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le "crime inavoué " de l'indépendance algérienne

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  • le "crime inavoué " de l'indépendance algérienne

    Le dernier livre de Saïd Sadi, Amirouche. Une vie, deux morts, un testament, a secoué la vie politique et médiatique algérienne. Des historiens, des anciens de la guerre et des cadres du Front de libération nationale (FLN) sont intervenus dans la presse nationale. Même le Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG), le service de renseignement de l’Armée de libération nationale (ALN), est sorti de sa réserve habituelle pour dire ses vérités. Il s’agit de la biographie du colonel Amirouche Aït Hamouda, responsable de la wilaya III (Kabylie) et bête noire de la France qui mobilisa vainement, pour en venir à bout, « près de 11 000 hommes, auxquels s’ajoutèrent les unités locales ; 8 généraux et 27 colonels (1) » lors de l’opération Brumaire en 1958.
    Saïd Sadi confirme la thèse de la trahison d’Amirouche par certains de ses camarades. Alors qu’il se rend à Tunis, pour rencontrer l’Armée des frontières (2), les forces françaises lui tendent une embuscade : son itinéraire leur a été communiqué. Lui, son compagnon Abderrazak Hamouda (3) et une quarantaine d’hommes seront tués le 28 mars 1959. Le texte aborde aussi la « deuxième mort » du Colonel : en 1963, « Boumediene […] fit déterrer clandestinement ses restes pour les séquestrer dans la cave de l’Etat major de la gendarmerie nationale (4) » où ils ont été retrouvés en 1983.
    La polémique suscitée par le livre de Sadi n’est pas la première du genre. En 1999, Ali Kafi, colonel de la wilaya II (Nord Constantinois), publie ses mémoires où il discrédite le Congrès de la Soummam (5) et s’en prend à la figure d’Amirouche dont les compagnons ont répliqué via la presse nationale. En 2002, sur la chaîne Al-Jazeera, l’ancien président Ahmed Ben Bella défraie la chronique en accusant l’« Architecte de la Révolution », Abane Ramdane, assassiné en 1958 par ses camarades (6) d’avoir été un « traître ». Cette calomnie a été suivie par de nombreuses condamnations, dont celles de Abdelhamid Mehri, Yacef Sadi ou la veuve du révolutionnaire. En revanche, Lakhdar Ben Tobbal, à la tête de la wilaya II, justifie ce crime dont il est l’un des instigateurs : « Abane Ramdane mérite plus que la mort parce qu’il a été un dictateur (7). »
    Une année après, Khaled Nezzar publie Algérie. Le Sultanat de Bouteflika. Le général à la retraite reproche à l’actuel président son manque d’engagement dans la guerre d’indépendance et de n’avoir pas connu le maquis. D’après Nezzar, Bouteflika a appris, au Mali, « par l’ouïe (8) » les faits de guerre qu’il s’attribue. L’auteur revient aussi sur la prise du pouvoir, en juin 1965, par l’armée des frontières de Houari Boumediene, que Chadli Bendjedid, ancien chef d’Etat (1979-1992), a voulu légitimer lors d’un colloque organisé à El Tarf en 2008. Faisant fi des turpitudes de son mentor, il parle des « “déserteurs tardifs de l’armée française”, [qui] ont été affectés aux trois zones de la base de l’Est. “Pour nous espionner” (9) » et cite parmi ces « espions » Khaled Nezzar lequel répliquera et donnera lieu à une longue polémique dans la presse (10).
    Les différentes invectives de cette décennie tournent autour des dernières années de la guerre, profondément liées au présent. Les apports originaux à l’Histoire sont rares et chacun, comme le dit Chadli, veut « rectifier certaines choses » dans le récit historique. On assiste à des lectures variées sur des faits que les historiens tiennent depuis longtemps pour acquis. Pourquoi alors tant d’insistance à redire les mêmes choses ?
    L’enjeu principal est la légitimation ou la délégitimation de l’institution étatique post-coloniale et s’appuie sur les deux figures symboliques d’Abane Ramdane et Houari Boumediene. En effet, l’obsession des intervenants est « l’indépendance confisquée (11) » par le « clan d’Oujda » qui justifie la suppression du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mythifie l’armée des frontières et calomnie l’armée de l’intérieur et les organisateurs du Congrès de la Soummam. Au même moment ceux qui s’identifient aux dirigeants historiques de l’intérieur déconstruisent le récit officiel et rappellent que l’armée des frontières a pris le pouvoir en menant la guerre contre les maquisards qui ont combattu la France.
    D’après l’anthropologue et psychanalyste algérien Nabile Farès, lui-même fils d’une grande figure indépendantiste, ces polémiques sont « la conséquence du crime inavoué : l’assassinat d’Abane Ramdane [car] l’impasse algérienne s’est constituée autour de la prise du pouvoir par l’Etat Major Général ». En effet, l’acte fondateur des institutions de l’Algérie indépendante n’est pas le Congrès de la Soummam qui redonnait une citoyenneté à tous les Algériens dans un pays multiconfessionnel assumant ses différences culturelles et qui, surtout, prônait la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur. Ces institutions ont surtout pour fondation le meurtre, en 1957, de l’architecte de la Révolution par Lakhdar Ben Tobbal et Abdelhafid Boussouf, successeur de Larbi Ben M’Hidi à la tête de la wilaya V (Oranie) (12). S’adressant à tous les Algériens sans exclusive, ouvert à toutes les différences, rassembleur et laïque, Abane était porteur d’un projet politique aux antipodes du régime militaire mis en place par le « clan d’Oujda ». L’assassinat des opposants au pouvoir a d’ailleurs été la règle sous Ben Bella et Boumediene. En témoigne la fin tragique du ministre des affaires étrangères, Mohammed Khemisti, assassiné en 1963. Il fut suivi par Mohammed Khider, Krim Belkacem, Mohamed Seddik Benyahia, André Mecili…
    Même les membres du « clan d’Oujda » s’entre-déchirent. Chacun voulant légitimer son autorité, ils se délégitiment en tant qu’institution clanique. Ici aussi, le débat tourne autour de la figure de Boumediene qui place qui il veut quand il veut et où il veut. Pour Nabile Farès, ces déchirements n’ont rien d’étonnant : « Ces gens ont été envoûtés par un discours hypnotique. Ils sont en train de se libérer de Boumediene ».
    Les historiens observent une certaine neutralité à l’égard de ces débats et refusent, comme Daho Djerbal, d’« ajouter à la polémique ». Ils continuent de dénoncer « l’inaccessibilité et la non-communicabilité des archives en Algérie (13) ». Pendant ce temps, ni Bouteflika, ni aucun autre membre du gouvernement n’a participé à la controverse, même si la ministre de la culture a voulu empêcher la parution du livre de Saïd Sadi. En revanche, le pouvoir central continue à donner de l’épaisseur à l’Histoire officielle. L’Etat veut financer un film sur l’émir Abd-el-Kader dont la réalisation serait confiée à Rachid Bouchareb, alors qu’une série sur l’héroïne Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863), dans des décors du XXIe siècle, est diffusée actuellement par la télévision nationale.

    Ali Chibani 16 juin2010 le monde diplomatique
    Dernière modification par kaiser, 17 juin 2010, 16h18.
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)

  • #2
    Pourquoi tu ne précises pas, que c'est l'écrit d'un lecteur de "la valise diplomatique" du Monde , qui n'engage que la personne qui l'écrit et non le pretigieux journal et ses journalistes .

    Mauvaise foi ??????
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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    • #3
      En revanche, le pouvoir central continue à donner de l’épaisseur à l’Histoire officielle. L’Etat veut financer un film sur l’émir Abd-el-Kader dont la réalisation serait confiée à Rachid Bouchareb, alors qu’une série sur l’héroïne Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863), dans des décors du XXIe siècle, est diffusée actuellement par la télévision nationale.
      Esperons que les scénaristes seront fidèles à la réalité et qu'un vrai travail d'histoire et de rééducation soit réalisé grâce à ces films. Rééducation parce que les algériens ont été abusés depuis 1957 par ceux qui ont manipulé l'histoire et les mémoires pour faire de l'Algérie un pays peu glorieux et sans passé. Ce qui est totalement faux. L'emir Abdelkader fait parti de notre histoire mais Abane Ramdane mériterait une plus grande place dans les livres et les médias, il est le père de la Révolution et l'appel du 1er novembre 1954 est son oeuvre. Ceux qui l'ont effacé de l'histoire d'Algérie doivent avoir leur conscience qui les travaille à l'approche du trépas.
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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      • #4
        Iska

        Un article écrit dans un journal entraîne sa responsabilité des écrits qui y sont publiés.
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          Pourquoi tu ne précises pas, que c'est l'écrit d'un lecteur de "la valise diplomatique" du Monde , qui n'engage que la personne qui l'écrit et non le pretigieux journal et ses journalistes .

          Mauvaise foi ??????
          Quand un article te plait il engage tout le monde, mais quand il te plait pas il n'engage que son auteur attention :!

          Il n'y a que la vérité qui blesse

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          • #6
            Bien sûr que la guerre d'Algérie possède ses zones sombres et que nous devrons accepter sans aucun détour.

            Mais la gloire de l'incroyable exploit est le fait que c'est Krim Belkacem qui signera, à Evian en 1962, la capitulation française! La justice à l'état pur pour celui qui avait gagné le maquis en 1947 certain que l'invraisemblable exploit était possible.

            En 1947, il fallait être plus que "fou" pour croire que l'ndépendance algérienne était possible...était possible sans aucune garantie de résultat, mais il fallait l'oser. "Dorénavant, plus rien ne sera comme avant".

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            • #7
              notre independance reste encore au travers de la gorge de certains

              cest tres bien

              ils peuvent continuer a ettoufer....car cest parti pour durer !!


              (petain, leur marechal adoré....)

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              • #8
                Pourquoi tu ne précises pas, que c'est l'écrit d'un lecteur de "la valise diplomatique" du Monde , qui n'engage que la personne qui l'écrit et non le pretigieux journal et ses journalistes .

                Mauvaise foi ??????
                c'est pathologique!

                dieu sait que je ne poste pas pour denigrer les mal-intentionnés qui prennent leurs cas pour une généralité je m'en tape
                "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)

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                • #9
                  En revanche, Lakhdar Ben Tobbal, à la tête de la wilaya II, justifie ce crime dont il est l’un des instigateurs : « Abane Ramdane mérite plus que la mort parce qu’il a été un dictateur (7). »
                  Alors comme ça Abane Ramdane aurait été liquidé par des démocrates. ha. ha. ha. c'est une bonne blague.
                  la curiosité est un vilain défaut.

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