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Pillage de joueurs

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  • Pillage de joueurs

    Publié le : 30 juin 2010 - 9:29am | Par Rédaction Afrique

    Les colonisateurs devraient se réjouir de ne pas être accusés du pillage des talents footballistiques du continent africain.

    Joseph Opio / Twenty Ten

    Les colonisateurs sont souvent accusés de dépouiller leurs colonies africaines de leurs ressources minières.Accusation vigoureusement rejetée par des pays comme la Grande Bretagne, la France et le Portugal.
    Pourtant, ces colonisateurs devraient se réjouir de ne pas être accusés d'un faute plus grave – le pillage des talents footballistiques du continent africain. Accusation qu'ils auraient du mal à nier.
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    L'un des plus grands talents que l'Europe a enlevé à l'Afrique est sans doute Eusébio da Silva Ferreira, régulièrement cité parmi les grandes gloires du sport mondial. Né à Maputo en 1942, il fut aussitôt transféré au Portugal des que les colons découvrirent ses habiletés envoutantes. Le prodige n'a évidemment pas eu son mot à dire en la matière. Eusébio fut ainsi ravi au Mozambique en 1960. age alors de 18 ans.
    Son billet d'avion a été l'investissement le plus lucratif que le Portugal ait jamais eu à faire.

    La Panthère Noire, comme il était affectueusement connu, rejoignit l'équipe nationale portugaise moins d'un an après son arrivée et remporta la Coupe d'Europe des clubs avec Benfica l'année suivante. Au moment où le Mozambique devenait indépendant, Eusébio était couronné Meilleur joueur européen de l'année.

    Un an après l'independance du Mozambique, ses compatriotes ne pouvaient que regarder la fusée Eusébio propulser le Portugal en demi-finales du Mondial 1966. Il était si précieux que les clubs européens s'alignaient avec des offres de contrat et faisaient de lui une fierté nationale. Antonio Oliveira Salazar, alors souverain du Portugal, s'était dépêché de le déclarer trésor national, interdit de vente hors des frontières portugaises.

    Le Portugal et les autres puissances coloniales ont utilisé le colonialisme pour exporter illégalement les plus grands talents africains, mais la fin de l'ère coloniale n'a pas mis fin à cette pratique. Des preuves irréfutables existent et prouvent que ces puissances ont plutôt adopté de nouvelles méthodes, plus acceptables politiquement.

    Au Mondial 2010, des joueurs qui devraient normalement faire partie des équipes africaines représentent des équipes européennes, après avoir changé de nationalité. Alors que Eusebio et ses semblables n'avaient pas eu de choix en la matière, actuellement, les joueurs africains qui choisissent de jouer pour des équipes européennes ont été attires par d'autres moyens. Dans les années 1990, lorsque les clubs européens ne pouvaient aligner qu'un nombre limité de joueurs hors l'Union, l'obtention d'une nationalité de l'Union européenne était devenu un objectif de carrière pour les joueurs d'origine africaine. Les passeports ainsi obtenus les rendaient infiniment plus attractifs aux yeux des recruteurs européens que leurs homologues non européens.

    Il est bien entendu qu'avec ou sans passeport européen , choisir de représenter un pays européen aux dépens de l'Afrique est en-soi une décision prudente. Zinedine Zidane, le célèbre milieu de terrain, avait choisi la France sur l'Algérie. Il n'est pas certain que Zidane aurait atteint de tels sommets s'il était resté fidèle à ses racines Nord-africaines. La France, avec ses nombreuses ressources et l'absence de tracasseries logistiques et administratives qui caractérisent l'Afrique, est une plate-forme de lancement vers la gloire éternelle nettement plus sûre que l'Algérie.

    La même logique est inversement applicable au cas de George Weah, qui s'est fait un nom en France avec l'Association sportive de Monaco, avant de partir pour le Milan AC. Pourtant, bien qu'ayant remporté une multitude de trophées, y compris le ballon d'or africain, européen et mondial, Weah a payé cher pour avoir repoussé les avances de la France. La Coupe du monde, la plus grande scène sportive de toutes, n'a jamais vu ses talents exceptionnels et le patrimoine du libérien en sera éternellement diminué.

    De telles raisons illustrent clairement pourquoi les pays européens arrivent encore à attirer les talents africains malgré la fin du colonialisme. La force impériale du Portugal, de la France et compagnie a fait place à l'appât moderne sous forme de richesse économique.

    Un aperçu des équipes présentes en Afrique du Sud condamne la France comme la plus effrontée des coupables. Représentant de l'Europe dans le groupe A, la France pourrait facilement passer pour une équipe africaine. Elle a presqu'autant de ressortissants africains que l'Afrique du Sud, représentante officielle de l'Afrique dans ce groupe.

    La défense des Bleus, à elle seule, comporte deux talents africains. L'arrière droit Bacary Sagna est né d'immigrants sénégalais en France. En 2002, lorsque le Sénégal s'était qualifié pour le Mondial, le père de Sagna a envoyé des lettres au sélectionneur Bruno Metsu, ainsi qu'à la Fédération sénégalaise de football, leur demandant de convoquer son fils, qui était alors remplaçant à l'A.J. Auxerre. Ses lettres n'ont reçu aucune attention jusqu'au jour où son fils a fait ses débuts en Ligue 1 (première division française), trois ans plus tard. Le Sénégal, désespéré, avait téléphoné au domicile de Sagna pour le convier à jouer pour l'équipe nationale, mais c'était trop tard. René Girard, l'entraîneur de l'équipe de France des moins de 21 ans, avait déjà convaincu le père de Sagna, par des appels quotidiens, de l'intérêt de son fils à jouer pour son pays d'adoption.

    Patrice Evra, l'arrière gauche, est né d'un père sénégalais et d'une mère cap-verdienne. Contrairement à Sagna, le capitaine des Bleus est né et a grandi dans la capitale sénégalaise, Dakar, avant d'immigrer vers la France. Concernant sa décision de représenter la France, il dit: « J'ai reçu une offre de jouer pour le Sénégal, mais mon père m'a dit de suivre mon cœur. J'ai choisi la France ».

    Le Sénégal ainsi que d'autres pays africains ont, bien entendu, toujours eu des doutes sur ce qu'ils perçoivent comme une institution française visant à piller les talents footballistiques africains. C'est l'une des raisons pour lesquelles la victoire du Sénégal face à la France, 1-0 lors du Mondial 2002, a été autant célébrée. Elle avait été interprétée comme une claque au visage du colon supérieur et insensible. En dehors de Sagna et Evra, l'équipe de France en Afrique du Sud regorge d'autres ressortissants africains.

    Le gardien remplaçant Steve Mandanda est né à Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC). En 2008, Mandanda a joué avec son pays d'adoption contre son pays d'origine. Ce qui a aussi rendu la situation ridicule, c'est le fait que le frère cadet de Mandanda, Parfait, gardait les buts de la RDC adverse. C'est peut-etre pour cela qu'il n'y eut pas de gagnant.

    Aliou Diarra vient du Sénégal; Abou Diaby et Djibril Cissé ont des racines ivoiriennes; Sidney Govou est originaire du Bénin, alors que que Pierre André Gignac a du sang algérien dans les veines. Gignac est un attaquant remplaçant qui ne pourra sans doute pas une empreinte aussi grande que celle de Zinedine Zidane.

    Les anciens coéquipiers de Zidane, Marcel Desailly, Patrick Vieira et Claude Makelele, sont tous africains. Desailly est né à Abbey Odenke au Ghana. Il changea son nom lorsque sa mère épousa le Consul français à Accra. Le futur défenseur de l'équipe de France n'était alors âgé que quatre ans.

    Vieira, d'autre part, est né au Sénégal de parents cap-verdiens. Makelele, dont le nom signifie 'bruit' en Lingala, est originaire de Kinshasa, en RDC.
    La dépendance des Bleus des talents africains faciles a piller n'a été apparente qu'à la suite de leur triomphe au Mondial 1998. Mais les experts attentifs du sport en parlaient déjà depuis longtemps. Du célèbre Juste Fontaine (Maroc) à Basile Boli (Côte d'Ivoire) en passant par Jean Tigana (Mali), les Bleus sont des récidivistes pour ce qui est de ce crime. La France n'est pas pour autant le seul participant du Mondial 2010 à être coupable d'un pillage de joueurs aussi patent.

    La Seleção, l'équipe nationale portugaise, aura aussi joueur d'origine africaine dans son effectif, en la personne de l'arrière droit Miguel, dont les parents sont originaires du Cap Vert. Miguel aurait dû être rejoint par Nani et José Bosingwa (respectivement nés au Cap Vert et en RDC), n'eussent été des blessures inopportunes de ces derniers.

    Néanmoins, force est de constater que ce ne sont pas seulement les anciennes puissances coloniales qui moissonnent les talents africains de nos jours. L'Allemagne n'a jamais colonisé le Ghana, mais l'entraîneur Joachim Löw est arrivé en Afrique du Sud avec le ghanéen Jérôme Boateng dans son effectif. Celui-ci, né d'un père ghanéen qui a immigré en Allemagne en 1980, a un demi-frère du nom de Kevin-Prince Boateng, qui a décidé de représenter son pays d'origine. L'ironie du sort est que l'Allemagne et le Ghana s'affronteront dans la phase de poule, lors d'un match du groupe D. cCet humour ironique du calendrier des matches fait que les deux frères s'opposent lors de leur dernier match de poule, dans une reconstitution du burlesque épisode des frères Mandanda.

    Pour les africains critiques de l'exploitation impérialiste, l'Afrique doit également arrêter le pillage de ses plus beaux joyaux par l'Occident.

    Radio Nederland Wereldomroep

  • #2
    La question que les africains, notamment les dirigeants, doivent se poser est: pourquoi ces natifs d'Afrique ne veulent pas représenter leur pays une fois qu'ils se trouvent sous des cieux mieux cléments!!!!

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