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Quand la France du foot subit une défaite .

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  • Quand la France du foot subit une défaite .

    Quand la France du foot subit une défaite, c’est le Maroc qui gagne et prend une revanche sur l’histoire.Tiers-Monde
    La France est peut-être un pays en voie de sous-développement. La preuve : chef d’Etat et hommes politiques se mêlent de foot et, comme dans n’importe quel pays du Tiers-Monde, on évoque des histoires de patriotisme insuffisant pour justifier une défaite sportive. Ça commence par une élimination sous l’incroyable bourdonnement des vuvuzelas, ça se poursuit par une étonnante mutinerie de joueurs chauffés à blanc, et
    ça aboutit à une crise de société, de culture, de mentalités. Avec tous les plateaux télé et tous les discours excessifs que cela peut supposer. Adieu le Mondial, bonjour la fracture sociale. On les voyait venir, nos amis français. En 1998, ils ont gagné le Mondial grâce à la génération blanc – black – beur, alors modèle d’intégration dans le moule de la société française. En 2010, ils perdent tout et le blanc – black – beur incarne désormais l’échec de ce modèle d’intégration. Cela tient à si peu de choses, finalement… En bon élève du Tiers-Monde, la France nous explique le fiasco de ses footeux par leur mauvaise éducation. Les joueurs ne respectent rien, ils ne mouillent pas le maillot, ils ne chantent pas l’hymne national, ils gagnent trop d’argent, ils disent des gros mots, ils collent des doigts d’honneur aux journalistes. On peut enfoncer le clou en supposant que ces mêmes joueurs n’aiment pas Dieu, qu’ils trompent leurs femmes, qu’ils ne rendent pas visite à leurs parents et qu’ils ne viennent pas en aide aux nécessiteux. Le bon docteur Le Pen y est allé de son couplet sur la “rareté des joueurs blancs dans cette équipe de France”. Sarkozy, en bon chef d’Etat d’un pays en voie de développement, apporte son grain de sel en accordant des audiences aux joueurs et en lançant une commission d’enquête. Cohn-Bendit replonge dans ses souvenirs de 1968 pour disserter sur “la crise de 2010”. Bref, c’est un pays entier qui arrête de respirer et veut absolument convoquer l’histoire, la philosophie, la politique, l’économie et le n’importe quoi pour justifier une défaite sur un petit terrain de foot. On vous le disait, la France est un pays en voie de sous-développement.

    Belliqueux et revanchards
    Nos buveurs de lait aiment les documentaires animaliers et les anchois marinés en guise de “tapas”, mais pas autant que le foot. Parce qu’ils préfèrent l’adrénaline et les émotions fortes procurées par le ballon rond au curare distillé par les images du vieux roi lion. Alors ils devisent sur l’actualité du Mondial comme ils décrypteraient la crise économique mondiale. Ça part vite et ça fait mouche à tous les coups. Dès la première tournée, le foot devient une affaire très sérieuse. Et totalement incompréhensible. Ils supportent l’Algérie quand elle bat l’Egypte, mais ils applaudissent les Etats-Unis quand ils sortent l’Algérie. Ils n’aiment pas du tout la France même si elle est plus black et beur que blanc. Ils n’aiment pas sans savoir exactement pourquoi, ou alors si : la France, ça rappelle le Maroc, le passé, l’histoire du protectorat, l’exil de Mohammed V et tout un tas de revanches à prendre sur le temps. Quand la France subit une défaite, c’est le Maroc qui gagne. Et puis, de toute façon, ils préfèrent, et de loin, l’Italie. Et cela n’a heureusement rien à voir avec Berlusconi. Ils aiment l’Italie parce qu’elle frime, parce qu’elle triche, et tant pis si elle se fait éliminer. Sinon, ils ne se sentent absolument pas concernés quand c’est le Ghana ou n’importe quelle équipe africaine qui joue sa peau. Et avec tout cela, ils trouvent le moyen de glisser un mot sur la Palestine ou Israël pendant qu’ils essaient de comprendre pourquoi un pénalty n’a pas été sifflé… Nos buveurs de lait et mâchouilleurs de tapas, mesdames et messieurs, ressemblent au supporteur de foot moyen, pour ne pas dire au Marocain lambda. Un être complexe, convaincu d’une chose et de son contraire, habité par la peur de tout perdre, sûr de comprendre les enjeux du monde comme il va, capable de s’énerver comme une puce. Et pressé d’en découdre pour un oui ou pour un non.

    Telquel
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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