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La famille et les amis de Fernand Yveton témoignent : «Son exécution est politique».

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  • La famille et les amis de Fernand Yveton témoignent : «Son exécution est politique».

    «Dans la vie d’un homme, la mienne compte peu, ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir, et l’Algérie sera libre demain.» L’auteur de cette phrase, prononcée quelques instants avant de passer sous la guillotine, est le martyr Fernand Yveton. Un martyr dont les convictions, le mérite, l’engagement anticolonial et le sacrifice ont été rappelés hier à l’Université de Bouzaréah dans une atmosphère de vive et forte émotion.


    Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - L’émotion était forte dans cette petite salle de conférence de l’université où le laboratoire d’histoire nationale a réuni, pour la première fois, les familles Yveton, Mollet, Chaulet, Colozzi pour un hommage à l’enfant de Clos- Salembier, Fernand Yveton, guillotiné le 11 février 1957 à la prison Barberousse pour avoir déposé une bombe à l’usine de gaz d’Alger (UGA) où il était employé comme tourneur. Arrêté en même temps que le martyr Yveton, son ami et complice dans l’engagement et l’action anticoloniale, Félix Colozzi, témoignant de l’arrestation et des interrogatoires musclés qu’ils subirent, ne pouvait retenir ses larmes, déclenchant une pluie lacrymale dans la salle. Au moment où il parlait, rares étaient les yeux non embués de larmes. Lui éclata carrément en sanglots. Derrière lui, assise au fond de la salle, l’épouse de Louis Yveton, demi-frère de Fernand Yveton, essuyait ses larmes. Au milieu de la salle, l’épouse de Sarda- Esteve Bartolomé, légionnaire espagnol qui avait déserté et rejoint l’ALN en janvier 1957, tombé au champ d’honneur et enterré sans savoir où, pleurait également. Me Albert Smadja, l’avocat qui à 26 ans plaida la cause de Fernand Yveton, assis au bureau, ne s’en retint pas lui aussi. Félix Colozzi témoigna que Fernand avait refusé de déposer la bombe qui devait exploser à 18 heures, ceci car il ne voulait pas que l’explosion fasse des victimes et que son action se destinait à faire du sabotage. La bombe que Fernand Yveton déposa à l’UGA était programmée pour exploser après 19 heures. Découverte dans un casier, dans un atelier désaffecté, la bombe n’explosera pas. Fernand Yveton fut arrêté. Il fut accusé, jugé et condamné à mort par le tribunal militaire des flagrants délits de Cavaignac. Tout cela en moins d’une semaine. Arrêté un mardi, il fut jugé le samedi d’après. Me Albert Smadja, avocat désigné pour la défense de Fernand Yveton, attesta que le jugement, la condamnation et l’exécution étaient politiques. «Le dossier qui contenait les actes d’accusations n’était pas volumineux. On avait plaidé devant un auditoire entièrement hostile. Yveton avait dit ce qu’il avait à dire», témoigna Me Smadja. Mais pour les accusateurs, Fernand Yveton devait être châtié, quoiqu’il advienne. La bombe qu’il déposa à l’UGA était la même que celles qui avaient explosé auparavant au Milk-Bar et à la Cafétéria, avait la même origine et, de surcroît, déposée par un communiste. Le coupable idéal. «La délibération était rapide et, à l’énoncé de la sentence, la salle avait applaudi. C’était horrible d’assister à un auditoire applaudir une condamnation à mort», affirma Me Smadja qui sera, juste après le procès, arrêté et détenu deux années entières pour, croit-il comprendre, qu’il n’ait pas la possibilité de témoigner de ce qui venait d’arriver. Me François Marini qui travaille sur un récit romancé sur la vie et le parcours de Fernand Yveton, Les ronces du Clos-Salembier dont l’édition est attendue pour les six prochains mois, expliqua, lui, que «Fernand Yveton a été pris à un moment où la guerre d’Algérie connaissait une escalade, après les attentats du Milk-Bar et de la Cafétéria». Selon lui, «la condamnation et l’exécution de Fernand Yveton est une tragédie judiciaire, car Yveton n’avait pas tué et n’avait pas l’intention de tuer. Il a eu juste une tentative». Me Marini dira que Fernand Yveton fut abandonné par les dirigeants du Parti communiste français. Un avis que ne partage pas Me Smadja qui estime que les choses s’étaient précipitées et que le temps de réaction était court. Le professeur Chaulet attesta, le concernant, que Fernand Yveton était victime de la hargne de Robert Lacoste, qui était ministre-résident et gouverneur d’Algérie. Le président français de l’époque, René Coty, sollicité par Me Smadja qu’il reçut en audience, refusa de prononcer la grâce au profit de Fernand Yveton. Aussi l’exécution était intervenue 70 jours après le prononcé de la condamnation à mort. François Mitterrand était alors garde des Sceaux. Fernand Yveton fut la seule victime européenne guillotinée. C’était la quatrième victime de la guillotine à Alger, après Ahmed Zabana (1956), le commandant Farradj et Mohamed Tikifrouine la même année. Accosté en marge de cet intense témoignage, Louis Yveton, le demi-frère de Fernand dira : «Je ressens énormément d’émotion. Je ne m’attendais pas à en vivre autant dans ce pays que j’ai quitté et n’ai pas revu depuis 1957. Je suis d’autant plus ému de découvrir toute l’estime et l’importance dont jouit encore Fernand auprès des Algériens.» Son épouse, qui l’accompagne pour ce pèlerinage, dira, pour sa part, que «Fernand est en permanence dans nos discussions. Je suis surprise par l’accueil qui nous a été réservé, surprise aussi par tant de reconnaissance témoignée à mon beau-frère ».

    S. A. I.
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

  • #2
    Effectivemnt tres emouvant.Nous gardons toujours l espoir que leur combat ne sera pas vain.
    Le bon combat est celui qui est engagé au nom de nos rêves.

    paulo COELHO

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    • #3
      Fernand Yveton n’a pas été jugé, condamné et exécuté pour la tentative de sabotage mais parce que ses bourreaux ont considéré qu’il a "trahi sa communauté".

      A noter la passivité d'un François Mitterrand "alors garde des Sceaux".

      -
      "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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      • #4
        La France coloniale a été plus sévère avec les anticolonialistes pieds noir ?!?

        Paix à son âme
        Tu ne peux empêcher les oiseaux de la tristesse de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire leurs nids dans tes cheveux.

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        • #5
          A noter la passivité d'un François Mitterrand "alors garde des Sceaux".
          Je souligne que Mitterand n'étais pas passif: au contraire il était bien hostile aux algériens.
          La preuve, lors de son séjour en visite dans les Aurès, un officier lui a demandé qu'est-ce qu'il fallait faire car ils avaient trop de prisonniers (civil suspects) dans les camp.
          La réponse était cinglante: (je cite) Mais tuez les !
          L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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          • #6
            Paix a son ame et honneur aux Martyres.

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