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Le chambitt de mon village

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  • Le chambitt de mon village

    Vous avez des histoires sur le fou de votre village ou un autre personnage ? Racontez !
    j'ouvre le bal avec cette chanson que l'on chantait dans mon village dans les années 50 et qui décrit assez fidèlement le chambitt de mon village*. J'y reviendrai.

    On est mieux assis que debout
    Et trois fois mieux couché qu’assis
    Mais ce pouilleux de fils d’Ali
    Aux furibonds yeux d’œuf de pou
    Interdit la sieste au village.
    Ali, fils d’Ali, dit la loi
    Garde champêtre assermenté.
    Il verbalise, a tous les droits
    Rafle l’argent des pétroliers
    à ceux qui travaillent au forage.
    Il se prend pour le commandant
    Avec la plaque et les menottes
    Un pistolet et la chicotte.
    Derrière nous, toujours courant
    Il traque les buveurs d’anis.
    Il a crayon et calepin
    Mais n’a jamais su lire un mot
    C’est d’ailleurs un vrai sac à vin
    La bouche avide au gros goulot
    Chacun le sait dans l’oasis.

    *Oui Sirène, je sais que c'est du réchauffé, mais c'est toi qui en demande et Pandore aussi.
    Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

  • #2
    oh super chouette...........j'aime les fous des villages y'a toujours de sacrées histoires........en naissent des histoires de fous,des contes imaginaires pour les enfants..........
    on fait avec..........

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    • #3
      ... Ah mais Tergui... c'est un plaisir que de relire ces histoires... Merci !

      Où est Sidi Noun et ses histoires...


      « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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      • #4
        OUI .... on attend le conteur Noun....

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        • #5
          pas d'autres?
          on fait avec..........

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          • #6
            Le chambitt de mon village.
            Lorsque je l'ai rencontré pour la première fois, il poussait un chariot et parcourait les rues de mon village en criant "Sfendj" ou encore "Ahoua ja khamdi jib drahem ou arouah teddi". Ma mère envoyait alors un des petits acheter, à 10 centimes pièce, quelques beignets pour agrémenter notre frugal petit déjeuner.
            Rescapé de la guerre d'Indochine où sa couleur et ses yeux (en oeuf de pou, comme le décrit la poétesse), lui avaient rendus un fier service, le soustrayant à une mort certaine, khamdi, c'était le sobriquet par lequel on le désignait, est revenu au pays à la finde la guerre... sans argent, sans gloire, mais avec beaucoup d'histoires à raconter.
            L'officier français qui commandait à la destinée de notre ksar, en proie à l'angoisse et à l'affolement, en raison des bruits qui couraient, désigna khamdi à la fonction de flic du village pour assurer l'ordre, mais surtout pour rapporter à l'officier ce qui se passait et se disait au village.
            Khamdi parcourait le ksar dans tous les sens, fustigeant les uns, sermonant les autres dans un langage parfois ordurier. Les enfants se dissimulaient dès qu'ils entendaient sa voix reconnaissable entre mille.
            Le soir venu, Khamdi allaient rejoindre un groupe de jeunes et leur raconter ses conquêtes indochinoises en absorbant de grandes quantités d'abshinte. Après quoi, il allait cuver son vin chez une prostitué.

            A sa décharge, il faut dire que durant toute la période de la guerre d'indépendance, pas un villageois ne fut dénoncé, pas un villageois ne fut trainé devant l'officier français. En dépit d'un caractère, en apparence bourru, Khamdi a su régler les différents entre les villageois et garder le secret conernant les moudjahidines qui activaient dans la région.

            Au lendemain de l'indépendance, il disparût du village et pendant plusieurs années on n'en a plus entendu parler. Au début des années 80, il revint au village, travesti en vendeur de beignets.


            PS
            Quelqu'un peut me dire comment insérer une image à partir de mon disque dur ?
            Dernière modification par ETTARGUI, 27 juin 2010, 12h30.
            Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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            • #7
              Envoyé par ETTARGUI
              Quelqu'un peut me dire comment insérer une image à partir de mon disque dur ?
              je ne sais pas s'il y a une méthode directe du disque dur vers le forum, mais tu peux toujours l'héberger dans un site dédié aux images, comme http://imageshack.us/ , puis insérer ici le lien fourni par ledit site.

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              • #8
                Error... désolé
                Dernière modification par ETTARGUI, 27 juin 2010, 11h47.
                Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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                • #9
                  il faut donner le lien direct

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                  • #10
                    Sid Ali El Mir

                    ETTARGUI, Chez toi c’était le fils d’Ali, chez moi c’était Sid Ali, Sid Ali El Mir, qui faisait un peu dans l’excès de zèle aussi, mais qui était serviable en même temps. Il avait tout sous son œil, il sait tout ce qui se passait dans le quartier. Et dès qu’il le voulait, il faisait intervenir la police: pour des gamins un peu turbulents, pour des fenêtres où du linge est tendu, pour un voisin qui fait des travaux de transformation dans sa maison… Sid Ali avait un seul mot dans la bouche "mamnou3, interdit"…Même le commissaire en personne avait plus de peine à faire intervenir ses hommes.

                    Sid Ali n’était pas maire bien sûr, mais il était tout le temps à la mairie. L’état civil c’était lui ; personne dans le quartier ne se déplaçait à la baladiya pour un quelconque document. Ni à la daïra d’ailleurs. Il suffisait de lui dire "Sid Ali, wach lazem bach ndir passeport", pour qu'il réponde machinalement et avec fierté: "chahadat milad ta3ek w’eta3 babak, 4 tsawer, ou timbre ta3 mitine allef…ghedwa ndjiblek cartone t3amrou"… eh oui, c’est tout! Puisque le reste des papiers c’est lui qui va les extraire. Et au bout d’une dizaine de jour, le passeport est délivré, alors que les gens des autres quartiers, qui n’ont pas Sid Ali, moisissaient des semaines et des semaines pour pouvoir enfin avoir leurs passeports.

                    Pour les cartes d’identité, il les ramenait avec lui et les remettait aux personnes dans la quartier. Il prenait même la peine de ramener avec lui la boite de tampon à encre, et c’est dans le cage d’escalier qu’il faisait apposer l’empreinte du demandeur sur sa carte d’identité.
                    Quand il n’est pas à la mairie ou à la daïra, Sid Ali s'asseyait sur un bout de carton dans l’un des coins du quartier avec son transistor à piles collé à l’oreille, il adorait annoncer les nouvelles. Bonne ou mauvaises, peu importe, l’essentiel c’est qu’il le savait avant tout le monde et c’est lui qu’il l’a annoncé en premier…alors ça va des résultats des matchs de football, genre: "khessret Mouloudia" aux gravissimes attentats terroristes: "darou boumba f’el matar."…Sid Ali aimait l’exclusivité, c’est par cela qu’il se sentait utile peut-être…surtout depuis qu'il ne pouvait plus aider à faire délivrer les passeports aux gens, il disait avec regret : "tzeyret doka, machi kima berkri"...Sa frustration était grande.


                    Sid Ali était un grand fumeur, et c’est la cigarette qui fait qu’aujourd’hui je l’évoque au passé. Un cancer de la gorge l’a ravi à notre quartier, et aux siens, à la fleur de l’âge.
                    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                    Socrate.

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                    • #11
                      Merci Hidabi d'avoir inséré la photo du chambitt de mon village.
                      Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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                      • #12
                        de rien Ettargui...
                        d'ailleurs, tu me fais penser à deux chnabet de chez moi, j'en parlerai peut-être un de ces quatre !

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                        • #13
                          Hahaha
                          Elfamilia
                          Allah yerham Sid Ali el mir!!! Des gens comme Sid Ali font partie d'un tout qui fait un village, leur disparition laisse toujours un vide ressenti par les gens du village...
                          Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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                          • #14
                            Des gens comme Sid Ali font partie d'un tout qui fait un village, leur disparition laisse toujours un vide ressenti par les gens du village...
                            Tout à fait.
                            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                            Socrate.

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                            • #15
                              d'ailleurs, tu me fais penser à deux chnabet de chez moi, j'en parlerai peut-être un de ces quatre
                              superbe photo.........racontes,j'adore ces histoires........
                              on fait avec..........

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