Histoire d'un tube royal

[Iska]

Par Mehdi Michbal

Phénomène. Histoire d’un tube royal

Dans le clip, le chanteur déclare sa flamme sur fond de photos de Mohammed VI. (DR)

La première chanson (et clip) à la gloire de Mohammed VI crée un véritable buzz sur le Net. TelQuel a rencontré son auteur : l’artiste libanais Ghassan Khalil.



Comme tous les samedis soirs, le Punjab, club chic sur la corniche de Casablanca, affiche complet. La grande salle ressemble à n’importe quel intérieur de cabaret : des tables, des bouteilles, des narguilés, etc. Parmi les artistes qui défilent sur scène, le Libanais Ghassan Khalil brille particulièrement. Son principal fait d’armes : un clip sur Mohammed VI.

La première chanson à la gloire du roi depuis son intronisation en 1999.

Coup de foudre à Mohammedia
Lancée en avril, la vidéo de 3 min. 58 fait un véritable tabac sur le Net. En un mois à peine, elle a été vue pas moins de 72 000 fois sur YouTube. “Un record, commente un expert du Web 2.0. Jamais une vidéo n’a fait autant de buzz au Maroc”. Ce soir, le clip défile aussi sur les écrans plasma du Punjab. On y voit Ghassan Khalil porter un drapeau marocain et courir en djellaba sur une plage déserte, sur fond de photos du roi (en tenue militaire, traditionnelle ou en costume-cravate).
Si la sortie du clip est récente, la chanson a été produite l’année dernière déjà. Elle a été chantée pour la première fois en 2009, aux Estivales de Mohammedia. “Cela fait trois ans que je portais l’idée en moi, explique Ghassan Khalil. J’ai vu pour la première fois Mohammed VI à la télévision libanaise. C’était à l’occasion d’une fête nationale. Il saluait son peuple avec chaleur et modestie. Je l’ai aimé et j’ai décidé de lui dédier une chanson”.
Ghassan Khalil compose les mélodies et fait appel à l’arrangeur Lebnan Khalil. Pour les paroles, il se tourne vers Ilia Eid. Le résultat respecte la loi du genre : sincère, mais guère transcendant. A l’image du refrain qui revient en boucle : “Ô roi Mohammed VI, ton nom est gravé dans mon cœur… comme de l’or pur”.
Mais le buzz médiatique auquel s’attendait l’artiste n’est pas au rendez-vous. La chanson Esmak Bi Albi (Ton nom est dans mon cœur) passe inaperçue au milieu du brouhaha des festivités de la fête du trône. D’où l’idée du vidéoclip : “Nous sommes dans l’ère de l’image. Une chanson ne peut pas marcher sans clip”.

Djellaba diplomatique
Commence alors le plus dur. Avant de passer à la réalisation, Ghassan Khalil a le réflexe de consulter l’ambassade marocaine au Liban. “Je suis allé demander l’autorisation de tourner un clip sur Mohammed VI. L’idée a été bien accueillie et l’ambassade m’a accompagné dans toutes les étapes du tournage”.
En plus de soutenir le chanteur, l’ambassade marocaine lui fournit le drapeau du Maroc qu’il brandit dans le clip. La djellaba blanche qu’il porte aussi. Le film, réalisé par Georges Abdou et produit par Ghassan Khalil, a été entièrement tourné au Liban. D’abord à 3youn Assinan, une station de ski dans le rif du pays du cèdre. Ensuite à Jbayel, un port de plaisance contrôlé…par l’armée libanaise. “J’ai dû solliciter l’autorisation des services secrets libanais rattachés à l’armée pour pouvoir tourner dans cette zone. J’ai eu très vite le feu vert”, confie l’artiste, plus déterminé que jamais.
Au final, le tournage nécessite trois mois de travail. Bouclé début avril, le clip est aussitôt lancé sur le Net. Il passe également (et à titre exclusif) sur la chaîne libanaise Al Jaras TV. Et les chaînes marocaines ? “J’attends toujours la réponse de l’ambassade marocaine, qui a envoyé le clip de manière officielle au ministère des Affaires étrangères”, conclut Ghassan Kahlil, avant d’entamer son tour de chant du soir.
Ghassan Khalil. Le plus marocain des Libanais
Contrairement à un Rami Ayach ou un Wael Kafouri, Ghassan Khalil est très peu connu au Maroc. Il traîne pourtant une carrière de 18 ans, ponctuée de 8 albums et 18 clips. Sa première visite au Maroc remonte à 2005. “J’ai été plusieurs fois sollicité pour animer des soirées privées ou des fêtes de mariage. J’ai même été invité trois fois par Imad Ntifi sur le plateau de 2M”. Son premier contact avec le grand public a lieu en 2009 aux Estivales de Mohammedia, à l’occasion de la fête du trône. C’est là qu’il chante pour la première fois son tube à la gloire de Mohammed VI. “Je ne savais pas au départ que j’étais le premier artiste à avoir chanté sur Mohammed VI. Ce sont des amis marocains qui me l’ont dit”.

Telquel