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La Russie et ses alliés au chevet de la crise kirghize

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  • La Russie et ses alliés au chevet de la crise kirghize

    La Russie et ses partenaires des ex-républiques soviétiques étudient la possibilité d'une intervention militaire au Kirghizistan où des affrontements ethniques ont fait 124 morts et plus de 1.600 blessés depuis jeudi dernier.

    Ces violences opposant Kirghizes et Ouzbeks dans le sud du pays, notamment dans les villes d'Och et de Djalalabad, sont les plus graves en vingt ans dans cette république d'Asie centrale qui abrite deux bases militaires russe et américaine, à Kant et Manas.

    Le gouvernement intérimaire kirghize avait appelé la semaine dernière à l'envoi d'une force russe de maintien de la paix mais Moscou avait refusé estimant qu'il s'agissait d'un conflit interne. Dimanche soir, le Kremlin a toutefois décidé de dépêcher un bataillon de 150 parachutistes pour protéger la base de Kant située dans le nord du pays.

    En l'absence de retour au calme, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), entité regroupant sept anciennes républiques soviétiques dont le Kirghizistan, s'est réunie lundi pour examiner les réponses à apporter à cette crise.

    "Nous n'excluons pas de recourir à tous les moyens que l'OTSC a à sa disposition", a déclaré lors de la réunion Nikolai Patrouchev, chef de la sécurité nationale russe.

    "L'OTSC dispose de tout ce dont elle a besoin pour agir dans une telle situation, y compris un contingent de maintien de la paix (...) des troupes communes d'action rapide et des troupes communes de déploiement rapide", a souligné Nikolai Bordiouja, secrétaire général de l'OTSC.

    Il a toutefois dit qu'il convenait de réfléchir avec soin aux mesures envisageables avant de décréter une intervention.

    SITUATION HUMANITAIRE "CRITIQUE"

    Azimbek Beknazarov, vice-président intérimaire chargé de la sécurité, a précisé que la situation était stabilisée à Djalalabad après une médiation d'anciens kirghizes et ouzbeks. "Il n'y a plus de foule dans les rues", a-t-il dit par téléphone de la ville.

    Le gouvernement intérimaire mis en place en avril à Bichkek après la chute du président Kourmanbek Bakiev, qui s'est exilé en Biélorussie, a annoncé l'arrestation à Djalalabad d'"une personnalité bien connue", sans autres précisions.

    "Ce à quoi nous assistons, ce n'est rien d'autre qu'une tentative des partisans et des proches de Bakiev de reprendre le pouvoir", a déclaré à la télévision Koubatbek Baïbolov, qui dirige les opérations militaires à Djalalabad.

    De son exil biélorusse, l'ex-président a affirmé dimanche qu'il n'avait rien à voir avec cette flambée de violence.

    Le gouvernement intérimaire de Roza Otounbaïva a envoyé dans le Sud des renforts et les forces de l'ordre ont été autorisées à ouvrir le feu sans sommation sur les fauteurs de trouble. Mais pour l'instant, l'armée n'a pas réussi à ramener le calme

    Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait part de son inquiétude face à la situation humanitaire et a décidé d'envoyer un émissaire à Bichkek.

    La Croix-Rouge a affirmé dimanche que la situation devenait "critique" dans le sud du pays; Des milliers d'Ouzbeks ont fui vers la frontière ou ont tenté de trouver refuge dans des villages voisins.

    Le gouvernement kirghize a envoyé dans la région deux avions transportant vivres, vêtements et matériel médical.

    Certains ont affirmé avoir été pris pour cible par des bandes de Kirghizes, accusés de perpétrer un "génocide" avec la complicité de l'armée et de la police locale.

    Des témoins ont rapporté que des corps jonchaient les rues et que des maisons et des magasins étaient en flammes dans le quartier ouzbek d'Och.

    source : Reuters

  • #2
    Extrait d'un article du quotidien suisse Le Temps :
    Devant cette explosion de violence et de haine, les citoyens kirghizes cherchent les coupables. La piste des milieux criminels est de plus en plus privilégiée. La mort en début de semaine dernière de l’un des parrains de la mafia locale, Aibek Mirsidov, pourrait avoir été le point de départ d’un règlement de compte généralisé. Le gouvernement, pour l’instant, évite cette piste, et poursuit sa charge incessante contre l’ancien président déchu, Kourmanbek Bakiev, accusé d’avoir allumé la mèche pour revenir au pouvoir en héros. Ce dernier, toujours en exil en Biélorussie, a démenti dimanche.

    Pour autant, cette confrontation interethnique n’est pas née de nulle part. Les Kirghizes et les Ouzbeks vivent côte à côte depuis des décennies, parlent une langue très proche, et partagent la même religion, l’islam. Mais le territoire qu’ils se partagent est une véritable poudrière. La vallée de la Ferghana, où se sont déroulées les violences de ces derniers jours, est un territoire riche et fertile, morcelé depuis 1991 entre trois pays: le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan.

    Les Ouzbeks, cultivateurs sédentaires, réputés pour leur sens du commerce, se sentent ici chez eux, et remettent en cause la légitimité des Kirghizes, ancien peuple de bergers nomades, sur ce territoire. Dans un contexte économique troublé, la question de la possession du sol joue un rôle déterminant. Les réfugiés ouzbeks de ces derniers jours craignent d’ailleurs de ne pas retrouver leurs maisons et leurs terres à leur retour.

    Les tentatives de réconciliation sont en cours afin de stopper le conflit, comme ces tracts lâchés par avion au-dessus de Och, appelant les deux communautés à cesser le combat. Quelques milices mixtes, ouzbèkes et kirghizes, se sont également mises en place dans certains quartiers. Mais des vidéos, diffusées sur Internet et montrant des soldats kirghizes tirant sur des Ouzbeks, devraient ruiner tous ces efforts. Selon les experts, l’incorporation des réservistes dans l’armée, des jeunes gens inexpérimentés et majoritairement kirghizes, est aussi potentiellement dangereuse. Mais ce que le gouvernement provisoire veut éviter à tout prix, c’est la contagion vers la capitale, Bichkek.
    Pour Le Monde :
    Pourquoi le sud du Kirghizistan s'embrase

    Comment s'est enclenchée la spirale de violence qui a fait au moins une centaine de morts et 1 200 blessés dans le sud du Kirghizistan ? Depuis jeudi soir, de violentes émeutes ont lieu dans les villes du sud du pays. De nombreux témoignages décrivent les expéditions punitives menées par des Kirghizes armés dans les quartiers ouzbeks, où des maisons sont pillées et incendiées.

    A l'origine des émeutes, une rumeur qui s'est propagée dans la journée de jeudi. "Le prétendu viol d'une femme kirghize par des Ouzbeks a déclenché une bagarre entre de jeunes Kirghizes et Ouzbeks, qui s'est transformée par la suite en émeutes dans la nuit du 10 au 11 juin à Och", explique le politologue Sergueï Massoulov, interrogé par l'AFP. Och est la principale ville du Sud, où vit une importante minorité ouzbèke.

    LA MAIN DU PRÉSIDENT DÉCHU

    "Ce qui se passe actuellement dans le Sud n'est pas un conflit ethnique", estime M. Massoulov, "mais une provocation classique de forces destructrices et groupes criminels qui cherchent à destabiliser le pays et interrompre le processus politique engagé par le nouveau pouvoir". Dans cette région par ailleurs confrontée à une forte criminalité organisée – spécialisée dans le trafic de drogue – les habitants sont nombreux à voir dans les émeutes la main de l'ancien président déchu, Kourmanbek Bakiev, chassé du pouvoir par des manifestations en avril.

    Le sud du pays était l'un des bastions de l'ex-président, dont le frère, Akhmat, "contrôlait le Sud avec l'aide d'autorités criminelles" et en particulier du chef mafieux Aïbek Mirsidikov, alias "Aïbek le Noir", estime l'analyste kirghize Sanobar Chermatova. Aïbek le Noir est considéré comme le responsable de précédents affrontements entre Kirghizes et Ouzbeks, survenus fin mai à Djelalabad.

    Au-delà du rôle supposé des organisations criminelles dans les violences, les tensions entre Kirghizes et Ouzbeks sont une réalité dans le pays. Les Ouzbeks, économiquement défavorisés, s'estiment victimes de discriminations. Ils demandent notamment que leur langue soit reconnue comme langue officielle, et estiment souffrir plus que les Kirghizes de la corruption généralisée dans le pays, notamment parce que de nombreux Ouzbeks travaillent dans le commerce.

    En 1990, juste avant l'éclatement de l'URSS, de violentes émeutes avaient fait plusieurs centaines de morts à Och, lors d'affrontements entre les deux communautés.

    Le Monde.fr avec AFP
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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