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France: Les autorités devancent les risques induits d'un hommage à l'OAS

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  • France: Les autorités devancent les risques induits d'un hommage à l'OAS

    TOULOUSE, 1 juin 2010 (AFP) - Le risque d'affrontements entre nostalgiques de l'Algérie française et militants de gauche a conduit les autorités à interdire tout rassemblement près d'un cimetière de Perpignan autour d'un anniversaire controversé et d'un hommage aux membres de l'OAS.

    Comme tous les ans depuis 2003, l'approche du 7 juin a ravivé les crispations et fait craindre un face-à-face tendu, comme en 2006, entre anciens partisans de l'Algérie française, pieds-noirs et harkis dans un camp, militants de gauche dans l'autre.

    Aussi le préfet des Pyrénées-Orientales Jean-François Delage a-t-il pris le 27 mai un arrêté interdisant tout rassemblement le 6 juin à partir de 18H00 et tout le 7 juin aux abords du cimetière du Haut-Vernet, où une stèle est dédiée aux membres de l'OAS tués en opérations ou fusillés après leur capture par les forces françaises.

    "Compte tenu de la sensibilité du contexte local et de la détermination des protagonistes, tout rassemblement, quels qu'en soient les organisateurs, aux abords ou à l'intérieur du cimetière, présente un risque sérieux et grave de troubles à l'ordre public", a justifié la préfecture mardi dans un communiqué.

    C'est la quatrième année qu'un telle interdiction est édictée.

    Perpignan, où vit une forte communauté de rapatriés, est l'une des rares villes de France à avoir dans un cimetière une stèle ouvertement dédiée aux anciens de l'OAS, l'Organisation armée secrète, clandestine, qui s'est livrée durant les dernières années de la Guerre d'Algérie (1954-62) à la lutte armée, à des attentats et des assassinats pour que l'Algérie reste française.

    La stèle porte les noms de 116 membres de l'OAS, "morts pour que vive l'Algérie française", dit Jean-Pierre Prevoteaux, délégué local de l'association Adimad qui a fait construire le monument de granit et de bronze représentant un homme fusillé à un poteau d'exécution.

    Pour le "collectif de Perpignan", l'hommage du 7 juin constitue au contraire une "forme d'expression de l'apologie de crimes de guerre".

    Parmi les 116 noms sur la stèle, ceux d'Albert Dovecar et Claude Piegts, accusés de l'assassinat du commissaire central d'Alger en 1961 et fusillés le 7 juin 1962, ont droit à une place d'honneur. Des individus "considérés comme des criminels", dit le "collectif de Perpignan".

    C'est l'appel national du collectif à la manifestation qui pourrait avoir emporté la décision préfectorale d'interdire car Jean-Pierre Prevoteaux, lui, dit qu'il n'avait "rien prévu cette année": "On ne fait plus rien parce qu'on est attaqué de toutes parts". Ancien de l'OAS, emprisonné trois ans, il s'indigne quand même qu'on "nous traite comme des fachos alors qu'on est des patriotes, des résistants", et qu'on invoque le risque d'affrontements: "Il n'y a jamais eu de trouble, pensez donc: ces gens-là ont 80 piges", dit-il des rapatriés de Perpignan.

    Les autorités semblent confiantes que l'interdiction du 7 juin préservera le calme. Pour autant, l'affaire n'en restera pas là. Le "collectif de Perpignan" réclame le transfert de la stèle sur un site privé, l'apposition d'une plaque à la mémoire de toutes les victimes d'Algérie dans un jardin public et l'ouverture d'un centre de la mémoire en Algérie.

    Il fait valoir qu'ailleurs, la justice a fait enlever du cimetière de Marignane (Bouches-du-Rhône) une stèle similaire installée par l'Adimad.

    Le déplacement de la stèle relève, non de la préfecture, mais de la mairie et le collectif assure que ses interventions auprès du maire Jean-Marc Pujol "restent encore et toujours lettre morte". Pour M. Pujol, l'affaire est délicate: le poids du vote des rapatriés n'est pas négligeable et il est lui-même pied-noir.
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