Le CMC revoit ses prévisions à la baisse
· 2,8% en 2010 et 4,5% en 2011
· En cause, un contexte difficile, incertain et contraignant
La reprise attendue pour 2010 pourrait être contrariée. Les prévisions du Centre marocain de conjoncture (CMC), réalisées sur la base des données arrêtées à fin avril tablent, tout au plus, sur une progression modérée du PIB de 2,8% au lieu de 3,2% annoncé fin 2009. Niveau à considérer, toutefois, comme un signe de solidité de l’économie nationale, compte tenu du contexte international et du repli du secteur agricole après le record de l’année précédente. A l’opposé, le HCP avance un taux de croissance de 4% et Bank Al Maghrib l’estime entre 3 et 4% «Ce contexte demeure à la fois difficile, incertain et contraignant», souligne Habib El Malki, président du CMC.
Tout d’abord, les signes de reprise relevés dans la plupart des économies locomotives de la croissance mondiale demeurent assez timides. Ceci est particulièrement le cas des pays européens où le taux de croissance projeté pour l’année en cours ne dépasserait guère 0,8% contre 3,3% pour les Etats-Unis et 2% pour le Japon. Il y a ensuite, un fait nouveau matérialisé par la crise budgétaire et monétaire qui s’est déclenchée en Europe avec son lot de plans d’austérité. Ce qui fait dire à El Malki «qu’une nouvelle configuration de l’économie mondiale est en train de se dessiner». A ses yeux, l’élément d’espoir est fourni par les nouveaux foyers de croissance internationale qui ne sont autres que les pays émergents et dans une moindre mesure, quelques nations en voie de développement. A telle enseigne que des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale se préoccupent désormais de la situation en Europe plutôt qu’en Afrique.
En moyenne, le PIB mondial devrait croître de 4% en 2010 après avoir fléchi de 0,6% en 2009. Ce redressement est le fruit du bon comportement des économies asiatiques qui ont présenté une certaine résilience face à la crise et ont repris avec une grande célérité leur tendance expansionniste. Ces pays devraient afficher un taux de croissance estimé à 8,5%. Pour le continent africain, il est prévu une croissance du PIB global de 3,5% alors que la sous région du Maghreb progresserait à un rythme plus élevé à 3,8%. Mais «cette embellie devrait être abordée avec prudence car les risques d’une rechute restent présents», note le CMC. En témoignent les indicateurs disponibles: aggravation des déficits budgétaires, baisse de la demande, défaillance du système financier et monétaire et tension persistante sur le marché du travail. C’est dans ce contexte à la fois porteur d’espoir et chargé d’incertitudes que le Maroc aborde le dernier virage de 2010.
Aujourd’hui, les chiffres relatifs à la campagne agricole sont quasiment arrêtés. Ils font état d’une récolte céréalière de 80 millions de quintaux en forte progression par rapport à la normale. Mais, comparée au record de 2009 (102 millions de quintaux), cette production laisse entrevoir une baisse de valeur ajoutée de 7,7% en termes réels. Car, outre les dégâts occasionnés par les intempéries il y a eu aussi des pertes en stock de capital que le CMC estime à 1,2 milliard de DH.
Hors agriculture, les indicateurs des autres secteurs incitent à l’optimisme. Le taux d’accroissement de la valeur ajoutée industrielle devrait se situer aux alentours de 3,5%. Pour sa part l’activité des industries extractives enregistrerait une forte progression à la faveur de l’augmentation des exportations des phosphates. Sa valeur ajoutée sera portée à la fin de l’année à 5,2%. L’autre volet du dynamisme sectoriel serait le retour à la vigueur du BTP. Ce secteur doit enregistrer un taux de croissance de 7,4%.
Le tout sera boosté par le secteur des services dont la croissance reste soutenue. Il en est ainsi des services des télécommunications qui continuent sur une trajectoire ascendante et des activités liées au tourisme. Au demeurant, ce sont ces indicateurs positifs qui confortent les perspectives de croissance pour l’année 2011. Pour le prochain exercice, le taux projeté par le CMC devrait se situer autour de 4,5% en augmentation de 1,7 point par rapport à 2010.
Cette prévision table sur la reprise des activités industrielles et des services à la faveur de l’amélioration de la demande aussi bien interne qu’externe. Elle prend en considération, également, la hausse de la valeur ajoutée agricole dont le niveau atteindrait 3,5%. «Mais encore faut-il éviter une politique budgétaire qui représente un coût social», recommande le CMC. Certes, la maîtrise de l’inflation requiert une importance particulière mais peut-on envisager une forte croissance sans une dose inflationniste?
Chômage et inflation
Le taux de chômage devrait continuer à augmenter pour atteindre 11,5% à fin 2010, estime le CMC. Cette aggravation résulte essentiellement du chômage dans le milieu urbain dont le taux est passé de 13 à 14,7%. Par contre, l’indice des prix à la consommation, pris comme indicateur d’approche de l’inflation, n’augmenterait que de 2,5%.
A.G.
· 2,8% en 2010 et 4,5% en 2011
· En cause, un contexte difficile, incertain et contraignant
La reprise attendue pour 2010 pourrait être contrariée. Les prévisions du Centre marocain de conjoncture (CMC), réalisées sur la base des données arrêtées à fin avril tablent, tout au plus, sur une progression modérée du PIB de 2,8% au lieu de 3,2% annoncé fin 2009. Niveau à considérer, toutefois, comme un signe de solidité de l’économie nationale, compte tenu du contexte international et du repli du secteur agricole après le record de l’année précédente. A l’opposé, le HCP avance un taux de croissance de 4% et Bank Al Maghrib l’estime entre 3 et 4% «Ce contexte demeure à la fois difficile, incertain et contraignant», souligne Habib El Malki, président du CMC.
Tout d’abord, les signes de reprise relevés dans la plupart des économies locomotives de la croissance mondiale demeurent assez timides. Ceci est particulièrement le cas des pays européens où le taux de croissance projeté pour l’année en cours ne dépasserait guère 0,8% contre 3,3% pour les Etats-Unis et 2% pour le Japon. Il y a ensuite, un fait nouveau matérialisé par la crise budgétaire et monétaire qui s’est déclenchée en Europe avec son lot de plans d’austérité. Ce qui fait dire à El Malki «qu’une nouvelle configuration de l’économie mondiale est en train de se dessiner». A ses yeux, l’élément d’espoir est fourni par les nouveaux foyers de croissance internationale qui ne sont autres que les pays émergents et dans une moindre mesure, quelques nations en voie de développement. A telle enseigne que des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale se préoccupent désormais de la situation en Europe plutôt qu’en Afrique.
En moyenne, le PIB mondial devrait croître de 4% en 2010 après avoir fléchi de 0,6% en 2009. Ce redressement est le fruit du bon comportement des économies asiatiques qui ont présenté une certaine résilience face à la crise et ont repris avec une grande célérité leur tendance expansionniste. Ces pays devraient afficher un taux de croissance estimé à 8,5%. Pour le continent africain, il est prévu une croissance du PIB global de 3,5% alors que la sous région du Maghreb progresserait à un rythme plus élevé à 3,8%. Mais «cette embellie devrait être abordée avec prudence car les risques d’une rechute restent présents», note le CMC. En témoignent les indicateurs disponibles: aggravation des déficits budgétaires, baisse de la demande, défaillance du système financier et monétaire et tension persistante sur le marché du travail. C’est dans ce contexte à la fois porteur d’espoir et chargé d’incertitudes que le Maroc aborde le dernier virage de 2010.
Aujourd’hui, les chiffres relatifs à la campagne agricole sont quasiment arrêtés. Ils font état d’une récolte céréalière de 80 millions de quintaux en forte progression par rapport à la normale. Mais, comparée au record de 2009 (102 millions de quintaux), cette production laisse entrevoir une baisse de valeur ajoutée de 7,7% en termes réels. Car, outre les dégâts occasionnés par les intempéries il y a eu aussi des pertes en stock de capital que le CMC estime à 1,2 milliard de DH.
Hors agriculture, les indicateurs des autres secteurs incitent à l’optimisme. Le taux d’accroissement de la valeur ajoutée industrielle devrait se situer aux alentours de 3,5%. Pour sa part l’activité des industries extractives enregistrerait une forte progression à la faveur de l’augmentation des exportations des phosphates. Sa valeur ajoutée sera portée à la fin de l’année à 5,2%. L’autre volet du dynamisme sectoriel serait le retour à la vigueur du BTP. Ce secteur doit enregistrer un taux de croissance de 7,4%.
Le tout sera boosté par le secteur des services dont la croissance reste soutenue. Il en est ainsi des services des télécommunications qui continuent sur une trajectoire ascendante et des activités liées au tourisme. Au demeurant, ce sont ces indicateurs positifs qui confortent les perspectives de croissance pour l’année 2011. Pour le prochain exercice, le taux projeté par le CMC devrait se situer autour de 4,5% en augmentation de 1,7 point par rapport à 2010.
Cette prévision table sur la reprise des activités industrielles et des services à la faveur de l’amélioration de la demande aussi bien interne qu’externe. Elle prend en considération, également, la hausse de la valeur ajoutée agricole dont le niveau atteindrait 3,5%. «Mais encore faut-il éviter une politique budgétaire qui représente un coût social», recommande le CMC. Certes, la maîtrise de l’inflation requiert une importance particulière mais peut-on envisager une forte croissance sans une dose inflationniste?
Chômage et inflation
Le taux de chômage devrait continuer à augmenter pour atteindre 11,5% à fin 2010, estime le CMC. Cette aggravation résulte essentiellement du chômage dans le milieu urbain dont le taux est passé de 13 à 14,7%. Par contre, l’indice des prix à la consommation, pris comme indicateur d’approche de l’inflation, n’augmenterait que de 2,5%.
A.G.
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