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Maroc : Les ralliés de Sa Majesté

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  • Maroc : Les ralliés de Sa Majesté

    Anonymes ou célèbres, du futur ambassadeur en Espagne, Ahmedou Ould Souilem, aux jeunes désœuvrés de la hamada de Tindouf, ils sont près de 8 000 à avoir quitté les camps du Polisario en Algérie pour rallier le royaume chérifien. Enquête sur une hémorragie silencieuse.

    Chaque semaine ou presque depuis le début de 2010, les militaires et policiers marocains en poste à Aousserd, Dakhla, Laayoune ou Lagouera les voient venir dans leurs deraas bleus et leurs melhafas colorées, à bord de camions brinquebalants, de minibus loués ou plus rarement à la descente d’un avion en provenance des îles Canaries. Ils arrivent par groupes de quinze à trente personnes, des familles entières avec femmes et enfants, parfois des petites bandes de jeunes nés dans les camps et pour qui le Sahara occidental n’a jamais été autre chose qu’un mythe.

    À Rabat, dans son bureau du ministère de l’Intérieur, le gouverneur chargé de la coordination avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), El Arbi Mrabet, ancien doyen de la faculté de droit d’Oujda, tient à jour les comptes de ces retours à la mère patrie. Depuis le 1er janvier 2010, quelque 650 Sahraouis en provenance des camps du Front Polisario de la hamada de Tindouf, en Algérie, ont ainsi fait le grand saut, en empruntant, presque toujours de nuit pour échapper aux barrages de la gendarmerie algérienne, la route goudronnée qui relie Tindouf à Zouerate, en Mauritanie. Au total, explique El Arbi Mrabet, ils sont 8 000 ex-réfugiés du Polisario, dont 5 200 officiellement recensés, à avoir regagné le Sahara sous administration marocaine depuis le cessez-le-feu en 1991.

    Absence de toute perspective d'évolution

    « Ces cinq derniers mois, le phénomène s’est accéléré, ajoute-t-il. L’offre d’autonomie interne formulée par Sa Majesté a été déterminante. » Cette dernière incitation, loin d’être négligeable, n’est pourtant pas la seule. Aux yeux des jeunes Sahraouis, inactifs en Algérie et interdits de contrebande depuis le récent tour de vis sécuritaire opéré par l’armée mauritanienne dans le nord du pays, les aides matérielles offertes par le Maroc aux brebis égarées de retour au bercail – une pension de 1 250 dirhams net par mois (115 euros) et un logement – constituent des motivations aussi puissantes que les discours officiels. L’organisation par la Minurso de visites réciproques de part et d’autre du mur de défense et la généralisation du téléphone cellulaire dans les camps ont également joué un rôle.

    En réalité, autant qu’un subit prurit de patriotisme ou que le lointain souvenir de l’allégeance de leurs ancêtres à la monarchie chérifienne, c’est l’absence de toute perspective d’évolution du dossier du Sahara occidental – en dehors de la perpétuation indéfinie du statut précaire de réfugiés – qui pousse les Sahraouis exilés à franchir le pas toujours déchirant du retour.
    L’administration marocaine n’est pas dupe, au point de ne pas exclure la présence parmi ces « retornados » d’un certain nombre d’infiltrés volontairement envoyés par le Front Polisario pour mener des activités pro-indépendantistes à l’intérieur du territoire, ainsi que celle, plus significative, de « nomades économiques » habitués des allers-retours entre le royaume et les camps de Tindouf. « Des taupes ? Des opportunistes ? Il y en a. Le contraire serait étonnant, confie un très proche du dossier. Mais nous avons décidé de présumer de leur bonne foi.* » À preuve, le choix par le roi Mohammed VI de la dernière personnalité ralliée en date, Ahmedou Ould Souilem, comme ambassadeur du Maroc en Espagne.

    Confiance et représentativité

    « C’est la première fois qu’un ancien dirigeant du Polisario est nommé à un poste aussi sensible, poursuit notre source. Cela démontre s’il en était besoin que Sa Majesté veut leur faire confiance. C’est un signe fort. » En bonne logique, la lente hémorragie des camps de la hamada en direction du Sahara marocain devrait donc se poursuivre, sans que l’on sache très bien toutefois – faute d’un recensement des réfugiés sahraouis, auquel s’opposent l’Algérie et le Polisario – quel en est l’impact démographique exact dans les khaïmas de cette république virtuelle, ni si ces départs sont ou non compensés par l’introduction de non-Sahraouis : Touaregs, réfugiés économiques sahéliens, Mauritaniens…

    Reste que le Maroc serait bien inspiré de ne pas compter uniquement sur le tarissement progressif de la source pour résoudre ce problème. Si le référendum d’autodétermination, avec des électeurs qui votent ainsi avec leurs pieds, est devenu sans objet pour la plupart des ralliés, ces derniers regagnent le royaume avec, en tête, une revendication précise qui rejoint celle de leurs frères et sœurs demeurés sous administration marocaine : l’autonomie du territoire. Le roi l’a proposée. À lui maintenant de lui donner, dès que possible, un vrai contenu et à ses collaborateurs chargés du dossier de ne pas se tromper sur la représentativité réelle des cadres sahraouis. « Faute de quoi, confie un rallié de fraîche date, ce sont toutes les tribus, y compris celles traditionnellement favorables au Makhzen, qui s’estimeront flouées, pour le plus grand profit du Polisario. »

    * La thèse d'une éventuelle « cinquième colonne » du Polisario à l'intérieur du Sahara marocain a de toute manière perdu de sa pertinence dans la mesure où l'expression de personnalités indépendantistes comme Aminatou Haidar y est désormais tolérée. Par ailleurs, le parti marocain d'extrême gauche La Voie démocratique continue d'exiger la tenue d'un référendum d'autodétermination dans le territoire sans être pour cela inquiété.



    Ahmedou Ould Souilem, ancien ministre de la RASD et futur ambassadeur en Espagne. © Vincent Fournier pour J.A.

    09/06/2010 à 08h:41 Par François Soudan

  • #2
    Ces retours massifs sont la preuve que la durée de vie de la marionnette de l'Algérie est très proche de sa date d'expiration

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    • #3
      bon débaras et je dit un grand ouff ça me soulage énormément

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      • #4
        j'avoue le Sage, je dirais la même chose si j'étais à ta place, votre gouvernement les a accueilli et financé sans demander au peuple Algériens! je ne sais pas combien de milliards de dinards pendant 35 ans vous avez perdu... mais j'en suis sùr que l'état pouvaient financé autres choses pour une meilleur Algérie et un meilleur Maghreb que sa soit dans ces structures ou dans son économie ou stabilité!
        mais liwka3 wka3, espérons que sa soit fini en 2012 maximum pour une nouvelle ère de Fraternité, d'amitié, et relevé ensemble les défis du siècle.

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        • #5
          Maghreb-Unitedj'avoue le Sage, je dirais la même chose si j'étais à ta place, votre gouvernement les a accueilli et financé sans demander au peuple Algériens! je ne sais pas combien de milliards de dinards pendant 35 ans vous avez perdu... mais j'en suis sùr que l'état pouvaient financé autres choses pour une meilleur Algérie et un meilleur Maghreb que sa soit dans ces structures ou dans son économie ou stabilité!
          mais liwka3 wka3, espérons que sa soit fini en 2012 maximum pour une nouvelle ère de Fraternité, d'amitié, et relevé ensemble les défis du siècle.
          les miliards ont peut les remplacer ----- dit moi combien de morts des deux cotés pour rien

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          • #6
            je ne sais pas combien de milliards de dinards pendant 35 ans vous avez perdu... mais j'en suis sùr que l'état pouvaient financé autres choses
            au petit jeu des comparaisons...le polisario ne nous coute pas grand chose

            du materiel militaire reformé, et des billets davion pour lONU a new york


            par contre pour le royaume....cest une autre histoire

            Le royaume du Maroc aurait dépensé par moins de 120 milliards de dollars au Sahara Occidental depuis 1975.
            vendredi 14 mars 2008.

            L’occupation du Sahara Occidental coûte cher au Maroc. En effet, selon un expert marocain en économie, Fouad Abdelmoumni, le gouvernement marocain a dépensé près de 120 milliards de dollars depuis 1975 dans les dépenses militaires et civiles pour financer son occupation illégale du Sahara Occindental.
            Plus de 90 milliards de dollars sont ainsi consacrés par le Maroc à financer la seule occupation militaire notamment l’entretien et l’équipement d’une armée de 360 000 hommes, dont 130 000 à 160 000 soldats sont actuellement déployés dans les territoires du Sahara occidental. Plusieurs millions de dollars sont aussi dépensés pour le maintien du mur de sable construit avec l’aide des militaires américains et israéliens.
            Une occupation qui coûte cher aux marocains puisque le Maroc doit pendant ce temps s’endetter pour financer son développement ou encore pour s’armer d’avions de chasse américains et d’autres engins de guerre européens.

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            • #7
              c'est normal pour nous c'est notre territoire, c'est pas grave, par contre vous hugo shavez, sa s'arrête pas que pour les billets d'avions, sa va beaucoup beaucoup trop loin, la preuve le Polisario suit les ordres d'Alger sans discutions, sa doit vraiment être un gros paquet sans compter l'argent perdu dans les médias et les enfants qu'on envoie à Cuba, Espagne etc...

              si tu crois que sa s'arrête dans des billets d'avions, alors tu connais vraiment rien de ce conflit artificiel.

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              • #8
                Hugochavez59
                tu veus que je te dise pourquoi vous avez permis 1millions de Chahid pour liberer votre pays?

                faut pas faire la comparaison entre nous les concernés et vous dans ce match.
                La haine aveugle

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                • #9

                  c'est normal pour nous c'est notre territoire, c'est pas grave,
                  tres bien

                  hamdoulillah !!

                  le budget de letat se boucle avec des : cest normal...


                  bonne chance quand meme pour la suite

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                  • #10
                    Hugo bonsoir la suite c'est le plus grand point d'intérrogation

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                    • #11
                      Merci et bonne chance à votre gouvernement aussi, car sa sera pas facile la fin ^^.

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                      • #12
                        la suite est connue...ajustement structurel du FMI

                        pas de surpise de ce coté la...

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                        • #13
                          Les ralliés célèbres

                          Ahmedou Ould Souilem

                          N’est pas un rallié ordinaire. Dix mois après son « retour » dans un Maroc qu’il n’a en réalité jamais connu, Ahmedou Ould Souilem, 59 ans, ancien ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et cheikh de la tribu des Ouled Delim, n’est autre que le futur ambassadeur du royaume en Espagne – sans doute le poste diplomatique le plus important vu de Rabat, avec ceux de Paris et de Washington.

                          Un choix de Mohammed VI que Madrid a mis trois mois à avaliser tant la nomination de cet originaire de son ex-colonie du Sahara occidental, ancien cadre du Front Polisario de surcroît, a semblé plonger le gouvernement espagnol dans l’embarras. Tout ce qui touche de près ou de loin au Sahara est ultrasensible en Espagne, où les réseaux favorables aux indépendantistes sahraouis sont nombreux, actifs et influents. Mais cette nomination n’a pas non plus laissé insensible l’Algérie, où Ould Souilem a vécu pendant trente-trois ans, et la Mauritanie, où son père a résidé, encore moins le peuple des camps de réfugiés, où il était, il y a moins d’un an encore, une personnalité respectée. De Villa Cisneros (aujourd’hui Dakhla) à Rabat, en passant par Tindouf, Panamá, Téhéran, Luanda, Alger et quelques autres lieux, retour sur l’itinéraire d’un nationaliste devenu monarchiste.

                          Ahmedou Ould Souilem a vu le jour en 1951 à Villa Cisneros, bourgade côtière de quelques milliers d’habitants et siège du gouvernement de la province saharienne espagnole du Rio de Oro. Son père, Souilem Ould Abdallahi, cheikh incontesté de l’importante tribu guerrière des Ouled Delim, est considéré alors, à l’instar de toute sa communauté, comme un allié de l’occupant espagnol – lequel accorde en échange à ses administrés sahraouis une très large autonomie de fonctionnement. Né en 1913, engagé volontaire au sein des tropas nomadas, puis traducteur au service de l’administration, il est l’une des trois personnalités clés de la politique saharienne du général Franco, avec Khatri Ould el-Joumani et Saïda Ould Abeïda (tous deux reguibat). Élu alcade (maire) de Villa Cisneros en 1963, puis député aux Cortes la même année, membre en 1966 de la délégation espagnole auprès des Nations unies, Souilem père se montrera, jusqu’à sa mort en 1995 dans un camp du Polisario non loin de Tindouf .

                          Scolarisé à Villa Cisneros, Ahmedou Ould Souilem hérite du nationalisme antimarocain de son père, mais pas de son tropisme proespagnol. Avec un groupe de camarades, il est expulsé du lycée à l’âge de 17 ans pour avoir participé à des manifestations indépendantistes. Dès lors, la politique devient son pain quotidien. À partir de 1970, depuis Madrid, où il se soigne dans une clinique pour une affection pulmonaire, Ahmedou échange des messages avec le noyau des étudiants sahraouis de Tan Tan et de Nouakchott qui seront à l’origine de la fondation du Polisario : Mustapha Sayed el-Ouali, Ghailani Dlimi, Allali Mohamed Koury (actuel directeur du protocole de la RASD), Mohamed Salem Ould Salek, Mohamed Lemine… Le 29 avril 1973, lors de la fondation du Front (le 10 mai, date communément admise, est en réalité celle de sa proclamation), à Zouerate, en Mauritanie, Ahmedou Ould Souilem est à Dakhla.

                          La cellule clandestine qu’il a créée a envoyé une délégation pour participer à cet événement, lequel n’est pas, au départ, spécialement dirigé contre le Maroc, avec qui une possibilité de compromis, sous la forme d’une large autonomie respectant l’identité sahraouie, est encore envisageable dans l’esprit des fondateurs du Polisario. Ce sont les accords tripartites de Madrid, le 14 novembre 1975, signés entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie sous la pression directe de la Marche verte, qui feront basculer les nationalistes sahraouis. « Ces accords nous ont exclus du jeu, explique Ould Souilem. Ils ont fait de nous une proie à dépecer, non un territoire à récupérer. Nous avons eu l’impression d’être traités comme des choses. D’où notre sentiment de frustration, que l’Algérie a su exploiter pour le transformer en hostilité à l’encontre du royaume. »

                          En février 1976, alors que les troupes marocaines et mauritaniennes prennent le territoire en tenaille, Souilem organise la fuite des Ouled Delim de Dakhla vers la frontière algérienne. Le voyage, en Land Rover, puis à bord de camions militaires algériens jusque dans les camps de la région de Tindouf, est périlleux. D’autant que le jeune homme, qui n’apprécie guère – et ne s’en cache pas – la mainmise des Reguibat sur le Polisario, déjà sensible à cette époque, connaît une première mésaventure.

                          Organiser l’ouest algérien

                          Un jour de mars 1976, dans un campement provisoire à Oum Dreiga, il est kidnappé, malmené, cagoulé et emmené par la sécurité du Polisario au camp de Rabbouni, non loin de Tindouf, où on l’emprisonne dans une cage. Il y restera un mois avant que Brahim Ghali, le chef militaire du Front, le fasse libérer. « Quand El-Ouali a appris mon arrestation et celle de dizaines d’autres Sahraouis, il a parlé de sabotage, dit Souilem. Puis il s’est lancé dans ce raid sur Nouakchott dont il savait que ses chances d’en réchapper étaient minimes. C’était une sorte de suicide. Il est mort en juin. Moi, j’ai mis cet incident sur le compte des erreurs inhérentes à toute lutte de libération. »

                          Ould Souilem (à dr., alors ambassadeur de la RASD en Angola, à La Havane, en 1984.

                          En juillet, Ahmedou Ould Souilem est envoyé à Alger, puis à Oran, où il met en place la représentation du Polisario pour l’Ouest algérien, frontalier du Maroc. Un an plus tard, le voici en Guinée-Bissau, avec le titre d’ambassadeur de la RASD. Son activité principale consiste à exfiltrer des Sahraouis de Mauritanie via le Sénégal, puis de les envoyer sur Alger à partir de l’aéroport de Bissau, avec l’appui logistique de l’ambassade d’Algérie. Près de quatre cents futures recrues du Polisario passeront ainsi par ses services. « Pour financer tout cela, on recevait de l’argent d’Alger en espèces et on ne posait pas de questions », se souvient-il. Il réussit si bien que ses patrons du Front (tour à tour Mohamed Lemine, Omar Hadrami, Brahim Hakim, Bachir Mustapha Sayed, Mohamed Ould Salek : l’instabilité est de règle à la tête des relations extérieures du Polisario) l’envoient en mai 1979 ouvrir l’ambassade de Panamá, qui servira de tête de pont aux reconnaissances en chaîne de la RASD en Amérique latine.

                          Neuf mois plus tard, Souilem est à Téhéran pour négocier avec le gouvernement islamique de l’imam Khomeiny l’établissement de relations diplomatiques. En août 1980, il est à Damas avec le même objectif, mais cette fois-ci l’opération échoue. Retour à Tindouf, puis nouveau départ, début 1981, pour l’ambassade de Luanda, en Angola. Il y restera cinq ans, armé jusqu’aux dents dans une capitale en proie à la guerre civile.

                          La fin d’une aventure

                          Un jour de mai 2009, en plein Conseil des ministres au camp de Rabbouni, Souilem fait scandale en annonçant son retour imminent à Dakhla, la ville où il est né. Dès lors, c’est un pestiféré dont on cherche à se débarrasser, qui, au vu et au su de tout le monde, fait d’abord partir sa famille en Mauritanie, puis organise sa propre exfiltration. « Tu aurais pu partir au Maroc sans le dire ! » lui reproche l’un de ses collègues du gouvernement. Mais Souilem veut agir en public afin, dit-il, de « casser le mythe du Polisario » et de « démontrer que nul ne peut nous empêcher de rentrer chez nous. Il n’y a ni fuite ni honte ».

                          Le 25 juillet 2009, muni de son passeport diplomatique algérien, Ahmedou Ould Souilem se rend à Alger puis, de là, à Madrid. Sans prendre attache avec l’ambassade du Maroc, il téléphone à des cousins vivant à Rabat et leur demande d’annoncer son arrivée pour le 29. « Je n’ai rien négocié, ni pris de contact préalable avec aucune autorité ou service, assure*-t-il. J’ai simplement fait prévenir, la veille, de mon retour. » Ce mercredi-là, il débarque à l’aéroport de Rabat-Salé, où des hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur viennent l’accueillir.
                          Le lendemain, il est reçu à Tanger par le roi Mohammed VI.



                          Depuis, Ould Souilem s’est rendu à plusieurs reprises au Sahara marocain et, bien sûr, chez lui, à Dakhla, qu’il a eu un peu de mal à reconnaître tant la ville s’est modernisée. Son jugement sur ses anciens camarades du Front se veut sans appel : « Le Polisario sahraoui est mort, il ne reste que le Polisario algérien. » Et d’égrener la liste de ceux qui, à son avis, ne rentreront jamais au Maroc « parce que leur vie et leur position sociale sont là-bas, et qu’ils redoutent, s’ils reviennent, d’être ramenés à leur dimension individuelle » : Mohamed Abdelaziz, Bachir Mustapha Sayed, Brahim Ghali…

                          Quant au « front intérieur », celui ouvert au Sahara occidental sous administration marocaine par des militants indépendantistes comme Aminatou Haidar, Ali Salem Tamek ou Mohamed Daddach, Ahmedou Ould Souilem en minimise l’importance, même s’il reconnaît que certaines erreurs commises par les autorités ont pu susciter amertume et frustration parmi les Sahraouis : « Sociologiquement, ces gens ne représentent pas une alternative ; le Polisario lui-même ne les considère que comme des éclaireurs, des compagnons de route de circonstance, mais utiles à la cause. » Une cause à laquelle le futur ambassadeur de Sa Majesté affirme ne plus croire depuis plus de vingt ans, « depuis le jour où je me suis rendu compte que l’Algérie elle-même ne voulait pas de notre indépendance. Nous n’avons jamais été autre chose qu’une carte dans un jeu qui nous dépasse ».

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                          • #14
                            Les ralliés célèbres suite

                            Guejmoula Ben Abbi

                            Symbole de la femme *sah*raouie, révolutionnaire, progressiste et émancipée, elle fait partie, depuis son ralliement en 1991, des plus ardents défenseurs de la position du royaume.
                            Entraînée par le Polisario dès l’âge de 14 ans, elle est envoyée à Cuba pour y poursuivre ses études. Elle sillonne ensuite le monde pour défendre les thèses du Front et de la RASD. Présidente de l’Union des femmes sahraouies, branche féminine de l’organisation, dont l’un des membres les plus influents était Khadija Bent Hamdi, l’épouse de Mohamed Abdelaziz, elle a également été membre du bureau politique du Polisario.

                            En 1991, Guejmoula Ben Abbi rallie le Maroc. Membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), elle se lance ensuite dans la politique. Au début des années 2000, elle rejoint le Mouvement populaire, qu’elle quitte en 2006 pour le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-communiste). Parlementaire, elle est également membre du bureau politique du PPS.

                            Mustapha Bouh Al Barazani

                            L’ex- « Monsieur Propagande » du Front. À 18 ans, il intègre le Polisario et, en 1976, devient commissaire politique de l’armée. Affecté à Alger, il prend la tête du journal et de la radio du mouvement et s’impose comme expert en communication. Nommé commissaire aux relations extérieures en 1977, élu au bureau politique l’année suivante, il accède ensuite au poste de chef du Commissariat politique de l’armée. En 1989, en pleine campagne pour la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il s’occupe du protocole et notamment des visites de délégations officielles.
                            À la fin des années 1980, Mustapha Bouh Al Barazani commence à prendre ses distances avec le Front et ses pratiques, qu’il juge « en inadéquation avec la réalité ». Il rallie le Maroc en 1991. Il intègre le ministère des Affaires étrangères et occupe depuis 2009 le poste d’ambassadeur du Maroc en Angola.

                            Commandant Ayoub

                            Surnommé le « Giap du Polisario », ce fils d’un éleveur de chameaux, ancien sous-officier de l’armée coloniale espagnole, est l’un des chefs historiques de l’organisation dont il commande, en 1974, le premier escadron paramili**taire.Pendant la guerre contre le Maroc entre 1974 et 1980, il contrôle la zone sud et accumule les victoires : attaque de Nouakchott en 1976, batailles de Lemseied en août 1979 puis en 1983. Membre du bureau permanent du secrétariat général du Polisario, il est ministre des « Territoires occupés » au sein de la RASD. Très proche de Mohamed Abdelaziz, c’est le chef de file de l’une des tribus les plus engagées dans le conflit.

                            Il rallie le royaume en septembre 2002. Pour les services secrets marocains, qui l’exfiltrent clandestinement via le Portugal, l’Espagne puis la France, c’est un coup de maître. Aujourd’hui, l’homme n’occupe plus de fonction publique et gère des affaires privées.

                            Omar Hadrami

                            Il est sans aucun doute le plus connu et l’un des plus importants parmi les ralliés. Étudiant à l’École normale supérieure de Rabat, il est l’un des jeunes fondateurs, en mai 1973, du Front Polisario. Responsable de l’installation et de l’organisation des camps de réfugiés à Tindouf, c’est lui qui crée, entre 1975 et 1977, le système de contrôle et d’encadrement des populations sahraouies. Jusqu’en 1980, il est chargé des relations extérieures du mouvement. Membre de l’état-major de l’Armée de libération du peuple sahraoui (ALPS) jusqu’en 1982, il est le premier responsable de la sécurité militaire du Polisario.

                            Dès la fin des années 1980, Omar Hadrami met en cause les méthodes de la direction de l’organisation. Après le soulèvement des camps de Tindouf, il est arrêté et détenu pendant sept mois, d’octobre 1988 à mai 1989. Nommé représentant du Front en Amérique du Nord à sa libération, il fera défection trois mois plus tard et ralliera le Maroc le 9 août. En 1990, il entre au ministère de l’Intérieur, devient gouverneur de la province de Kelaat Sraghna, puis de celle de Sidi Kacem. En 2002, il est nommé gouverneur de la province de Settat et wali de la région Chaouia-Ouardigha.


                            Omar Hadrami (à g.) et Brahim Hakim, à Skhirat en 1992.

                            Brahim Hakim

                            Cheveux ébouriffés, costumes sur mesure, cigares Davidoff et fines moustaches : dans les années 1980, Brahim Hakim est le visage de la diplomatie du Polisario. Ancien haut fonctionnaire dans les services diplomatiques mauritaniens, il assume le poste stratégique de ministre des Affaires étrangères du Front pendant dix ans. Sous sa conduite, le mouvement réalise l’essentiel de ses conquêtes diplomatiques. Il obtient en particulier le record des reconnaissances internationales, dont le nombre culmine à 72 États dans les années 1980.

                            Aujourd’hui, seuls 32 pays reconnaissent encore la RASD. C’est également grâce à lui qu’elle fait son entrée à l’OUA, en 1982. Membre fondateur du bureau politique du Polisario, Brahim Hakim a aussi été ministre de l’Information pendant trois ans.
                            L’annonce de son ralliement au Maroc, le 11 août 1992, est un coup dur pour la direction du Front, qui met sa tête à prix. La même année, il est nommé par Hassan II ambassadeur itinérant chargé de la question du Sahara. Il enchaîne les conférences de presse et les meetings mais peine ensuite à faire parler de lui. Son poste reste largement honorifique.

                            Hammati Rabbani

                            Homme pieux et lettré qui émaille ses discours de citations et de poèmes, Hammati Rabbani appartient à une noble lignée. Il rejoint le Polisario en 1975 et passe près de trente ans en son sein. Ministre de la Justice de 1986 à 1988, il fait partie des dirigeants qui se sont opposés à Mohamed Abdelaziz après la répression du soulèvement des camps de Tindouf. Déchargé de ses fonctions, il devient alors commissaire politique et anime une cellule de réflexion sur les structures dont devrait se doter le Front. De 1995 à 1999, il détient à nouveau le portefeuille de la Justice et des Affaires religieuses. En 2000, il accède au poste de secrétaire général du ministère de l’Intérieur.

                            En 2003, il est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Direction nationale du contrôle et de l’inspection, fonction qu’il occupera jusqu’à son ralliement au Maroc, en juin 2005.
                            Hammati Rabbani a toujours refusé de divulguer les moyens qu’il avait utilisés pour rejoindre le Maroc, « afin de laisser à d’autres Sahraouis la possibilité de suivre la même voie ».

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