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En France, le roi est nu

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  • En France, le roi est nu

    Serge Michel

    Plombé par les frasques de ses ministres et son bilan dérisoire, Nicolas Sarkozy se retrouve face au spectre de l’échec

    Il y avait, au moment de son élection en 2007, quelque chose de magique chez Nicolas Sarkozy. Son âge, son énergie, sa volonté de rupture, sa boulimie de réformes et un discours séduisant bâti sur des valeurs, comme le «travail», et des promesses, comme la «République irréprochable».

    Après l’interminable torpeur des années Chirac, la France semblait enfin prête pour le grand saut, pour des ajustements de son train de vie douloureux et néanmoins plébiscités. De fait, les premiers mois au pouvoir de cet homme monté sur des ressorts ressemblèrent à un véritable feu d’artifice. Nicolas Sarkozy semblait alors d’une habileté inouïe. Il pratiqua «l’ouverture politique» pour associer des personnalités de gauche à son action et lui conférer un caractère d’intérêt national. Il brandit la carte de la «diversité» en s’entourant de trois femmes issues des minorités visibles, pour incarner la France de demain. Politiquement, il paraissait invincible: l’extrême droite était moribonde, la gauche déboussolée et le centre avait perdu toute raison d’être.

    Trois ans plus tard, l’artifice a fait long feu. Il ne reste de l’ouverture qu’un ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui n’a pas eu son mot à dire depuis 2007, et la figure trouble d’Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Il ne reste de la diversité que la secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade, qui peine à justifier ses frais de voyages, et celle chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara, dont le «Plan Espoir Banlieues» se révèle un échec complet et qui est, elle aussi, accusée d’avoir fait de son appartement de fonction un usage très personnel. Le bilan présidentiel semble ainsi devoir se résumer à la seule réforme des retraites, urgente et nécessaire mais qui pourrait bien sombrer avec son artisan, Eric Woerth. De fait, il y a fort à parier que la démission forcée, dimanche soir, de deux secrétaires d’Etat ne suffira pas à restaurer la crédibilité d’un gouvernement carbonisé et l’autorité d’un président dont la cote de popularité est au plancher. Nicolas Sarkozy a joué avec le feu, et il est en train de perdre. Le spectacle qui apparaît au fur et à mesure que se dissipe le nuage de fumée est affligeant: la France est surendettée, les réformes sont paralysées et l’extrême droite s’apprête à renaître de ses cendres.

    LeTemps.ch

  • #2
    «Les privilèges deviennent insupportables en période de crise»

    Propos recueillis par Caroline Stevan

    Selon le politologue Bruno Cautrès, système politique et opacité administrative favorisent les dérapages en France

    Le grand remaniement avait été promis pour octobre. Dimanche 4 juillet, deux secrétaires d’Etat, Alain Joyandet et Christian Blanc, ont été «démissionnés» du gouvernement. L’un et l’autre avaient été épinglés pour avoir abusé des deniers publics – voyage aux Antilles en jet privé pour Joyandet (116500 euros), achat de cigares cubains pour Christian Blanc (12000 euros). Bruno Cautrès, chercheur au Centre national de la recherche scientifique, à Paris, revient sur les affres des dirigeants français.

    Le Temps: Pourquoi Alain Joyandet et Christian Blanc, alors que d’autres sont également impliqués dans des «affaires»?
    Bruno Cautrès: Parce que ce ne sont pas des poids-lourds du gouvernement, contrairement à Eric Woerth. Une grande partie de l’opinion n’a fait la connaissance de Christian Blanc - pourtant ancien PDG d’Air France - qu’avec l’histoire des cigares. Il était plus facile de se débarrasser d’eux sans faire trop de vagues. En outre, leurs abus sont évidents; l’idée que le contribuable paie les cigares d’un ministre est choquante dans l’absolu et plus encore en période de crise.

    - Et que dire de Christian Estrosi, ayant prêté son logement de fonction, comme Fadela Amara, ou bien encore de François Baroin, ministre du budget, dont la compagne était fiscalement domiciliée aux Etats-Unis?
    - Leurs excès sont moins flagrants et, surtout, ils ont été révélés au début du cycle. De plus en plus d’affaires éclatent, comme une sauce qui prendrait de l’épaisseur. Cela cristallise. Si ces histoires de logements de fonction apparaissaient aujourd’hui, elles auraient une toute autre importance.

    - On entend beaucoup dire qu’ailleurs, ces ministres auraient sauté depuis longtemps.
    - On peut toujours s’interroger sur l’exception française. Les carrières politiques y sont relativement plus longues qu’à l’étranger et se confondent avec le parcours professionnel. Il devient dès lors plus difficile de se débarrasser de quelqu’un en cas de problème. Ailleurs, le seul soupçon implique déjà la démission. A cela s’ajoute une autre particularité, la culture de parti y est moindre, aussi une personne mise en cause n’éprouve pas le besoin de démissionner pour préserver sa formation politique.

    - Cela donne-t-il une classe politique plus corrompue que la moyenne?
    - Les politiciens français ne sont pas plus avides ou corrompus qu’ailleurs, mais la culture politique est un peu différente. Il y a une interpénétration forte entre la haute fonction publique et la politique. Le système est très présidentiel et si le contrôle parlementaire a fait des progrès, l’exécutif continue à dominer. L’administration, en outre, est verticale et opaque. On a tendance à passer sous silence les conflits d’intérêts. Dans ce contexte, le dérapage est à la portée de beaucoup de monde.

    - Que devient le remaniement annoncé pour octobre?
    - Il aura certainement lieu car la majorité devra faire passer le message, après la réforme des retraites, qu’elle se met dans la perspective des présidentielles de 2012. Or, l’idée de projet passe par l’arrivée de nouvelles têtes. François Fillon, sans doute, restera à Matignon. Il est plus populaire que Nicolas Sarkozy; son éviction serait mal interprétée. Il y aura des changements symboliques forts, mais plus dans la logique de 2012 que dans le cadre d’un règlement de comptes lié au bilan du gouvernement.

    - Le remaniement a été annoncé mercredi, Joyandet et Blanc ont démissionné dimanche. Que s’est-il passé entre temps?
    - La tension est montée d’un cran après l’annonce de ce remaniement. Une telle réponse est en effet totalement illisible. Face à l’exaspération montante de l’opinion publique, le gouvernement ne pouvait donner le sentiment d’être inactif jusqu’à l’automne. Les privilèges deviennent insupportables en période de crise et de restriction budgétaire. Les citoyens ne sont pas forcément choqués par le fait que leurs ministres voyagent en première, sauf si en même temps, on augmente les impôts et on rembourse moins les médicaments.

    - Est-ce le début d’un vrai ménage ou un écran de fumée pour sauver Eric Woerth?
    - C’est une stratégie pour protéger Woerth mais l’exaspération est telle que les démissions de deux ministres plus ou moins inconnus n’aura pas forcément grand impact. Selon le dernier baromètre de confiance politique, deux tiers des Français n’ont plus confiance ni en la gauche ni en la droite. Le climat de défiance et de pessimisme est impressionnant. Eric Woerth, pour autant, ne sautera pas avant d’avoir mené à bien la réforme des retraites, à moins qu’un lien clair ne soit prouvé entre sa fonction de ministre du budget et l’évasion fiscale de Liliane Bettencourt. Sarkozy n’a pas grand chose d’autre à mettre à son bilan que cette réforme. La question du maintien du ministre se posera après et peut-être choisira-t-il de partir de lui-même; il est carbonisé.

    - Matignon a envoyé hier une circulaire aux ministres leur demandant de limiter les frais de déplacements, représentation... Une autre manière de calmer le jeu?
    - C’est ambigü car cela peut être interprété de plusieurs manières. On peut y déceler une participation des dirigeants à l’effort collectif, mais cela donne également à voir ce qui se faisait avant. En ce sens, le remède est parfois pire que le mal. Par exemple, des ministres ont récemment renoncé à leur retraite parlementaire de 4000 à 5000 euros par mois, sans sembler en être affectés. Qui peut se permettre cela? 90% des Français seraient dévastés.

    - Tout cela ne risque-t-il pas d’entraîner une vague de populisme?
    - On avait dit le Front national fortement atteint après 2007; il a ici l’occasion de se refaire une santé d’ici 2012. Le fameux «UMPS» de Marine Le Pen – à savoir que les deux grands partis verrouillent tout et se partagent le système – trouve ici tout son sens.

    LeTemps.ch

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    • #3
      Sarkozy n'a probablement rien fait en fait, c'est seulement la contre-attaque des gaullistes pour empêcher sa réélection. De bonne guerre.

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      • #4
        tu nous rassures gascogne

        A part cette petite théorie des complots, un commentaire?
        « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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        • #5
          Sarkozy est tout simplement en contradiction avec la crise, il est responsable car c'est lui qui désigne ses ministres, qui vivent richement en demandant aux français de vivre pauvrement
          l'amitié est une chose rare,l'ami veritable est celui qui te demande d'etre toi meme.il t'aidera a survivre par l'amour qu'ilte porte

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