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Le garçon qui criait toujours « Aux OGM ! »

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  • Le garçon qui criait toujours « Aux OGM ! »

    Mon cher Untel,
    Tu me fais suivre ce jour un appel aux citoyens européens qui tourne depuis quelques semaines sur le Net pour exiger un nouveau moratoire sur les OGM en Europe. Les arguments avancés y sont présentés comme étant « scientifiques ».
    Les appels aux citoyens de ce genre m’apparaissent toujours un peu comme les versions modernes de la fable d’Esope « Le garçon qui criait toujours au loup ».
    Tu sais bien que si je défends depuis longtemps les essais et les recherches en biotechnologies, ce n’est pas parce que les OGM seraient l’unique panacée aux problèmes alimentaires et sanitaires dans le monde. Mais parce qu’ils sont gros d’espoirs nouveaux dans le domaine de l’agriculture et de la médecine (voire des deux, associées).
    Je sais que les plantes génétiquement modifiées (PGM) actuellement cultivées et après une quinzaine d’années de consommation intensive, tant animale que humaine, dans le monde entier, n’ont provoqué – à ce jour et jusqu’à preuve du contraire – aucun risque alimentaire avéré. C’est déjà plutôt un bon point !
    Je sais aussi que les OGM ne sont nullement « contre nature », puisqu’ils vont dans le sens de ce que cherche à faire l’humanité depuis qu’elle s’est sédentarisée il y a 10 000 ans en inventant l’agriculture. À savoir : améliorer les productions agricoles en rendement mais aussi en qualités nutritives et gustatives.
    L’humanité a réussi cela en effectuant depuis des millénaires des croisements forcés (hybridations) pour transformer le patrimoine génétique des espèces (ce que fait d’ailleurs aussi la nature elle-même, mais d’une façon hasardeuse, depuis quelques milliards d’années). Aujourd’hui, pour être plus rationnels et plus efficaces, les chercheurs se basent sur les énormes progrès de la biologie et de la génétique modernes.
    Je sais aussi qu’un petit nombre de multinationales hypercapitalistes tentent de s’accaparer les énormes marchés, issus des biotechnologies, qui se profilent à l’horizon. Mais, selon la formule consacrée, faut-il jeter avec l’eau du bain un bébé gros de promesses, uniquement parce que le fabricant-vendeur de baignoires pratique un hypercapitalisme sans vergogne ?…
    Je vois par ailleurs des marchands de peurs qui, pour des raisons qui leur sont propres (et que j’avoue ne pas toujours comprendre) se complaisent à dénoncer les PGM (plantes génétiquement modifiées), sans autre procès que l’aboiement de leurs convictions personnelles. Ce sont les mêmes qui affirment que la « malbouffe » serait, selon eux, coupable, depuis plus d’1/2 siècle, de cancériser nos populations modernes…
    Quid du fait que l’espérance moyenne de vie dans les pays développés a augmenté de plus de 20 ans durant cette même période ? !..
    Je sais enfin qu’une partie de nos meilleurs chercheurs français en biotechnologie (les plus pointus en ce domaine depuis une vingtaine d’années) ont émigré vers des pays moins butés contre la recherche scientifique (Etats-Unis, Brésil, pays asiatiques émergeants…) et que de nombreuses petites entreprises françaises et européennes ont mis la clé sous la porte ces dernières années (ou pire : ont été contraintes de faire allégeance aux quelques multinationales hégémoniques qui s’en frottent les mains !) faute de crédits financiers et intellectuels.
    Je garde cependant encore espoir, mon cher Untel, que chacun conserve le minimum de réflexion et d’esprit critique dans les débats de société qui engagent l’avenir de l’humanité (9 milliards de ventres à nourrir dans si peu de temps !).
    La connaissance et la compréhension toujours plus fine de son environnement – et l’application à le maîtriser – a permis à l’Homme de résister toujours plus efficacement aux agressions naturelles. Et donc à une meilleure qualité de vie possible, en longévité et en bien-être, sur la totalité du globe.
    Pour cela, les technologies innovantes exigent bien évidemment, le maximum d’études et de contrôles afin que les avantages du progrès espéré soit supérieurs aux inconvénients possibles.
    Jusqu’à preuve du contraire, l’humanité n’a jamais montré de tendances suicidaires. C’est pour cela qu’elle exige de ses chercheurs et de ses ingénieurs, de plus en plus d’informations, d’explications et de justifications précises.
    Mais en quoi cela devrait-il autoriser l’ajout d’un n’importequoitisme argumentaire ?
    Non mon cher Untel, contrairement à ce qu’affirme l’appel-citoyen que tu m’envoies, il n’est pas apparu, en 15 ans de consommation, un seul risque sanitaire liés à la consommation de PGM !
    Non, l’agriculture biologique (c’est à dire l’agriculture traditionnelle qui prévalut pendant des millénaires) ne suffirait plus aujourd’hui à nourrir la population actuelle de la planète [1]. Pourquoi ?… Pour les mêmes raisons qui ont poussé les pays avancés à adopter au milieu du siècle dernier les pesticides en agriculture. Comment, dans nos pays avancés, a-t-on pu « zapper » de nos mémoires les meurtrières famines d’autrefois, dues en grande partie aux prédateurs des cultures (insectes, rongeurs, parasites divers dont les pestes végétales) ?
    Si nous devons à Esope de nombreuses fables telle « Le garçon qui criait toujours au loup », nous lui devons aussi cette pensée de sage : « La langue est la pire et la meilleure des choses »… Elle me paraît s’appliquer parfaitement à Internet, lanceur de tant d’alertes catastrophistes et infondés !…
    Il existe heureusement sur la toile quelques excellents sites qui s’appliquent à réfléchir le plus objectivement possible en ne s’appuyant que sur des faits avérés et non sur des slogans idéologiques ou émotionnels.
    Bien à toi mon cher Untel.
    Avec l’été qui approche, il me plaît d’imaginer, vieux frère, nos prochaines retrouvailles philosophico-bistrotières autour d’un « demi » bien frais.



    Jacques


    [1] 2,5 milliards d’habitants en 1950 ; 6,5 milliards aujourd’hui… autour de 9 milliards prévus en 2050…
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte
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