Réactualisation suite à l’ajournement du 2eme sommet de l’UPM
Paris, 1er juin 2010 – Le 2 me sommet de l’Union pour la Méditerranée, qui devait se tenir le 7 juin à Barcelone, a été reporté à Novembre en un lieu qui reste à déterminer, sous une présidence indéterminée, une décision qui témoigne de la faillite de la diplomatie européenne sur un sujet clé de l’actualité mondiale, la question palestinienne, ligne de fracture d’un des conflits majeurs de l’époque contemporaine entre l’Occident et le reste de l’humanité.Intervenant en pleine tourmente diplomatico-médiatique consécutive à l’assaut naval israélien contre les pacifistes pro palestiniens, cette décision signe quasiment l’acte de décès d’un forum qui se voulait le moteur de l’intégration d’Israël dans son environnement arabe sous égide européenne, à l’effet de constituer un nouveau bloc face à l’Iran.
Sous peine de discrédit durable et de paralysie totale, le 2me sommet de l’Union pour la Méditerranée devait braver les obstacles et se réunir coûte que coûte, rompre avec le bavardage habituel des forums diplomatiques internationaux pour s’engager résolument sur la voie du règlement de la question palestinienne, sur fond d’un traumatisme de l’opinion mondiale résultant de l’assaut israélien contre le convoi humanitaire européen de Gaza.
Au-delà de son ignominie, cet acte de piraterie met immanquablement sous pression supplémentaire les dirigeants occidentaux en vue des les conduire à sortir de leur léthargie diplomatique, les incitant à prendre le risque de braver les foudres du lobby pro israélien particulièrement actifs aux Etat Unis et en France en vue d’imposer la levée du blocus de Gaza, prélude à la création d’un état palestinien indépendant viable.
L’assaut israélien contre le convoi naval dans les eaux internationales, lundi 31 Mai, en violation du droit maritime international, s’apparente, par son bilan morbide, -9 morts et une trentaines de blessés, selon la chaîne privée israélienne «Chaîne 10»-, constitue un acte prémédité de nature criminelle à l’effet dévastateur tant pour Israël que pour ses parrains traditionnels, les Etats-Unis et l’Europe, à l’effet de les priver de tout argument quant à leur mansuétude à l’égard de leur protégé en ce qu’il frappe de caducité leur argumentation habituelle justifiant leur retenue par la crainte d’une résurgence d’un sentiment antisémite à travers le monde.
L’abordage meurtrier israélien contre les pacifistes pro palestiniens porte en tout état de cause désaveu du comportement occidental, lequel, en soixante ans de manoeuvres diplomatiques, à coups de processus de paix épisodiques, a beaucoup fait progresser le processus, mais régresser d’autant la paix.
Dans ce contexte, la crainte qui se fait jour, -si les choses venaient à rester en l’état au vu des dernières opérations israéliennes contre le Liban, 2006, contre l’enclave palestinienne de Gaza, 2009, et contre la flottille humanitaire européenne, 2010, – est que les pays occidentaux ne soient conduits un jour à manifester une «solidarité expiratoire» à l’égard du peuple palestinien, identique à celle qu’ils témoignent à l’égard d’Israël, en compensation des massacres des juifs européens durant la 2eme Guerre mondiale (1939-1945).
L’abordage meurtrier de la flottille humanitaire rend en effet malvenu la reprise des négociations israélo-palestiniennes, compliquant quelque peu le réchauffement des relations israélo américaines contrariées depuis l’arrivée au pouvoir en Israël de la frange la plus extrême de la droite représentée par le tandem Netanyahu Libermann, en 2009.
Il rend problématique une attaque contre l’Iran projetée par Israël et les Etats Unis contre les installations nucléaires iraniennes, en même temps qu’il fragilise la position des alliés arabes de l’Amérique, en particulier de l’Arabie saoudite et de l’Egypte, dont la passivité durant la guerre de destruction israélienne contre Gaza, en janvier 2009, a placé ces deux pays, aux yeux de l’opinion arabe et musulmane, en situation de connivence objective avec Israël.
Le premier anniversaire du lancement de l’Union Pour la Méditerranée avait été plombé par la guerre contre Gaza, le second risque d’être sérieusement affecté par l’assaut naval israélien, plaçant sur la sellette la France et l’Egypte, co-président de cette instance, particulièrement actifs dans le maintien du blocus contre l’enclave palestinienne.
La France participe au blocus naval de Gaza et de concert avec l’Egypte à la construction d’un barrage visant à couper le ravitaillement souterrain de l’enclave.
L’oeuvre diplomatique majeure de la France de Nicolas Sarkozy, en partenariat avec l’Egypte de Hosni Moubarak, a en effet tourné à la bérézina diplomatique absolue, deux ans après son lancement à grand fracas à Paris en 2008 par le président français.
Jamais projet n’a si piteusement échoué en un si court laps de temps dans les annales de la diplomatie internationale, au point que se pose la question de la perspicacité de ses auteurs, leur présomption sur leur propre capacité, sur leur habileté diplomatique et la pertinence de leurs démarches.
L’Union pour la Méditerranée a en effet permis la destruction d’un état membre (Gaza Palestine) par un autre état membre (Israël) sous le regard complice des deux pays fondateurs de l’organisation, de même que l’étranglement d’un gouvernement légitime démocratiquement élu (le Hamas), sur décision de ses deux co-présidents, bâtisseurs pour le compte d’Israël du barrage de la honte de l’enclave de Gaza.
C’est sa principale réalisation. Le deuxième résultat tout aussi piteux aura été la promotion d’Israël à des postes de responsabilité dans des instances méditerranéennes où siègent des Etats arabes, le rehaussement des relations entre Israël et l’Union européenne, en dépit de Gaza, enfin l’éradication de toute sensibilité palestinienne dans l’administration préfectorale et l’audiovisuel extérieur français, sans la moindre contrepartie pour le camp arabe ni pour la cause de la paix. Une prime à l’impunité en somme.
Anticipant cette dramatique évolution, des parlementaires européens membre du groupe écologique, notamment Mme Malika Benarab Attou, ont à cette occasion réclamé la démission du Président de la Commission des affaires étrangères du parlement européen, Gabriele Albertini, estimant qu’il n’était «pas à la hauteur des exigences de sa fonction» (1).
Moratinos versus Kouchner.
Le sommet de l’Inion devait se tenir le 7 juin à Barcelone après deux ans d’interruption, sur fond de supputations sur une possible relance de cette instance moribonde du fait de sa reprise en main par l’Espagne, président en exercice de l’Union européenne, un pays à la posture diplomatique bénéficiant d’une plus grande considération de par sa position équilibrée sur le conflit israélo-palestinien.
Barcelone de surcroît abrite le siège du Secrétariat de l’Union pour la Méditerranée (UPM), installé au Palais de Pedralbés.
L’Espagne souhaitait en effet engager l’Union euro méditerranéenne sur la voie d’une nouvelle initiative diplomatique destinée à dégager la voie à une conférence internationale de Paix au Moyen orient, dans l’esprit de la «Déclaration de Venise», en 1980, qui avait reconnu le Droit du peuple palestinien à l’auto détermination.
La nouvelle proclamation européenne prendrait la forme d’une reconnaissance de principe d’un état palestinien, faite unilatéralement par les pays membres de l’Union, en vue de faire pression sur le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, réputé pour son intransigeance et à surmonter l’impasse des pourparlers de israélo-palestiniens du fait du blocage israélien.
L’assaut meurtrier israélien contre les pacifistes pro palestiniens risque de mettre une pression supplémentaire sur les dirigeants occidentaux en vue des les inciter à sortir de leur léthargie diplomatique, les incitant à prendre le risque de braver les foudres du lobby pro israélien particulièrement actifs aux Etat Unis et en France.
Un blocage persistant malgré le rehaussement des relations d’Israël avec l’Union Européenne, malgré l’admission d’Israël au sein de l’OCDE et l’affectation d’un prestigieux site de la capitale française à la mémoire de David Ben Gourion, ancien premier ministre israélien, l’esplanade David Ben Gourion dans le 8me arrondissement de Paris, malgré enfin la participation de la France au blocus naval de Gaza et sa participation de concert avec l’Egypte à l’édification d’un «mur de la honte» ceinturant l’enclave palestinienne détruite par les Israéliens en 2008-2009.
Programmée pour coïncider avec le 43 me anniversaire de la guerre de juin 1967, elle viendrait en soutien à une initiative américaine qui devrait être rendue publique en septembre prochain à l’occasion de l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies.
Outre sa position d’équidistance, L’Espagne bénéficie en la personne de son ministre des affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos Cuyaubén, l’homme tranquille de la diplomatie espagnole, d’un négociateur hors pair de renommée internationale pour son intégrité et son expertise.
Ambassadeur d’Espagne en Israël (1996), Envoyé spécial de l’Union européenne au Proche orient pour le processus de paix israélo-palestinien (1996-2003), Miguel Angel Moratinos est l’artisan de la normalisation des relations entre Cuba et l’Espagne, un homme aux solides convictions socialistes, doublé d’un arabisant, redouté pour ses talents de négociateur, sa discrétion et son efficacité, sans extravagance, ni flamboyance.
«J’ai des responsabilités politiques, je ne peux pas passer pour un ministre qui a raté un rendez-vous avec l’histoire», a déclaré M. Moratinos le 10 avril dernier à Paris en marge du forum «L’Europe, les Etats-Unis et la Méditerranée (2).
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