Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les bonnes récoltes chamboulent l’agriculture algérienne

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les bonnes récoltes chamboulent l’agriculture algérienne

    ALGERIE. Après quarante années de vaches maigres, l’Algérie redevient exportatrice d’orge. Cette performance, structurelle selon les responsables du secteur, inquiète paradoxalement producteurs et responsables. L’agriculture algérienne se heurte par ailleurs aux normes imposées par l’UE qui freinent considérablement les capacités exportatrices du pays. Enfin, la question du statut des terres agricoles du domaine privé de l’Etat revient au devant de la scène.

    L’Algérie redeviendrait-elle « le grenier à blé de Rome » comme elle le fut aux temps de l'empire des Césars ?

    On est encore loin de cette appellation mythique, mais la production céréalière de la campagne 2008-2009 a été bonne alors que celle de cette année s’annonce encore meilleure.

    En 2009, le pays a récolté 61,2 millions de quintaux. Plus de 24 millions de quintaux de blé dur, plus de 24 millions de quintaux d’orge et près de 12 millions de quintaux de blé tendre.

    Et les prévisions de la saison des moissons qui débutera sous peu laissent présager que ce plafond sera largement dépassé.

    Depuis 2009, l’Algérie est autosuffisante en blé dur et en orge.

    Les importations en blé dur ont reculé de 80% par rapport à la décennie 1990 où deux millions de tonnes étaient achetées chaque année sur le marché mondial.

    En 2009, ce chiffre est tombé à 400 000 tonnes.

    Quant à la production d’orge de 2009, elle permettrait, selon les responsables de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), de couvrir les besoins du pays pour trois années.


    L’Algérie revient redevient exportateur sur le marché international de l’orge

    L’OAIC, qui a été chargé de gérer 21,3 millions de quintaux d’orge – sur une production globale de 24 millions de quintaux en 2009 –, a annoncé que 8,5 millions de quintaux, soit 40%, ont été consommés entre septembre 2009 et mai 2010.

    Afin d’écouler cette production, l’OAIC a été autorisé par le ministère de l’Agriculture à vendre à l’Office national d’aliment de bétail (ONAB) ainsi qu’aux coopératives d’élevage ainsi qu’aux transformateurs privés et publics du pays.

    Mais cela ne suffisant pas à écouler toute la production, les pouvoirs publics ont décidé de recourir à l’exportation du surplus.

    L’OAIC a lancé en avril des avis d’appel d’offre.

    Les offres d’achat déposées par plusieurs sociétés étrangères sont actuellement examinées.

    La première opération pourrait commencer au mois de juin 2010 à partir d’Alger. Près de 100 000 quintaux d’orge sont actuellement stockés dans des silos du port.

    Les autorités envisagent également des opérations d’échange contre du blé tendre avec des firmes de pays traditionnellement fournisseurs de l’Algérie : Canada, Etats-Unis, France…


    Prix fluctuants et capacités de stockage insuffisantes

    Ce retour de l’Algérie sur le marché mondial, en tant qu’exportateur cette fois, provoque paradoxalement une série d’inquiétudes.

    La première a trait au prix de vente de l’orge, le marché boursier des céréales connaissant d’importantes fluctuations.

    A l’heure actuelle, les prix de l’orge varieraient entre 135 et 145 $ ( soit 109,4 à 117,4) la tonne, en fonction de la qualité et de l’origine du produit.

    Même si le produit algérien est de qualité et proche des marchés, européens notamment, il serait vendu en dessous de son prix.

    L’OAIC a en effet annoncé que les 8 millions de quintaux d’orge à exporter serait échangés pour un montant de 15 M $ soit 12,2 M€.

    Un autre motif d’inquiétude pour les céréaliculteurs et les responsables de l’agriculture réside dans les faibles capacités de stockage du pays.

    Alors que la production de la moisson de 2009 n’a pas encore été écoulée et que les silos sont toujours pleins, on annonce une production record pour cette année.

    Un prêt de 33 mds DZD soit 360 M€ ( a certes été accordé le 13 mai 2010 à l’OAIC par la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) afin de réaliser de nouvelles structures de stockage de céréales.

    D’une durée de 30 ans, ce prêt a été conclut avec un taux d’intérêt bonifié de 1%.

    Il y a toutefois peu de chance que les nouvelles structures de stockages projetées soient réalisées à temps, c’est-à-dire avant la fin de la moisson qui débute dans quelques jours.

    L’autosuffisance en blé dur et en orge et le nouveau statut d’exportateur sur le marché mondial sont trop récents pour que l’Algérie puisse gérer sans encombre une filière céréalière désormais excédentaire.

    Il faudra donc certainement encore un peu de temps pour que les structures de stockages et la capacité d’exportation s’améliorent.


    Echanges inégaux avec l’Union européenne

    Les bonnes performances en matière de production céréalières poussent les dirigeants du secteur à vouloir améliorer la production et la sécurité alimentaire du pays.

    Confrontée aux effets néfastes du démantèlement tarifaire des produits agricoles consécutif à l’accord d’association conclu avec l’UE, l’Algérie, selon son ministre de l’Agriculture Rachid Benaissa, a «constaté que lors d la crise alimentaire de 2008, les systèmes de régulation ne fonctionnent pas toujours. Certains pays ont refusé de vendre le riz malgré les accords qui les liaient à d’autres pays. Cela donne à réfléchir. Il faut agir en conséquence. »

    Enregistrant 2 mds $ soit 1,62 mds € de pertes fiscales en raison de l’accord d’Association, l’Algérie a vu ses importations agricoles en provenance de l’Union européenne passer de 1,2 mds $ soit 973 M€ en 2005 – année d’entrée en vigueur de l’accord signé en 2001 – à 2,8 mds $ 2, 27 mds € en 2009.

    Le pays rencontre en revanche de grandes difficultés pour placer ses produits agricoles sur le marché européen.

    Le gouvernement algérien entend donc demander la révision de certaines clauses afin de rétablir la balance commerciale entre les 2 partenaires. Pour 1 $ exporté vers le « Vieux continent », l’Algérie importe pour 20 $.

    L’évaluation de l’application de l’accord devrait intervenir à Bruxelles le 15 juin prochain lors de la réunion du Conseil d’association Algérie-UE.

    Et des négociations devraient intervenir sur le dossier agricole à compter de septembre 2010.


    Les concessions de terres arables deviendraient transmissibles si elles sont travaillées

    L’autosuffisance alimentaire et le développement de la production agricole nationale passent également par une amélioration de la législation en matière d’organisation de l’agriculture.

    C’est dans cette perspective que le conseil des Ministres a approuvé le 11 mai 2010 un projet de loi définissant les conditions et modalités d'exploitation des terres agricoles du domaine privé de l'Etat qui couvre 2,5 millions d’hectares, soit plus de 30% de la surface agricole utile du pays.

    Le texte a reconduit l’exploitation des exploitation agricoles individuelles (EAI) ou collectives (EAC) sous la forme du « régime exclusif de la concession d'une durée de 40 ans renouvelable, moyennant redevance versée au Trésor public. »

    Les exploitants actuels verront « la conversion de leur droit de jouissance en concession, transmissible à leurs héritiers ».

    Ils devront néanmoins exploiter effectivement la terre sous peine de perdre le titre de concession. Ce dernier ouvrira désormais droit à constitution d’hypothèques pour lever des crédits auprès des banques.

    Les terres pourront subir des « opérations de remembrement » en vue de favoriser les méthodes modernes de culture.


    Etrangers exclus de l'achat de terres mais possible spéculation

    Seront en revanche exclus de l’accès à la concession « i[toute personne ayant eu un comportement indigne durant la lutte de libération nationale et [de] toute personne de nationalité étrangère, ainsi que [de] toute personne ayant procédé à des transactions sur des terres agricoles publiques ou pris possession de celles-ci en violation de la loi en vigueur ]i».

    Même s’ils n’ont pas été formellement exclus, les anciens moudjahidine (combattants de la guerre de libération nationale) et les enfants de chouhada (martyrs de la guerre) n’ont pas été cités comme ouvrant droit à l’attribution de terres excédentaires.

    Les exploitants pourront toutefois s’associer à des partenaires – personne physique ou morale – contribuant au financement de l’exploitation.

    Réservée aux détenteurs de la nationalité algérienne, cette mesure inquiète cependant les agriculteurs qui craignent que des personnes ou sociétés extérieures à la profession ne s’introduisent dans le secteur pur s’y accaparer des terres en vue de spéculer.

    Au vu du recul de la surface agricole utile du pays, suite à l’urbanisation et à l’extension du réseau routier et autoroutier, cette crainte ne relève pas simplement, selon nombre d’experts, d’une vue de l’esprit.

    Lire aussi :

    L'Algérie se dote d'un Plan d’appui gouvernemental à l’industrie agroalimentaire
    Après 40 ans, l’Algérie redevient exportatrice d’orge

    Mercredi 19 Mai 2010
    Amal Belkessam, à ALGER
    Econostrum
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

  • #2
    article globalement objectif sauf la derniere partie

    cest devenu tres rare concernant leconomie algerienne...

    Commentaire


    • #3
      D'accord avec Hugo

      Je trouve cet article objectif dans l'ensemble
      “If you think education is expensive, try ignorance”
      Derek Bok

      Commentaire

      Chargement...
      X