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La conscience verte se mets doucement en place: les Algériens sont ils "écolos"?

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  • La conscience verte se mets doucement en place: les Algériens sont ils "écolos"?

    Classée au 42e rang sur une liste de 160 pays pour ses performances en matière d’environnement, l’Algérie peut-elle pour autant se targuer d’être un pays «vert» ? Entre promesses des uns, tentatives désespérées des autres, le mouvement écologiste a-t- il une chance de se mettre en marche ? Eléments de réponse...
    Nawel Imès - Alger (Le Soir) - Cela fait sourire certains d’évoquer l’écologie dans un pays dit «émergent » et où l’écologie peut s’apparenter à du «luxe». C’était d’autant plus vrai, il y a une vingtaine d’années lorsque l’Algérie tentait de sortir du monopartisme et qu’un parti répondant au nom du Mouvement écologique algérien voyait le jour. Alors visionnaires ou utopistes ses créateurs ? Difficile d’y répondre. Le mouvement a fini par disparaître de la scène politique. A-t-il pour autant emporté avec lui tout espoir de voir un jour une force de proposition écologiste émerger ? Peut-être pas totalement puisqu’un parti politique répondant au nom de Mouvement national pour la nature et le développement siège au niveau de l’Assemblée populaire nationale avec pas moins de sept députés. Ils ne sont ni très médiatisés, ni particulièrement actifs mais ils ont le mérite d’exister et ils ne sont pas seuls sur le terrain du «vert». Des associations tentent d’imposer le changement. C’est le cas du Mouvement écologique algérien, une association qui initie des projets concrets. Son président est formel : la conscience écologique est en marche. La preuve, dit-il, la multiplication des actions en faveur de l’environnement, l’introduction de la notion «environnement» dans les projets. Mais est-ce suffisant ? Il répond que non puisque, dit-il, la batterie de textes que l’Algérie élabore ne peut à elle seule être un indicateur du degré de conscience. C’est la mise en œuvre de ces décisions qui peut constituer un véritable baromètre.
    Politique ou conscience citoyenne ?

    Mais comment peut naître une conscience citoyenne ? La question peut s’apparenter à l’histoire de l’œuf et de la poule. Pour le président du Mouvement écologique algérien, la réponse est claire : les deux doivent cohabiter. M. Sekal explique que l’exécutif a pour mission de mettre en place le cadre législatif, le citoyen, lui, doit suivre «le mouvement». Alors qu’a fait le gouvernement ? Il a confié la mission de porter l’écologie à un ministère, celui de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire. Qu’a fait ce dernier ? Il a mis en place des stratégies à long terme à l’image du schéma national de l’aménagement du territoire à l’horizon 2025, basé sur quatre lignes directrices, à savoir : «La durabilité des ressources ; le rééquilibrage du territoire ; l’attractivité et la compétitivité des territoires et l’équité sociale et territoriale.» Vingt programmes d’action territoriale sont ainsi déclinés. Mais avec quel impact sur la vie du citoyen qui aspire à un environnement plus sain ? Mais suffit- il d’une grande politique pour susciter une tout aussi grande adhésion ? Que pense le citoyen lambda de ces stratégies ? Y adhère-t-il ? Le président du Mouvement écologique algérien est optimiste : l’Algérien a conscience de la nécessité de réfléchir «vert». Une conscience qui se transmet doucement mais sûrement, des plus grands aux plus petits. En témoignent les actions que la société civile et certaines collectivités locales mettent en place pour susciter l’adhésion populaire.
    Petites actions, grands espoirs
    Journée sans voiture, campagnes de reboisement, sensibilisation au tri des déchets et incitation à l’utilisation des panneaux solaires sont autant d’actions – sûrement pas toutes — qui sont initiées de manière régulière pour rappeler aux citadins que s’ils veulent avoir une meilleure qualité de vie, ils doivent s’impliquer. Les textes sans adhésion volontaire ne sont pas l’avenir de l’écologie puisque, dit-on, ceux sont les petits gestes de tous qui contribuent à une amélioration ressentie par tous. Répondant aux recommandations des différentes conférences internationales organisées par l'Unesco en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) sur l'éducation à l'environnement, un protocole d'accord entre le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et celui de l'Éducation nationale a été signé en avril 2002. Il vise l'élaboration et la mise en œuvre d'un programme de renforcement de l'éducation environnementale dans le cursus scolaire et la création d'activités complémentaires à travers les clubs verts des établissements d'enseignement. Une commission interministérielle (Éducation nationale - Aménagement du territoire et Environnement) a été créée en vue d'assurer les missions de coordination, de mise en œuvre et de suivi de ce programme. Des comités pédagogiques conjoints ont été mis en place pour la conception d'outils pédagogiques qui constituent les supports didactiques à l'éducation environnementale. Le but : faire du petit écolier d’aujourd’hui un adulte conscient des problèmes environnementaux. Mais en attendant de voir du vert partout, la situation est loin d’être rose.
    Un constat accablant
    Paradoxe : on peut penser au futur tout en ignorant le présent. C’est ce qui semble se passer puisque d’est en ouest en passant par le centre, la situation est loin d’être reluisante. Pour ne parler que de pollution marine, les chiffres sont effarants. Le taux de mercure présent dans les eaux de oued El-Harrach dépasse de 30 fois les normes acceptées mondialement. Les risques sur la baie d’Alger ne sont plus à démontrer. A Annaba, plus de 4,5 millions de mètres cubes d’eaux usées infectées par divers produits chimiques, dont des huiles industrielles, sont déversés quotidiennement dans le Seybouse. À Béjaïa, l’oued Soummam reçoit 35 000 m3 d’eaux usées non traitées quotidiennement, alors qu’à Oran plus de 90 millions de mètres cubes d'eaux usées se déversent annuellement sur les côtes du littoral. L’exemple peut être élargi à la collecte des déchets, la qualité de l’air et à la qualité de vie tout simplement. Les exemples sont légion : le passage de l’autoroute Est-Ouest par le Parc d’El-Kala en est l’un des plus récents et des plus édifiants. Sans se soucier du préjudice engendré, le tracé n’a pas été changé d’un iota, au grand dam des défenseurs du parc qui se sont mobilisés à coups de pétitions et autres SOS. Ils ont investi les rares espaces d’expression encore accessibles. Ils ont trouvé en Internet un excellent moyen de mobilisation.
    La blogosphère s’agite !

    Sur le Net, les blogs, les sites et les pages Facebook dédiés à l’émergence d’une conscience «verte» en Algérie fleurissent. Leurs auteurs, faisant acte de militantisme, dénoncent les agressions répétées sur l’environnement et aspirent à devenir des forces de proposition, voire des lobbys qui peuvent peser lors des prises de décisions importantes. Très actif, le groupe «Soyons éco-responsables » sur Facebook se veut un cri en faveur d’une écocitoyenneté plus active. Son créateur écrit : «Nos habitudes de consommation sont de plus en plus polluantes et gourmandes en ressources naturelles. Sans s'en rendre toujours compte, notre mode de vie contribue très activement à la détérioration de tous nos espaces. Chaque jour nous rejetons dans la nature des déchets qui mettent des siècles à disparaître. La plupart de ces produits détériorent irrémédiablement l'environnement. Beaucoup nous reviennent transformés ou tels quels, dans nos aliments, notre eau, notre air. Chaque jour et même si nous ne faisons pas partie de la catégorie des “gros pollueurs”, nous polluons quand même ! Pourtant, des gestes simples, des réflexes faciles à adopter nous permettraient de nuire un peu moins à notre planète. Il suffit juste d'y penser.» Ses membres se font un devoir de répertorier les gestes du quotidien afin de s’inscrire dans une démarche écolo. L’adhésion est forte. Elle pousse à l’optimisme pour peu que les politiques suivent.
    N. I.
    Le soir d'Algérie.
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