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Affaire Kaddour Terhzaz: Trahison ou complot?

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  • Affaire Kaddour Terhzaz: Trahison ou complot?

    Affaire Kaddour Terhzaz: Trahison ou complot?

    JUSTICE. Ce qui était une simple condamnation d’un officier supérieur de l’armée de l’air marocaine prend très vite les allures d’une affaire d’Etat.

    Le colonel-major Kaddour Terhzaz, est-il un traître à la nation ou la victime d’un complot?

    Quelle est la nature de son crime pour lequel il purge une condamnation de 12 années dans la prison de Salé? Cet officier supérieur, ex-numéro 2 de l’armée de l’air marocaine, a été condamné par le tribunal militaire de Rabat, le 28 novembre 2008, pour avoir adressé une lettre à S.M le Roi où il dénonce les conditions de vie des officiers marocains revenus des camps de Tindouf.
    Aujourd’hui, il n’est plus question d’une lettre adressée au Souverain. Un communiqué du gouvernement publié le 16 mai 2010 parle carrément de “trahison” et de “divulgation de secrets d’Etat en période de guerre”. Une accusation d’une extrême gravité qui fait du colonel-major Terhzaz un traître à sa nation.

    Prescription pénale
    Le tribunal militaire qui l’a condamné précise dans son acte d’accusation, que Kaddour Terhzaz est «accusé d’avoir commis, depuis un temps non frappé de la prescription pénale, le crime d’atteinte à la sûreté externe de l’Etat en divulguant un des secrets de la défense nationale et ce conformément aux articles 187 et 192 du code pénal et de la loi 2.71 en date du 26/07/1971». Rien de moins.
    De quel secret d’Etat s’agit-il? Et à qui les renseignements ultra-secrets fournis par le colonel-major ont-ils profité? L’acte d’accusation du tribunal militaire ne répondra pas à ces questions. Encore moins le communiqué du gouvernement.

    C’est ce qui explique un grand nombre de manifestations de soutien au colonel-major en Europe et aux Etats-Unis avec l’intervention de députés européens de tous bords qui demandent sa libération. Une mobilisation qui s’est accrue depuis la publication du communiqué du gouvernement marocain. L’histoire commence début 2007. Le colonel-major Kaddour Terhzaz reçoit à son domicile, sis au 20, rue Prince Sidi Mohammed à Souissi, Rabat, le capitaine Ali Najab, un pilote de chasse marocain libéré en 2003 par le Polisario après 25 ans de détention. Le capitaine était accompagné d’autres aviateurs, tous anciens des prisons de Tindouf.

    Manifestation de soutien
    Selon Kaddour Terhzaz, M. Najab est venu le voir pour lui demander son aide en tant qu’ancien inspecteur en second de l’armée de l’air marocaine. «Il m’a demandé d’intercéder auprès de S.M en faveur des pilotes relâchés par le Polisario, afin d’améliorer leur situation. J’ai tout de suite accepté». C’est du moins ce qu’affirme le colonel-major, par la voix de sa famille.
    M. Terhzaz envisage alors d’écrire une lettre à l’adresse de S.M le Roi Mohammed VI. Il y détaille les conditions dans lesquelles les pilotes marocains sont tombés entre les mains de l’ennemi. «La lettre que j’ai écrite, et qui constitue la base de l’accusation, a été remise au capitaine Ali Najab en sa qualité de président de l’Association des anciens pilotes détenus par le Polisario, légalement reconnue par le Maroc. Elle constitue un simple témoignage sur des faits datant de 28 ans pour appuyer la requête de ladite association auprès de Sa Majesté», confirme Kaddour Terhzaz lors de son procès.

    État de guerre
    Un an plus tard, le destin de Kaddour Terhzaz bascule. Le 9 novembre 2008, à 72 ans, il est interpellé à son domicile et conduit chez le Commandant de la Brigade de gendarmerie de Rabat. Il est ensuite placé en détention et déféré devant un tribunal militaire.
    A l’issue d’une audience d’une heure à huis clos, le tribunal le condamne, le 28 novembre 2008, à une peine de douze ans de prison ferme pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Le tribunal a même retenu les circonstances aggravantes «du fait que la divulgation de l’information s’est faite en temps de guerre».
    «Cet argument ne tient pas la route», explique François Baxerres, avocat français et beau-frère du colonel, «officiellement, le Maroc n’est pas en guerre contre le Polisario. Il ne l’a jamais été non plus dans le passé, puisqu’il ne reconnaissait pas les séparatistes.» D’ailleurs, le Maroc n’a jamais parlé de guerre, mais plutôt «d’opérations de maintien de l’ordre.» Pour Me Abderrahim El Jamaï, avocat de M. Terhzaz, «il est parfaitement illégal que les juges du tribunal militaire se soient arrogés ce pouvoir, puisqu’il ne fait pas partie de leur compétence, lorsqu’ils ont décidé en 2008 que le Maroc était en état de guerre, alors que le colonel-major était à la retraite depuis 1995.» Pourtant, le conseil de sécurité de l’ONU affirme que le Maroc est en état de guerre contre le Polisario.

    La fameuse lettre
    Le lendemain de son arrestation, Kaddour Terhzaz apprend par le juge d’instruction qu’il est accusé d’avoir remis au capitaine Ali Najab une copie de la lettre envoyée au Roi.
    D’après l’accusation, la lettre contiendrait des informations militaires confidentielles dont le capitaine Najab n’aurait jamais dû prendre connaissance.
    C’est là qu’apparaît donc le fameux secret militaire. Il s’agit de l’absence de protection antimissile sur les F5 utilisés par les pilotes marocains durant les affrontements avec le Polisario. Reste que ce n’est pas la lettre qui met au grand jour ce fameux secret défense.
    Dans ce sens, Terhzaz n’apprenait rien au capitaine Najab, qui savait, comme tous les aviateurs engagés dans le conflit contre le Polisario, quelles étaient les données techniques et aéronautiques des F5 utilisés par l’armée de l’air marocaine.
    Il faut aussi ajouter que ce secret n’en est pas un, puisque la presse marocaine s’en était faite l’écho bien avant l’épisode Terhzaz - Najab. Tout comme le Polisario qui, on l’imagine bien, a un œil sur tout ce qui s’écrit à propos du conflit au Sahara marocain.

    Un livre témoignage
    Déjà en 2003, l’avocat Mohamed Ziane, qui défendra Kaddour Terhzaz lors de son procès en 2008, avait édité un livre-témoignage d’un ancien prisonnier du Polisario qui parle des fameux F5 marocains.
    À moins que le Colonel-major n’ait divulgué autre chose. Car le condamner à 12 ans pour un secret de polichinelle, c’est quand même avoir la main un peu trop lourde. Et l’armée marocaine a certainement d’autres arguments pour étayer un jugement aussi sévère. Quels sont ces arguments?
    Quoi qu’il en soit, selon le communiqué du gouvernement publié le 16 mai 2010, le colonel-major Kaddour Terhzaz «n’a pas été condamné pour le motif avancé d’une soi-disant lettre». Seulement, les attendus du jugement se fondent, de bout en bout, sur cette lettre. En conclusion desdits attendus, on peut même lire cette phrase, très claire: «Il est demandé à la Cour d’appliquer la loi à l’encontre de l’accusé avec destruction de la copie de la lettre». Comment comprendre un tel paradoxe entre le procès et le communiqué, puisque cette lettre est l’unique pièce à conviction sur la base de laquelle la condamnation a été prononcée?
    Dans le tumulte causé par le cas Terhzaz, le bruit a circulé que l’ex-numéro 2 de l’arm ée de l’air marocaine aurait eu des “accointances” avec les services secrets français.

  • #2
    Affaire d’espionnage
    Dans ce cas, la thèse des F5 est caduque. Ce qui ouvre d’autres possibilités d’approche. D’abord, M. Terhzaz aurait tenu des propos très critiques sur le fonctionnement de certains secteurs de l’armée marocaine.
    Sans oublier que le colonel-major n’en est pas à sa première lettre adressée à un souverain marocain. Il avait déjà adressé un courrier au défunt roi Hassan II. Ce qui lui aurait valu les foudres de très hauts gradés de l’armée marocaine.
    M. Terhzaz affirme que «certains m’en veulent à mort depuis 1979, déjà, lorsque j’ai eu droit à des félicitations personnelles de la part du roi Hassan II, après que je lui aie écrit une lettre au sujet de la manière catastrophique avec laquelle l’état-major gérait le conflit du Sahara.»

    Mise à la retraite
    Encouragé par les félicitations royales, M. Terhzaz a continué d’être critique à l’égard du corps auquel il appartient. Selon des témoiganges, le colonel-major n’a jamais dissimulé ses prises de position. Il est connu pour son franc-parler et son audace. Voire un caractère belliqueux.
    Mais, apparemment, Kaddour Terhzaz jouissait de la sympathie du roi Hassan II, qui le connaissait personnellement et appréciait sa franche loyauté. Sa mise à la retraite en 1995 s’est déroulée de façon tout à fait normale. S’il avait commis une quelconque faute, comme l’affirme le communiqué du gouvernement du 16 mai 2010, il serait passé devant un conseil de discipline. Ce qui n’a jamais été le cas.
    De plus, lorsqu’il a été mis à la retraite avec 5 autres officiers pour limite d’âge (58 ans), ils touchaient encore l’ancienne retraite selon l’ancien dahir. Car un nouveau dahir est passé juste après leur départ. «Mon père a fait une demande auprès de Sa Majesté le Roi Hassan II, qui lui a aussitôt accordé la solde de colonel-major correspondant au nouveau dahir. Une décision élargie aux cinq autres officiers», affirme Sonia Terhzaz, la fille du colonel-major.
    Alors qui en veut au colonel-major au point de le jeter en prison?

    Maroc-Hebdo-International

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    • #3
      MAROC Mardi 8 juin 2010

      Le combat de Sonia au nom de son père

      par Angélique MOUNIER-KUHN

      Ancien numéro deux de l’armée de l’air, Kaddour Terzhaz a été incarcéré pour douze ans au terme d’un procès expéditif. Sa cadette, Sonia, est la porte-voix opiniâtre d’une campagne de mobilisation pour sa libération


      Elle tire fébrilement sur sa cigarette avant de l’écraser sur le macadam. C’est bien la seule trace de nervosité. Jolie brune de 26 ans, Sonia Terhzaz est d’une pondération étonnante compte tenu du fardeau dont elle a chargé ses épaules et du rythme infernal qu’elle s’impose. Née au Maroc d’une mère française et d’un père marocain, l’étudiante en arts plastiques a abandonné les bancs de l’université pour consacrer, avec l’appui de ses proches, toute son énergie à obtenir la libération de son père, Kaddour Terhzaz.

      Lettre au roi Mohammed VI
      Aujourd’hui âgé de 73 ans, ce colonel major à la retraite est incarcéré depuis plus d’un an et demi dans la prison de Salé, à proximité de Rabat. Il y purge une peine de 12 ans pour «atteinte à la sûreté de l’Etat». L’affaire est ténébreuse. Sonia Terhzaz raconte. Elle sourit peu, son débit est rapide mais ses idées sont en ordre.

      Kaddour Terhzaz fut autrefois le numéro deux de l’armée de l’air marocaine. En 2005, il s’émeut dans une lettre au roi Mohammed VI du piètre sort réservé aux pilotes de l’armée de l’air capturés lors de la guerre pour le contrôle du Sahara occidental dans les années 1970. Certains ont passé jusqu’à un quart de siècle dans les camps du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui. A leur sortie de captivité, Rabat les accueille sans les moindres avancement ou compensation matérielle.

      Dans son courrier, dont il avait transmis copie à un ancien pilote qui projetait de créer une association, Kaddour Terhzaz évoquait l’absence de protection antimissile sur les avions qui combattaient à l’époque. C’est ce point en particulier qui lui vaudra d’être poursuivi pour «divulgation de secret de la défense nationale», vingt-cinq ans après les faits, et trois ans après avoir rédigé sa missive. Alors que rien ne le laissait présager, «il a été embarqué le 9 novembre 2008», relate Sonia Terhzaz. Le procès a lieu dans la foulée. En mai 2009, le recours en cassation est rejeté. «Mon père a toujours eu un tempérament de feu. Pendant le conflit au Sahara, il s’est créé de solides inimitiés», poursuit la jeune femme. Selon elle, la lettre n’aurait été qu’un prétexte saisi par des hauts gradés avides de solder des comptes anciens avec son père.

      Jusqu’à l’automne dernier, la famille œuvrait discrètement, dans l’espérance d’une grâce royale. «A chaque fête religieuse, nous avons espéré sa libération. Puis le 30 juillet 2009, à l’occasion du discours du trône [ndlr: pour le 10e anniversaire du règne de Mohammed VI], 12 000 prisonniers ont été graciés. Pas mon père. Et en novembre 2009, il a été mis à l’isolement total», poursuit Sonia Terhzaz.

      Pour elle, sa mère et ses trois frères aînés, plus question de faire «le dos rond». Si la famille mise encore sur une grâce, elle change de stratégie. Sonia devient la porte-voix d’une campagne* qui l’a emmenée avec «les moyens du bord» de Bordeaux, où elle vit aujourd’hui, au Parlement de Strasbourg où des députés européens, comme Vincent Peillon ou Hélène Flautre se sont mobilisés, en passant par le Palais des Nations de Genève, et Grenade, où se tenait en mars dernier un sommet Union européenne-Maroc. Plus récemment, elle s’est rendue à Washington où elle a noué des contacts au Département d’Etat et à la Maison-Blanche.

      «Procès inique»
      Son travail porte ses fruits: Amnesty International s’est saisi de l’affaire Terhzaz et enjoint à ses membres d’écrire au roi du Maroc pour demander sa libération. «Il est victime d’une détention arbitraire après un procès inique devant un tribunal militaire», explique sans détour Diane de Hathahaw, qui suit le dossier pour l’ONG à Londres. Human Rights Watch a envoyé en février une lettre ouverte du même acabit à Mohammed VI. L’organisation y souligne qu’en France aucune autorité ne s’est encore officiellement exprimée sur le sort de l’ancien colonel, qui a obtenu la nationalité française en 1997.

      L’opiniâtreté pragmatique de la jeune fille aux yeux sombres a également provoqué la médiatisation de l’affaire, dans l’Hexagone, en Belgique ou en Espagne, mais surtout au Maroc où elle a viré à l’affaire d’Etat. En accaparant la une des journaux, elle a forcé le gouvernement à allumer un contre-feu fin mai. Dans un communiqué, il dénonce «une totale aberration», «une campagne indigne de dénaturation de la vérité». Sonia Terhzaz encaisse, sans fléchir: «J’ai connu une enfance privilégiée au Maroc. Je n’aurais jamais imaginé que nous nous retrouverions dans cette situation un jour. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de marche arrière possible. Je me mobiliserai jusqu’à la libération de mon père.» Ce mercredi 9 juin, elle sera à Rabat, où l’Association marocaine des droits humains organise une conférence de presse au sujet de son père.

      http://www.sauver-kaddour-terhzaz.org/fr/

      Le Temps- Suisse
      "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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      • #4
        Affaire Terhzaz : Le capitaine Najab charge le colonel

        Maroc | taharabouelfarah | 3 juin 2010 à 7 h 00 min
        • Le capitaine Ali Najab a adressé un communiqué à l’Agence AFP dans lequel il accuse Terhzaz d’avoir violé le secret défense.

        L’affaire Kaddour Terhzaz ne cesse de connaître des rebondissements. Cette fois, c’est le capitaine Ali Najab (en partie à l’origine de toute cette affaire) qui enfonce le colonel à la retraite (72 ans), actuellement en prison à Salé.
        Un ancien prisonnier de guerre, Ali Najab a reproché à Kaddour Terhzaz d’avoir violé le «secret-défense» alors que le Maroc «est toujours en guerre» dans le conflit du Sahara, rapporte l’AFP.

        Le capitaine Najab, a affirmé à l’Agence française que le colonel-major «aurait dû normalement faire quelque chose pour l’ensemble des pilotes marocains pendant qu’ils étaient en captivité dans le désert».
        «Pourquoi parler de ces souffrances aujourd’hui, alors que ces militaires méritaient qu’on les défende durant leur captivité», s’interroge-t-il dans un communiqué qu’il vient d’adresser à l’Agence.

        «Un officier est tenu à l’obligation de réserve et au secret-défense qu’il soit en service ou à la retraite», a-t-il affirmé. La sortie du capitaine Najab intervient deux semaines après le virulent communiqué diffusé le 16 mai, au nom du gouvernement, par le ministère de la Communication. Communiqué auquel le colonel s’est empressé de répondre par une lettre qu’il a adressée au ministre le 20 mai et dans laquelle il revient, en détail sur l’ensemble de cette affaire. N’empêche, cette sortie du gouvernement a été qualifiée, par des observateurs, comme une tactique devant une possible intervention officielle française, de la part des Affaires étrangères, pour tenter d’intercéder auprès des autorités marocaines. Et cela pour exiger la libération du colonel.

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