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L'humour selon le prophète Mohamed

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  • L'humour selon le prophète Mohamed

    Le prophète Mohamed (QSSL) était ennemi des quolibets, de la moquerie, de l'ironie et de tout ce qui pouvait humilier ou blesser. Il prônait l'humour pour autant qu'il reste dans les limites de la pudeur et de la décence, affirme l'anthropologue français Jean-Jacques Schmidt, auteur de "Le livre de l'humour arabe".

    Schmidt a accordé une interview au quotidien "La Libre Berlgique" que j'ai trouvé intéressante (ci dessous). Bonne lecture.

    ===
    Le rire oui, pas la moquerie blessante

    On a beaucoup entendu, à la faveur de cette crise, l'assertion selon laquelle la culture arabo-musulmane s'accommodait mal de l'humour, la plaisanterie, la légèreté, l'autodérision. Partagez-vous ce constat?

    Nullement. Le prophète Mahomet lui-même disait: «Allégez vos coeurs instant après instant car quand les coeurs sont las, ils s'aveuglent». C'est une volonté d'objectivité: il faut que l'esprit soit libéré. Dire que le prophète lui-même était ennemi de la plaisanterie est un non-sens.

    Jusqu'où concevait-il l'humour?

    Il était ennemi des quolibets, de la moquerie, de l'ironie et de tout ce qui pouvait humilier ou blesser. Il prônait l'humour pour autant qu'il reste dans les limites de la pudeur et de la décence.

    A sa suite, à travers toute l'histoire, de grands maîtres de la théologie musulmane ont consacré des pages entières aux vertus de la plaisanterie et du bon mot, considérés comme l'éclairage de la pensée. A l'époque omeyyade puis abbasside, l'humour et le sens de la plaisanterie étaient présents à tous les niveaux, y compris parmi les hiérarques et les dignitaires musulmans, qu'ils soient sunnites ou chiites peu importe, dans toutes les sphères: le monde de la spiritualité, le monde économique, politique, etc. Il allait même parfois jusqu'à la dérision. De tout temps, l'humour, le bon mot, le trait d'esprit, le rire, ont été des éléments dynamiques d'évolution de la société arabo-musulmane.

    Le tollé d'aujourd'hui dans le monde musulman est donc en total décalage avec la pensée originelle du prophète?

    Je ne crois pas qu'il y ait un décalage. Aujourd'hui encore, les musulmans même les plus pieux - je ne parle pas des extrémistes, qui existent partout - ont conservé ce sens de l'humour. C'est une erreur monumentale que de se les représenter comme renfermés sur eux-mêmes, arc-boutés sur leurs certitudes, austères dans leur existence et, pour les croyants, dans leur foi.

    Mais ils pratiquent un humour qui n'attaque jamais la religion en tant que telle, et encore moins le prophète lui-même. Un peu comme dans le monde profane, Molière raillait les médecins sans attaquer la médecine. Cet humour respecte de bout en bout la religion mais brocarde volontiers ses représentants, qui croient tout savoir et parfois ne savent rien et sont des ignares: les imams, les muezzins, etc., qui ont eux peut-être oublié le goût du prophète pour l'humour.

    Un humour, donc, qui ne s'attaque pas aux dogmes?

    Oui. Et qui respecte les valeurs sacrées, intouchables.

    Quelles sont-elles?

    Par exemple, présenter Mahomet comme Dieu ou comme le fils de Dieu est jugé comme une transgression inacceptable. L'islam et le judaïsme ont en commun le sens de la transcendance. Il y a d'une part Dieu, et d'autre part les créatures. C'est la raison pour laquelle les mystiques, les soufis, ne sont pas toujours en odeur de sainteté dans le monde musulman: parce que le soufisme, dont l'ultime stade est de ne former qu'un être avec Dieu, est la négation de ce dogme de la transcendance entre l'homme et Dieu.

    Une autre transgression majeure du dogme est la représentation de la figure même du prophète.

    D'où l'hiatus de ces dessins.

    Oui. Quand on dépasse une certaine limite, on transgresse une certaine éthique, on atteint la sphère du spirituel, il faut faire attention. Ce monde arabo-musulman, faut-il le rappeler, est un peu exacerbé, poussé à bout, chauffé à blanc. Dans ces conditions, la maladresse peut faire des dégâts. Ou la provocation: aurait-on voulu prouver au monde entier la véracité des thèses des néo-conservateurs américains sur l'existence d'un prétendu choc des civilisations qu'on n'aurait pas agi autrement.

    «Le livre de l'humour arabe», éditions Sindbad/Actes Sud, 2005.

    Avec BERNARD DELATTRE - lalibre.be

  • #2
    aurait-on voulu prouver au monde entier la véracité des thèses des néo-conservateurs américains sur l'existence d'un prétendu choc des civilisations qu'on n'aurait pas agi autrement.


    rien a ajouter...
    sauf que...

    Commentaire


    • #3
      Je trouve son analyse trés juste ce ype ! Du moins pour un occidental il a trés bien cerné les subtilité des esprit orientaux en la matière ! Bravo.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

      Commentaire

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