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Ahmed Benbitour à propos de l’économie nationale : «La malédiction des ressources»

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    Ahmed Benbitour à propos de l’économie nationale : «La malédiction des ressources»

    Par Kezoul L
    Le Financier
    17/05/2010

    Le pays fait face à des défis majeurs et des périls certains, alors qu’il dispose de potentialités importantes pour s’en sortir. C’est ce qu’a laissé entendre, avant-hier l’ancien chef du Gouvernement M. Ahmed Benbitour, indiquant que les rentes ont des effets négatifs sur l’économie et sur la politique.

    Malgré l’aisance financière, les conditions de vie des citoyens se dégradent et le pays s’appauvrit, parce que cette aisance financière est le résultat de l’exploitation d’une ressource non renouvelable, donc perdue à jamais. C’est une économie vulnérable par la démographie, par les mauvais choix économiques concentrés sur l’exploitation d’une ressource naturelle non renouvelable et par l’aménagement du territoire où la population est extrêmement mal repartie.

    C’est une économie dépendante, puisque 98% des devises du pays viennent des hydrocarbures et 80% des recettes budgétaires viennent de la fiscalité pétrolière. Nous importons 75% des calories que nous consommons. «La malédiction des ressources, c’est un pays qui dispose d’un secteur, dans le cas de l’Algérie c’est l’hydrocarbure, tourné vers l’exportation qui génère de substantiel revenu, sous forme de recettes publiques, mais qui paradoxalement engendre de la stagnation économique et de l’instabilité politique», explique M. Benbitour. Quelles sont les caractéristiques qui vont amener un pays riche, vers la stagnation économique et l’instabilité politique ? L’ancien chef du Gouvernement cite 5 caractéristiques. L’abondance des ressources accroît les anticipations et l’appétit des dépenses. C’est ainsi que les Autorités algériennes se sont lancées dans des dotations budgétaires supplémentaires chaque fois qu’il y a eu augmentation des recettes pétrolières.

    Dans ce contexte, les attentes de la population poussent les pouvoirs publics vers des réponses rapides. C’est alors des décisions hâtives, inappropriées et mal coordonnées. L’accroissement des revenus fait diminuer la prudence et la vigilance. Il y a également la pression sur l’augmentation à la fois des dépenses et des transferts par le soutien des prix et autres types d’aides inefficaces et inappropriées. D’où le chemin vers la corruption. Par ailleurs, la centralisation et partant, la concentration des moyens budgétaires induisent des investissements excessifs et imprudents.

    Chaque baril de pétrole et chaque mètre cube de gaz extraits du sous- sol, sont au départ un appauvrissement de la Nation. L’utilisation qui est faite des recettes tirées de la vente ou l’exploitation de ces ressources naturelles, fera qu’il y a eu enrichissement dans le cas d’épargne véritable positive ou appauvrissement dans le cas d’épargne véritable négative. A titre indicatif, 54% des recettes d’exportations des hydrocarbures en 2007 sont restés comme une accumulation de réserves de change à l’étranger. L’économie algérienne se spécialise dans la transformation d’une réserve non renouvelable (les hydrocarbures extraits du sous-sol), en une réserve volatile (les devises déposées à l’étranger).

    L’abondance de ressources encourage la concentration des pouvoirs au sommet. L’accès au pouvoir signifie l’accès à la richesse et aux sources de richesse à venir. Le soutien politique se construit sur le clientélisme autour de réseaux régionaux ou économiques. C’est aussi le soutien des puissances internationales pour la garantie de l’approvisionnement en énergie de leurs économies. Une économie de développement et de protection, s’appuie sur une politique rigoureuse et efficace de transformation du capital naturel non renouvelable (les hydrocarbures) en capital humain générateur de flux de revenus stables et durables (investissements dans les ressources humaines : éducation, santé, savoir, compétences …).

    M Benbitour, dans une contribution, souligne que, les analyses les plus sérieuses prouvent que l’Algérie de la rareté d’hydrocarbures, c’est-à-dire l’Algérie de 2020, se distinguera par l’un des deux scénarios extrêmes : L’une, c’est une économie malade de la malédiction des ressources sans ressources naturelles, parce que épuisées ; doublées d’une économie marginalisée par la contagion au niveau de l’économie mondiale. Ce sera la dislocation de la Nation et la déliquescence de l’Etat. L’autre, c’est une économie de développement et de protection qui a éliminé la malédiction des ressources dans sa politique économique intérieure ; doublée d’une économie bien intégrée à l’économie mondiale qui a su profiter du rattrapage technologique. Ce sera l’Algérie de nos rêves. Pour cela, il faut un changement de système de gouvernance dans les meilleurs délais.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien
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