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La Mosquée de Samara
[jeudi 2 mars 2006]
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LA MOSQUÉE DE SAMARA
Ce n’était pas la plus belle des mosquées irakiennes. Au coeur de cette ville commerçante, elle abritait une puissante source de radiations spirituelles : les tombeaux de deux des imams du shi’isme, agissant et prêchant là, avant l’occultation, qui a mis les shi’ites dans l’attente de la venue de l’Imam caché, celui qui annonce abolition de ce monde de souffrance, qui doit survenir, justement, à Samara, comme annoncé par la tradition. J’ai eu de longues conversations avec un des sheikh gardien des lieux, avant la sauvage invasion des cow-boys du Nevada. L’étranger en visite était courtoisement traité. Dans la société irakienne, il n’y a pas de fossé entre les communautés religieuses. Tout le monde vit avec tout le monde depuis des siècles et des siècles. Les nombreuses églises chrétiennes étaient là, pour la plupart, avant l’arrivée de l’islam. La tolérance et la coexistence sont des traditions fortes. Les grandes familles, les clans et les tribus sont composites, comme partout ailleurs dans le Moyen-Orient. Il serait totalement inconcevable, pour un Irakien, de faire sauter un monument religieux quelconque, appartenant à une communauté quelconque. Cela n’aurait aucun sens. Tout crime nécessitant représailles, la chose entraînerait la ruine de tout le monde. Il est donc absolument certain qu’un tel sacrilège (c’est ainsi qu’il faut qualifier un tel acte) est le fait d’un étranger. Comme les séries de voitures piégées explosant devant des églises. Ce sont des étrangers qui ont évidemment en tête un modèle de guerre de religion, dont seul l’Occident peut donner l’exemple. Dans la "guerre secrète" que livrent les Américains en Irak, à côté de la guerre conventionnelle, il peut y avoir des composantes et des sous-traitants. Nombreux seront ceux qui y verront la main du Mossad, qui a une longue tradition de provocations à la bombe en Iraq et ailleurs. Pour l’instant, on ne peut pas aller plus loin. La seule chose certaine est la responsabilité politique des occupants US. Obligés de plus en plus de se cantonner dans leurs camps, les Américains cherchent à lancer une guerre civile à grande échelle qui leur permettrait de quitter le pays en catimini, une sorte d’équivalent de la "vietnamisation" qui leur avait permis de foutre le camps du Viêt-Nam, sans tambours ni trompettes. Le crime commis contre les shi’ites, leur esprit, leur culture si théâtrale et si émotive, est un crime atroce. Avec ce genre de geste, les Américains dépassent les horreurs infligées à la région par l’invasion des Mongols, qui reste dans toutes les mémoires. Tout le monde connaît le coupable ; ces choses-là ne se pardonneront pas.
Serge NOITH
[jeudi 2 mars 2006]
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LA MOSQUÉE DE SAMARA
Ce n’était pas la plus belle des mosquées irakiennes. Au coeur de cette ville commerçante, elle abritait une puissante source de radiations spirituelles : les tombeaux de deux des imams du shi’isme, agissant et prêchant là, avant l’occultation, qui a mis les shi’ites dans l’attente de la venue de l’Imam caché, celui qui annonce abolition de ce monde de souffrance, qui doit survenir, justement, à Samara, comme annoncé par la tradition. J’ai eu de longues conversations avec un des sheikh gardien des lieux, avant la sauvage invasion des cow-boys du Nevada. L’étranger en visite était courtoisement traité. Dans la société irakienne, il n’y a pas de fossé entre les communautés religieuses. Tout le monde vit avec tout le monde depuis des siècles et des siècles. Les nombreuses églises chrétiennes étaient là, pour la plupart, avant l’arrivée de l’islam. La tolérance et la coexistence sont des traditions fortes. Les grandes familles, les clans et les tribus sont composites, comme partout ailleurs dans le Moyen-Orient. Il serait totalement inconcevable, pour un Irakien, de faire sauter un monument religieux quelconque, appartenant à une communauté quelconque. Cela n’aurait aucun sens. Tout crime nécessitant représailles, la chose entraînerait la ruine de tout le monde. Il est donc absolument certain qu’un tel sacrilège (c’est ainsi qu’il faut qualifier un tel acte) est le fait d’un étranger. Comme les séries de voitures piégées explosant devant des églises. Ce sont des étrangers qui ont évidemment en tête un modèle de guerre de religion, dont seul l’Occident peut donner l’exemple. Dans la "guerre secrète" que livrent les Américains en Irak, à côté de la guerre conventionnelle, il peut y avoir des composantes et des sous-traitants. Nombreux seront ceux qui y verront la main du Mossad, qui a une longue tradition de provocations à la bombe en Iraq et ailleurs. Pour l’instant, on ne peut pas aller plus loin. La seule chose certaine est la responsabilité politique des occupants US. Obligés de plus en plus de se cantonner dans leurs camps, les Américains cherchent à lancer une guerre civile à grande échelle qui leur permettrait de quitter le pays en catimini, une sorte d’équivalent de la "vietnamisation" qui leur avait permis de foutre le camps du Viêt-Nam, sans tambours ni trompettes. Le crime commis contre les shi’ites, leur esprit, leur culture si théâtrale et si émotive, est un crime atroce. Avec ce genre de geste, les Américains dépassent les horreurs infligées à la région par l’invasion des Mongols, qui reste dans toutes les mémoires. Tout le monde connaît le coupable ; ces choses-là ne se pardonneront pas.
Serge NOITH