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Moines de Tibéhirine: les enquêteurs sur la piste d'une "bavure"

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  • Moines de Tibéhirine: les enquêteurs sur la piste d'une "bavure"

    PARIS, 18 mai 2010 (AFP) - Après avoir privilégié la thèse d'un acte commis par le Groupe islamique armé (GIA), les juges en charge de l'enquête sur la mort des sept moines de Tibéhirine en 1996 ont réorienté leurs investigations sur la piste d'une "bavure" de l'armée algérienne.

    Un film intitulé "Des hommes et des dieux", réalisé par Xavier Beauvois et présenté mardi au 63ème festival de Cannes, évoque cette affaire. Il sera en salle en septembre prochain.

    Les sept moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, ceinturé de maquis contrôlés par les groupes armés islamistes et où les tueries étaient alors fréquentes. Le GIA avait revendiqué cet enlèvement et l'assassinat des moines français.

    Le 30 mai, l'armée algérienne affirmait avoir découvert les dépouilles des moines. Seules leurs têtes ont en fait été retrouvées.

    Mais le témoignage livré en juin 2009 devant le juge Marc Trévidic par un ancien attaché de Défense à Alger, le général François Buchwalter, a relancé l'enquête.

    Selon ce général, retiré du service actif, les moines ont été tués peu après leur enlèvement par des tirs depuis des hélicoptères militaires alors qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.

    "Les hélicoptères ont vu un bivouac. Comme cette zone était vidée, ça ne pouvait être qu'un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac. (...) Une fois posés, ils ont découverts qu'ils avaient tiré notamment sur les moines", a déclaré le général Buchwalter dans sa déposition.

    L'officier général a affirmé tenir ses informations d'un ancien camarade algérien de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr dont le frère, commandant d'une escadrille d'hélicoptères à Blida, à mi-chemin entre Tibéhirine et Alger, avait participé à cette "bavure".

    Avant ces révélations, d'autres témoignages d'officiers algériens en rupture de ban avaient relevé le rôle trouble des autorités algériennes, accusant Alger d'avoir manipulé le groupe armé ayant revendiqué l'enlèvement des moines.

    Ces déclarations, que le militaire affirme avoir relayée auprès de sa hiérarchie, ont conduit le juge Trévidic à demander la déclassification, promise par Nicolas Sarkozy, d'une centaine de documents "secret-défense" des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur.

    Certains de ces documents, versés au dossier fin 2009, ont montré que l'armée algérienne conduisait effectivement des opérations dans la région où étaient détenus les moines. Les autorités algériennes avaient pourtant assuré aux Français "qu'aucune action militaire ni aucun bombardement ne seraient entrepris sur des zones dans lesquelles les moines seraient supposés être détenus", selon un télégramme diplomatique lui aussi déclassifié.
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