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Fréha brise le mur de la peur

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  • Fréha brise le mur de la peur

    «Nous ne baisserons pas les bras devant l’injustice. Nous irons jusqu’au bout pour libérer notre concitoyen», s’écriait un jeune marcheur.
    Une semaine depuis l’enlèvement de Lounès Ibarar, entrepreneur âgé de 33 ans à Tala Tgana, les villages de la région des Ath Jennad et des Aït Ghobri sont plus que jamais décidés à résister au chantage des ravisseurs.
    Hier matin, au chef-lieu de la commune de Fréha (30 km à l’est de la ville de Tizi Ouzou), ils étaient des milliers à marcher, répondant à l’appel du comité de crise constitué dans l’urgence, au lendemain de la disparition de Lounès Ibarar. «Halte aux kidnappings, libérez Lounès Ibarar!» pouvait-on lire sur les banderoles de la foule silencieuse qui s’ébranlait aux environs de 10h du stade communal vers le siège de la mairie.
    Les banderoles brandies par les marcheurs exprimaient toutes l’expression d’un raz-le-bol de la situation sécuritaire régnant depuis des années. La colère allait crescendo. Tout le monde qualifiait ces actes de barbares.
    Les jeunes, les vieux, les écoliers. Tout le monde était là pour marcher. Malgré la réticence constatée quant aux déclarations à la presse, beaucoup de personnes n’ont pas hésité à afficher leur soutien indéfectible à la famille de la victime. «Nous ne baisserons pas les bras devant l’injustice. Nous irons jusqu’au bout pour libérer notre concitoyen», s’écriait un jeune marcheur. En cette journée caniculaire de juillet, les citoyens de la région évoquaient avec amertume l’anniversaire de l’Indépendance.
    La marche était plutôt silencieuse. Pourtant, elle traduisait une colère et une indignation sans précédent dans la région qui connaît une situation catastrophique sur les plans économique, social et sécuritaire. Les actes d’enlèvement se multiplient et font craindre le pire. Ils sont assimilés au banditisme qu’aucune logique ne peut justifier. Hier à Fréha, l’autorité religieuse était aux côtés des populations.

    L’imam marcheur et le mégaphone
    L’imam d’Azrou, village natal de la victime, a accompagné les marcheurs sur tout le parcours allant du stade au siège de la mairie. Muni d’un mégaphone, l’imam expliquait avec force hadiths et versets coraniques, les actes en question condamnés par la religion. «Les kidnappings sont contraires à l’Islam dans le fond et dans la forme», expliquait-il. Ses propos visaient sans nul doute à ôter toute couverture ou autre justification religieuse à cet enlèvement. L’imam exhortera également les ravisseurs à libérer leur otage au courant de la nuit.
    De son côté, le président de l’APC de Fréha qui a pris part à la marche a appelé à la libération de Lounès Ibarar. «L’homme est dans un état de santé précaire et ne peut guère supporter le supplice», affirmait-il avant de mentionner que la victime participait à toutes les actions charitables de la région et qu’il a contribué financièrement à la construction de plusieurs mosquées. «Lounès n’est pas aussi riche qu’on le pense. Il a acquis son matériel grâce à un crédit bancaire comme tous les jeunes de sa génération», poursuit l’orateur. Depuis son enlèvement, aucune information n’a été rendue publique sur d’éventuels contacts entre les ravisseurs et la famille de la victime. De plus, toutes les tentatives d’obtenir de plus amples informations sur l’évolution de l’affaire ont buté sur le silence des membres de la famille. «Nous vous remercions de compatir à notre douleur mais nous ne voulons pas faire de déclaration», affirmaient les membres de sa famille pour éviter avec tact les questions de la presse. Jusqu’à hier après-midi, aucune nouvelle de la victime ni d’une éventuelle demande de rançon. Certaines sources faisaient, il y a quelques jours, état d’un montant de 3 milliards pour la rançon, mais la famille et les proches ont vite démenti l’information.
    Une semaine donc après le kidnapping, aucune source ne peut éclairer la famille sur le lieu où se trouve Lounès Ibarar ni sur son état de santé. Une recherche a été organisée mardi dernier dans le massif forestier de l’Akfadou mais n’a abouti à aucun résultat.
    Par ailleurs, et parallèlement à la marche, la ville de Fréha a été paralysée durant la matinée par une grève générale des commerçants à laquelle avait appelé l’Ugca. Autre remarque sur les actions d’hier: aucune source ne voulait se prononcer sur les suites à donner à la mobilisation. L’attente pèse sur la famille et certainement sur la victime.
    Cette situation rappelle les précédentes du même genre qu’ont connues les villageois d’Iflissen et de Boghni. Une mobilisation citoyenne spontanée, sans programme ni plan, était restée en veille jusqu’à la libération sans condition des deux victimes. Il est à mentionner également le recours presque instinctif aux structures d’organisation traditionnelles dès que les populations se sentent en danger. Sans armes, la résistance pacifique des villages de la région a toujours été un moyen de défense des populations.
    Kamel BOUDJADI
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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