1. Personnel
Bonjour Monsieur Benachenhou, voulez vous vous présenter aux lecteurs en tant que citoyen et ensuite en tant qu’acteur politique, historien, penseur sur le passé et le devenir de l’Algérie. Qui vous a poussé dans cette voie politique que vous poursuivez en tant que simple citoyen. Vos idéaux fondamentaux !
Mr. Benachenhou Mourad: Je suis natif de Tlemcen, et plus précisément du Quartier appelé Faubourg d’Elkala Supérieur, allée des sources, qu’on peut aussi bien appeler allée des chouhada, tellement sont nombreux les jeunes de ma génération qui ont perdu leur vie pendant la guerre de libération nationale, du colonel lotfi, dont la maison était mitoyenne de celle de mes parents, à mes cousins Chouaib et Sid Ahmed Tchouar, Mourad Benachenhou, dont une rue de Tlemcen porte le nom et d’autres comme Djamal Kazi Tani,
etc. etc. Avant novembre 1954, toute ma famille a été engagée dans le combat pour l’indépendance que ce soit dans les partis politiques comme le PPA/MTLD ou l’UDMA, ou dans l’association des Oulama. Et le sujet de la libération du joug colonial était abordé fréquemment, d’autant plus que certains de mes parents , comme Benali Benachenhou et Chouaib Tchouar étaient en détention pour de longues durées dans les goéles coloniales. Il était donc normal que je m’engage dans la lutte armée, en janvier 1956, j’ai rejoint l’organisation secrète du FLN, alors que j’étais encore lycéen; j’ai interrompu mes études et ai rejoint l’ALN en juillet 1956.
J’ai été blessé au combat trois fois, dont une fois laissé pour mort; j’ai occupé plusieurs fonctions au sein de l’ALN, et ai repris mes études à ma démobilisation en septembre 1962. J’ai poursuivi une carrière d’enseignant et de responsable administratif dans les structures de l’enseignement supérieur entre 1966 et 1978. J’ai occupé entre autres les fonctions de directeur de l’institut national agronomique et de directeur de l’enseignement supérieur.
J’ai atteint le grade de professeur titulaire. J’ai ensuite été muté au ministère des finances comme secrétaire général; après cela, j’ai travaillé pendant quelques années dans diverses organisations internationales; puis j’ai occupé divers postes gouvernementaux entre 1993 et 1996. J’ai écrit une douzaine de livres portant sur les problèmes économiques et politiques du pays. Je suis titulaire de trois licences d’enseignement supérieur, d’un doctorat passé à l’Université de Bordeaux et de deux Masters, respectivement en finances et en philosophie de l’Université du Maryland aux USA.
AN: 2. Parlement
- Comment voyez-vous de la fonction politique parlementaire en Algérie comparée à celle dans les pays occidentaux ?
- Pensez vous que de nos jours, en Algérie, le politique représente valablement ses électeurs dans le sens qu’il écoute et répond aux doléances du peuple.
- quelles sont les difficultés rencontrées par le politicien, partisan ou opposant, député ou ministre, dans l’exercice de leurs prérogatives constitutionnelles.
Selon vous comment se présente actuellement l’action politique en Algérie
- selon vous les partis minoritaires à l’assemblée ont ils les moyens de faire passer leurs opinions ou servent t-ils juste de cadres de spectacles.
- Pensez vous que l’APN participe amplement à la vie politique, économique du pays? Comment?
- quel est votre opinion personnelle sur le salaire, décrié, du député comparé aux autres salaires, médecins, enseignants … en sachant que dans les pays démocratiques le salaire d’un enseignant ou un médecin est nettement supérieur à celui d’un élu. Ces salaires élevées de députés ne constituent –ils pas une façon de museler les députés et les partis en plus de les isoler de leurs bases ; l’Algérie profonde !
M.B : L’Algérie est dans une phase de transition politique, qui durera le temps nécessaire pour que le système de partis soit effectif. Il ne faut pas se faire d’illusion: passer d’un système de parti unique à un système de multipartisme réel, à l’exemple de la Turquie, prendra du temps Il ne faut surtout pas croire que le grand problème est la moralité des acteurs politiques, la recherche du gain et de la promotion sociale à tout prix, quels que soient les compromis et les compromissions que cela implique.
Au vu de leur faible rôle dans les grands choix politiques du pays et dans la résolution des problèmes auxquels il est confronté, il faut reconnaître que le revenus des “représentants du peuple” apparaissent quelque peu exagérés, d’autant plus que leur représentativité n’est pas hors de toute critique. Mais, la classe politique reflète, qu’on le veuille ou non, l’état des mentalités dans le peuple et, plus précisément, l’absence d’une culture de militantisme et d’engagement pour des idées et une cause nationales; c’est plus la recherche de la promotion sociale et de l’enrichissement qui motive une majorité écrasante de la classe politique nationale. Arthur Lewis, l’économiste jamaïcain prix Nobel d’économie a noté, dans son ouvrage sur “l’économie du développement” paru dans les années soixante du siècle dernier, que c’est là la caractéristique de la classe politique dans tous les pays en voie de développement.
Il faudra donc attendre une vingtaine d’années supplémentaires pour qu’on voit arriver au pouvoir des hommes et femmes suffisamment désintéressés pour se battre pour des idées, et non pour des postes donnant accès à toutes sortes de privilèges matériels. IL n’y a ni majorité, ni minorité, tous étant là uniquement pour les avantages matériels que procurent leurs positions. Ce mal ne peut se guérir que par l’évolution de la société dans son ensemble.
AN: 3. Politique et Gouvernement
- Selon vous l’alliance présidentielle a t elle le monopole du pouvoir ou bien joue t-elle le jeu démocratique
- les partis constituant l’alliance présidentielle sont-ils réellement soudés pour former une équipe capable de proposer une stratégie de gouvernance.
- le rôle du premier ministre vous parait-il adapté à la situation que vit le pays? et a un régime présidentielle total …
- la compétence de certains ministres est souvent remise en cause, qu’en pensez-vous
- l’insécurité en Algérie : Quelles en sont les causes primaires et les remèdes fondamentaux. Pourquoi avons échouée pour faire la paix entre algériens et est-ce que l’insécurité n’est-elle pas entretenue pour des raisons occultes.
- quelle est votre bilan personnel dans le gouvernement, quels sont les problèmes systémiques qui sont à l’origine de l’échec du miracle économique algérien comme celui de la Malaisie ou les succès relatifs de nos voisins comme le Maroc ou la Tunisie !!!
M.B : Faute d’une classe moyenne forte à l’indépendance, le pays a connu une dérive populiste, qui s’est caractérisé par l’accent mis plus sur la distribution de richesses que sur sa création et qui a transformé en slogans vides les choix économiques. La lecture de la Charte nationale prouve le caractère délibéré de ce choix de société, qui ne peut fonctionner que s’il y a une rente à distribuer.
Le Maroc et la Tunisie ont suivi, avec toutes les imperfections que cela comporte, une voie différente, parce que la base sociale du système politique était différente de celle de l’Algérie, et parce que l’absence d’une source de rente, comme le pétrole, a forcé les pouvoirs en place à chercher à développer les activités productrices réelles de biens et services. Est-on enfin sorti du populisme? Il est encore trop tôt pour se prononcer.
Pour ce qui est de la distribution des compétences dans le gouvernement, elle renvoie à la philosophie même du pouvoir, où les institutions ne jouent pas le rôle constitutionnel qui leur est imparti, pour la bonne raison qu’il n’existe pas de mécanisme institutionnel automatique forçant les dirigeants à rendre compte au peuple et les soumettant à des sanctions politiques en cas de mauvaises décisions politiques ou économiques.
Donc, il ne faut pas trop prendre à la lettre la distribution hiérarchisée des pouvoirs, car la réalité de l’exercice du pouvoir est autre que celle des organigrammes officiellement déclarés. Pour ce qui me concerne, je pense avoir fait ce que je pensais être bon pour sortir l’Algérie d’un impasse financière dangereuse; j’ai fait adopter les politiques économiques et financières que j’avais exposées dans mes écrits bien avant de rentrer dans le gouvernement.
Suis-je satisfait de ma contribution? Pour autant qu’elle correspondait à des convictions personnelles profondes, basées sur des faits et des données analysées dans le contexte national algérien, je me sens à l’aise; j’ai défendu un point de vue qui n’avait rien à voir avec des visées politiques personnelles. J’ai quitté le gouvernement quand j’ai senti que j’étais arrivé au bout de mes possibilités politiques au vu du contexte du moment. N’ayant plus rien à proposer qui soit acceptable dans le contexte en cause, je me suis tout simplement retiré et ai repris ma liberté de pensée et d’expression.
Bonjour Monsieur Benachenhou, voulez vous vous présenter aux lecteurs en tant que citoyen et ensuite en tant qu’acteur politique, historien, penseur sur le passé et le devenir de l’Algérie. Qui vous a poussé dans cette voie politique que vous poursuivez en tant que simple citoyen. Vos idéaux fondamentaux !
Mr. Benachenhou Mourad: Je suis natif de Tlemcen, et plus précisément du Quartier appelé Faubourg d’Elkala Supérieur, allée des sources, qu’on peut aussi bien appeler allée des chouhada, tellement sont nombreux les jeunes de ma génération qui ont perdu leur vie pendant la guerre de libération nationale, du colonel lotfi, dont la maison était mitoyenne de celle de mes parents, à mes cousins Chouaib et Sid Ahmed Tchouar, Mourad Benachenhou, dont une rue de Tlemcen porte le nom et d’autres comme Djamal Kazi Tani,
etc. etc. Avant novembre 1954, toute ma famille a été engagée dans le combat pour l’indépendance que ce soit dans les partis politiques comme le PPA/MTLD ou l’UDMA, ou dans l’association des Oulama. Et le sujet de la libération du joug colonial était abordé fréquemment, d’autant plus que certains de mes parents , comme Benali Benachenhou et Chouaib Tchouar étaient en détention pour de longues durées dans les goéles coloniales. Il était donc normal que je m’engage dans la lutte armée, en janvier 1956, j’ai rejoint l’organisation secrète du FLN, alors que j’étais encore lycéen; j’ai interrompu mes études et ai rejoint l’ALN en juillet 1956.
J’ai été blessé au combat trois fois, dont une fois laissé pour mort; j’ai occupé plusieurs fonctions au sein de l’ALN, et ai repris mes études à ma démobilisation en septembre 1962. J’ai poursuivi une carrière d’enseignant et de responsable administratif dans les structures de l’enseignement supérieur entre 1966 et 1978. J’ai occupé entre autres les fonctions de directeur de l’institut national agronomique et de directeur de l’enseignement supérieur.
J’ai atteint le grade de professeur titulaire. J’ai ensuite été muté au ministère des finances comme secrétaire général; après cela, j’ai travaillé pendant quelques années dans diverses organisations internationales; puis j’ai occupé divers postes gouvernementaux entre 1993 et 1996. J’ai écrit une douzaine de livres portant sur les problèmes économiques et politiques du pays. Je suis titulaire de trois licences d’enseignement supérieur, d’un doctorat passé à l’Université de Bordeaux et de deux Masters, respectivement en finances et en philosophie de l’Université du Maryland aux USA.
AN: 2. Parlement
- Comment voyez-vous de la fonction politique parlementaire en Algérie comparée à celle dans les pays occidentaux ?
- Pensez vous que de nos jours, en Algérie, le politique représente valablement ses électeurs dans le sens qu’il écoute et répond aux doléances du peuple.
- quelles sont les difficultés rencontrées par le politicien, partisan ou opposant, député ou ministre, dans l’exercice de leurs prérogatives constitutionnelles.
Selon vous comment se présente actuellement l’action politique en Algérie
- selon vous les partis minoritaires à l’assemblée ont ils les moyens de faire passer leurs opinions ou servent t-ils juste de cadres de spectacles.
- Pensez vous que l’APN participe amplement à la vie politique, économique du pays? Comment?
- quel est votre opinion personnelle sur le salaire, décrié, du député comparé aux autres salaires, médecins, enseignants … en sachant que dans les pays démocratiques le salaire d’un enseignant ou un médecin est nettement supérieur à celui d’un élu. Ces salaires élevées de députés ne constituent –ils pas une façon de museler les députés et les partis en plus de les isoler de leurs bases ; l’Algérie profonde !
M.B : L’Algérie est dans une phase de transition politique, qui durera le temps nécessaire pour que le système de partis soit effectif. Il ne faut pas se faire d’illusion: passer d’un système de parti unique à un système de multipartisme réel, à l’exemple de la Turquie, prendra du temps Il ne faut surtout pas croire que le grand problème est la moralité des acteurs politiques, la recherche du gain et de la promotion sociale à tout prix, quels que soient les compromis et les compromissions que cela implique.
Au vu de leur faible rôle dans les grands choix politiques du pays et dans la résolution des problèmes auxquels il est confronté, il faut reconnaître que le revenus des “représentants du peuple” apparaissent quelque peu exagérés, d’autant plus que leur représentativité n’est pas hors de toute critique. Mais, la classe politique reflète, qu’on le veuille ou non, l’état des mentalités dans le peuple et, plus précisément, l’absence d’une culture de militantisme et d’engagement pour des idées et une cause nationales; c’est plus la recherche de la promotion sociale et de l’enrichissement qui motive une majorité écrasante de la classe politique nationale. Arthur Lewis, l’économiste jamaïcain prix Nobel d’économie a noté, dans son ouvrage sur “l’économie du développement” paru dans les années soixante du siècle dernier, que c’est là la caractéristique de la classe politique dans tous les pays en voie de développement.
Il faudra donc attendre une vingtaine d’années supplémentaires pour qu’on voit arriver au pouvoir des hommes et femmes suffisamment désintéressés pour se battre pour des idées, et non pour des postes donnant accès à toutes sortes de privilèges matériels. IL n’y a ni majorité, ni minorité, tous étant là uniquement pour les avantages matériels que procurent leurs positions. Ce mal ne peut se guérir que par l’évolution de la société dans son ensemble.
AN: 3. Politique et Gouvernement
- Selon vous l’alliance présidentielle a t elle le monopole du pouvoir ou bien joue t-elle le jeu démocratique
- les partis constituant l’alliance présidentielle sont-ils réellement soudés pour former une équipe capable de proposer une stratégie de gouvernance.
- le rôle du premier ministre vous parait-il adapté à la situation que vit le pays? et a un régime présidentielle total …
- la compétence de certains ministres est souvent remise en cause, qu’en pensez-vous
- l’insécurité en Algérie : Quelles en sont les causes primaires et les remèdes fondamentaux. Pourquoi avons échouée pour faire la paix entre algériens et est-ce que l’insécurité n’est-elle pas entretenue pour des raisons occultes.
- quelle est votre bilan personnel dans le gouvernement, quels sont les problèmes systémiques qui sont à l’origine de l’échec du miracle économique algérien comme celui de la Malaisie ou les succès relatifs de nos voisins comme le Maroc ou la Tunisie !!!
M.B : Faute d’une classe moyenne forte à l’indépendance, le pays a connu une dérive populiste, qui s’est caractérisé par l’accent mis plus sur la distribution de richesses que sur sa création et qui a transformé en slogans vides les choix économiques. La lecture de la Charte nationale prouve le caractère délibéré de ce choix de société, qui ne peut fonctionner que s’il y a une rente à distribuer.
Le Maroc et la Tunisie ont suivi, avec toutes les imperfections que cela comporte, une voie différente, parce que la base sociale du système politique était différente de celle de l’Algérie, et parce que l’absence d’une source de rente, comme le pétrole, a forcé les pouvoirs en place à chercher à développer les activités productrices réelles de biens et services. Est-on enfin sorti du populisme? Il est encore trop tôt pour se prononcer.
Pour ce qui est de la distribution des compétences dans le gouvernement, elle renvoie à la philosophie même du pouvoir, où les institutions ne jouent pas le rôle constitutionnel qui leur est imparti, pour la bonne raison qu’il n’existe pas de mécanisme institutionnel automatique forçant les dirigeants à rendre compte au peuple et les soumettant à des sanctions politiques en cas de mauvaises décisions politiques ou économiques.
Donc, il ne faut pas trop prendre à la lettre la distribution hiérarchisée des pouvoirs, car la réalité de l’exercice du pouvoir est autre que celle des organigrammes officiellement déclarés. Pour ce qui me concerne, je pense avoir fait ce que je pensais être bon pour sortir l’Algérie d’un impasse financière dangereuse; j’ai fait adopter les politiques économiques et financières que j’avais exposées dans mes écrits bien avant de rentrer dans le gouvernement.
Suis-je satisfait de ma contribution? Pour autant qu’elle correspondait à des convictions personnelles profondes, basées sur des faits et des données analysées dans le contexte national algérien, je me sens à l’aise; j’ai défendu un point de vue qui n’avait rien à voir avec des visées politiques personnelles. J’ai quitté le gouvernement quand j’ai senti que j’étais arrivé au bout de mes possibilités politiques au vu du contexte du moment. N’ayant plus rien à proposer qui soit acceptable dans le contexte en cause, je me suis tout simplement retiré et ai repris ma liberté de pensée et d’expression.
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