une « terre sans peuple pour un peuple sans terre », et contre l'avis des pays arabes de la région a-t-il vécu?
    Oui. Quiconque prétend aujourd'hui que c'était une terre sans peuple, que les Palestiniens ont décidé de quitter pour permettre à l'Etat d'Israël de croître, se trompe ou... nous trompe. Un courant historique important, les « nouveaux historiens », a d'ailleurs prouvé, à partir des archives militaires du pays, rendues publiques trente ans après leur rédaction, qu'il n'en était rien. Ces chercheurs ont réécrit l'histoire de la naissance d'Israël et du problème des réfugiés palestiniens.
    Trois tabous ont sauté. Le mythe de la création d'Israël - David contre Goliath - s'achève. Des historiens comme Benny Morris montrent que les rapports de force militaires et politiques n'ont cessé, à l'époque, d'être à l'avantage d'Israël. Par exemple, un accord tacite entre l'Agence juive de David Ben Gourion et la Transjordanie est passé douze jours avant le plan de partage des Nations unies du 29 novembre 1947: les troupes du roi Abdallah n'interviendront pas dans le territoire prévu pour l'Etat juif en échange de la possibilité d'annexer la Cisjordanie. Dès lors, l'Etat arabe était mort-né.
    L'idée qu'Israël a tout fait pour aboutir à un règlement du conflit, et que les dirigeants arabes ont refusé la main tendue, a aussi vécu. C'est le travail d'autres historiens, comme Avi Shlaïm et Ilan Pappé, qui racontent qu'un pays comme la Syrie a non seulement proposé la paix à Israël, mais également offert d'accueillir jusqu'à 200 000 réfugiés palestiniens sur son sol. Ben Gourion, le nouveau Premier ministre, n'a pas répondu.
    Enfin, les raisons de l'exode palestinien sont éclairées. Pour Morris, aujourd'hui proche de la droite israélienne, l'exode est « né de la guerre, et non d'une intention, juive ou arabe ». Pour lui, l'Etat naissant n'a pas institutionnalisé une politique d'expulsion Les autres historiens, et notamment Pappé, insistent au contraire sur l'organisation planifiée de cette politique, et son lot de tragédies : l'épisode le plus connu reste le massacre du village arabe de Deir Yassin, par les milices extrémistes juives, où 110 Palestiniens seraient morts.
    Israël s'est construit sur plusieurs vagues successives d'immigration. Faut-il parler d'un peuple israélien ou des peuples israéliens ?
    Soixante-deux ans après, il y a bel et bien un peuple israélien. Il possède une mémoire commune, mais aussi une langue qui est un élément important de la maturation d'une identité : c'est le cas de l'hébreu moderne, remis au goût du jour par Eliezer Ben Yehoudah au début du siècle dernier. Il y a également une société constituée, avec à l'origine une économie socialisante dotée de grands services publics, mais qui est devenue l'une des plus néo-libérales parmi les pays développés.
    Cette société n'est cependant pas homogène. Il existe des césures économiques, culturelles et politiques, et certains citoyens sont lésés par rapport à d'autres. C'est le cas des Arabes, bien sûr, mais aussi des Juifs d'origine orientale. Le cas du racisme dont les Juifs éthiopiens ont été victimes paraît emblématique : les jeunes Falashas ont retrouvé un peu de leur dignité après que des GI's noirs servent les batteries de missiles Patriot, chargés de protéger le territoire des Scuds que Saddam Hussein lançait sur Israël, lors de la première guerre du Golfe.
    La politique extérieure d'Israël a-t-elle changée depuis 1948 ?
    L'historien Avi Shlaïm montre qu'il y a une continuité politique à ce niveau, entre 1948 et 1967, indépendamment de l'orientation politique du gouvernement. La thèse « révisionniste » de Vladimir Jabotinsky, à l'origine de l'organisation armée nationaliste de l'« Irgoun », a prévalu : Israël doit se construire sur une armée qualifiée de « muraille d'acier» pour écraser les Palestiniens et le monde arabe. Seul compte le rapport de force : tous les gouvernements d'Israël, à la seule exception de celui d'Itzhak Rabin, ont suivi cette orientation.
    Mais les années 2000 montrent que cette théorie ne fonctionne plus : la guerre menée par Tsahal au Liban en 2006 est considérée comme un échec militaire et politique, et l'opération « Plomb durci », à Gaza en 2008-2009, avec ses 1 400 victimes, achève de rallier l'opinion internationale contre Israël. L'armée se trouve donc dans une situation inédite : elle n'est plus en mesure de protéger tout le territoire, a fortiori si l'Etat devait se lancer demain dans une aventure contre l'Iran.
    La nation juive a toujours considéré son existence menacée. Les perspectives que représentent un Iran nucléarisé et un Hezbollah libanais surarmé confirment-elles cette vision?
    Les déclarations du président Ahmadinejad sont inacceptables, mais guère réalistes : comment les dirigeants israéliens pourraient-ils s'inquiéter vraiment des efforts de Téhéran pour se doter de l'arme atomique, alors qu'Israël possèderait entre 200 et 300 têtes nucléaires ? La vraie solution, comme l'a suggéré le récent sommet sur ce sujet, c'est qu'Israël adhère au Traité de Non-Prolifération [Israël fait partie de pays non signataires du TNP, avec l'Inde et le Pakistan] et négocie avec ses voisins la dénucléarisation de l'ensemble du Proche et Moyen-Orient. Les pays de la région ont droit à l'énergie nucléaire civile, mais pas à l'arme nucléaire.
    Quant au Hezbollah libanais, la rumeur concernant son acquisition de missiles Scud syriens ne change pas la donne : la milice chiite possède déjà l'armement nécessaire pour résister à une nouvelle offensive. Cela dit, toute la politique du Hezbollah depuis 2006 montre qu'il ne cherche pas un nouvel affrontement. Il se considère comme le grand vainqueur du dernier, mais sait combien toute la population du Sud-Liban en a souffert. Tout comme Ahmadinejad, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, cherche à se doter d'une stature de leader dans le monde arabe, au-delà de la seule sphère chiite.
    Israël s'est construit en particulier grâce à l'Europe. Plutôt mal considéré par le Vieux continent aujourd'hui, doit-on juger avec l'ancien ambassadeur israélien à Paris, Elie Barnavi, que le « charme est rompu » ?
    Absolument. Israël est né d'un terrible crime perpétré en Europe. La mauvaise conscience du continent explique son empathie pour l'Etat qui se veut l'héritier de la Shoah. Mais d'autres raisons vont s'ajouter. Lorsqu'en 1956 la France et la Grande-Bretagne, aidées par Israël, interviennent en Egypte contre Nasser, les deux puissances occidentales affirment combattre le nationalisme arabe du président égyptien. Nasser est alors l'un des principaux soutiens à la lutte du FLN algérien pour l'indépendance. L'opinion suivra aussi Israël pendant la guerre des Six Jours en 1967. Mais les sentiments vont se retourner après l'occupation du Liban en 1982, l'Intifada de 1987 et surtout le bombardement de Gaza l'an dernier.
    Selon un sondage récent, 70% des Français se déclarent favorables à la création d'un Etat palestinien, quand 34% pensent que la communauté internationale apporte un trop grand soutien à l'Etat hébreu [contre 7% qui pensent la même chose pour les Palestiniens]. Le sentiment sera le même ailleurs en Europe de l'Ouest. D'où une contradiction israélienne majeure : c'est au moment où Israël a le plus besoin des autres pour asseoir sa politique qu'il leur tourne le dos.
    leternel debat entre ovistes et animalculistes

  • #2
    Salut à tout le monde,

    Le hasard a voulu que deux affaires artistiques (si on peut ainsi dire) apparaissent simultanément: à savoir le film "Hors-la-loi" et le livre de Régis Debray intitulé "A un ami israélien".

    On constatera que suite aux diatribes provoquées par les deux objets, le cinéaste n'a l'appui d'aucun intellectuel algérien (je songe notamment à Mohamed Harbi), alors que c'est une armada d'intellectuels juifs (dont on attend la dernière salve de BHL et Finkielkrault encore muets à ce jour) qui descendent en flamme Régis Debray qui s'autorise de critiquer l'Etat hébreu.

    Là se situe toute la différence oserait-on dire (ci-dessous intervention de Claude Lanzmann).
    ________________________

    D'accord, mais la guerre est finie et la Shoah appartient heureusement à l'Histoire. Au-delà de Debray, beaucoup de gens pensent que la France n'a pas souffert d'un déficit mais d'un excès de mémoire. Cela vous choque-t-il quand il écrit que le « magistère Lavisse » a cédé la place au « magistère Lanzmann » ?

    Cette pirouette - une de plus - n'a aucune importance. Autrefois, Debray considérait « Shoah » comme une oeuvre inscrite dans la nécessité de la transmission, mais il ne peut résister à un bon mot. Du reste, son livre contient des phrases bien plus choquantes telles que celle-ci : « La place faite à l'antisémitisme sur le théâtre de nos vertus est due à l'indiscutable singularité de la Shoah. » Il refuse de parler d'unicité. Même cette « singularité », on a l'impression qu'il aimerait la discuter et que seul le pouvoir d'intimidation des juifs l'en empêche. Cette « indiscutable singularité » est une véritable obscénité : quand trois mille juifs, hommes, femmes et enfants, étaient asphyxiés ensemble dans une des grandes chambres à gaz de Birkenau, se consolaient-ils en pensant à l'« indiscutable singularité » de leur sort ? Il y a sans doute eu des excès dans la « mobilisation mémorielle ». Mais ne vous y trompez pas : « ce » n'est pas fini et ça ne finira pas. On ne se débarrasse pas d'un crime d'une telle magnitude. Que certains aient fait de la mémoire un usage politique, qu'on s'en soit servi comme d'un outil ne change rien au fait qu'elle est d'abord l'expression d'une douleur qui ne peut s'apaiser. Oui, les outrances, les rituels, les commémorations, l'« oblique génuflexion des dévots pressés », selon la formule que Debray emprunte à Flaubert et que j'avais utilisée avant lui à ce sujet, peuvent énerver. Ceux que ça énerve n'ont qu'à soigner leurs nerfs

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    • #3
      ouvre juste le Quoran, tu trouveras d'ou vien bani israel ou les fils d'israel.

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