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Ingrid Betancourt réclame une indemnisation à la Colombie

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  • Ingrid Betancourt réclame une indemnisation à la Colombie

    La demande d'indemnisation et les explications d'Ingrid Betancourt. La demande d'Ingrid Betancourt réclamant 13 milliards de pesos (5,5 millions d'euros) au titre de dommages moraux et financiers entraînés par son enlèvement par les FARC a été déposée le 30 juin auprès du ministère de la défense colombien. Elle a été révélée par la presse colombienne, samedi 10 juillet, provoquant une vague de protestations tant dans la société civile que dans les sphères politiques. L'ancienne otage, qui était restée aux mains de la guérilla d'extrême gauche pendant plus de six ans, s'est ensuite très vite rétractée.

    Dans un entretien diffusé, dimanche, sur Radio Caracol, Mme Betancourt a dit regretter cette demande d'indemnisation "symbolique" mais "astronomique". "Jamais, jamais nous n'avons pensé à attaquer ceux qui m'ont libérée", a-t-elle ensuite justifié.

    Les avocats de Mme Betancourt ont précisé que ni le gouvernement, ni les forces armées n'étaient poursuivis et que la procédure n'en était qu'au stade de la conciliation extrajudiciaire. Ils assurent que seuls les "mécanismes de protection que l'Etat offre à ses citoyens" sont mis en cause, qu'aucune somme n'a été évoquée et que la procédure ne dépassera pas le stade de la conciliation.

    Une affirmation démentie par le ministère de la défense, qui soutient être en possession de chiffres précis. "Je ne vais pas poursuivre l'Etat. Je veux uniquement raconter les faits et que ce qui m'est arrivé ne se reproduise pas", a clarifié Ingrid Betancourt, estimant que sa démarche était nécessaire à l'instauration d'un dialogue entre le pouvoir colombien et les anciens otages.

    Un désaccord sur la responsabilité de l'enlèvement. Si elle est revenue sur la somme exigée, Ingrid Betancourt justifie toutefois cette demande judiciaire en expliquant que son enlèvement par les FARC est en partie imputable à l'Etat colombien. "Ils m'ont privée de mes gardes du corps et m'ont laissée poursuivre par la route. Ils n'ont pas fait face à la responsabilité qui était la leur de me protéger en ma qualité de candidate à l'élection présidentielle", a-t-elle déclaré.

    A l'époque de son enlèvement, le 23 février 2002, Ingrid Betancourt visait le plus haut poste politique de son pays. Dans le cadre de sa campagne, elle décide de se rendre à San Vicente del Caguan dans le département de Caqueta (sud-est). C'est là que les FARC la capturent, ainsi que son assistante Clara Rojas et plusieurs membres de son équipe de campagne.

    Mme Betancourt ajoute que plusieurs militaires en charge de sa sécurité lui avaient garanti qu'elle ne courait aucun risque en empruntant cette route. Auparavant, rappelle-t-elle, l'armée colombienne lui avait refusé le transport aérien vers San Vicente del Caguan, où venaient d'échouer des discussions de paix entre rebelles et gouvernement.

    Les autorités colombiennes rétorquent qu'Ingrid Betancourt a tout simplement ignoré les avertissements et s'est consciemment mise en danger. Camilo Gomez, haut-commissaire pour la paix sous la présidence d'Andres Pastrana Arango, assure qu'elle a été fortement encouragée à ne pas se rendre à San Vicente del Caguan. D'autre part, Bogota rappelle qu'Ingrid Betancourt ne doit sa liberté qu'à une opération militaire menée le 2 juillet 2008 par l'Etat colombien, l'opération "Jaque". Aux yeux des autorités politiques colombiennes, l'Etat n'est aucunement responsable dans cette affaire et la requête judiciaire de l'ex-otage n'a pas de fondement "objectif".

    Une démarche courante pour les "otages politiques". Selon le camp Betancourt, le véritable motif de cette demande d'indemnisation vite reniée serait de lancer le débat sur les droits des ex-otages vis-à-vis de l'Etat colombien, avec, en premier lieu, les quatorze personnes qui ont été libérées avec elle lors de l'opération "Jaque". Après que l'affaire a éclaté au cours du week-end, certains d'entre eux, comme l'ancien sénateur Jorge Eduardo Géchem et l'ex-gouverneur Alan Jara, n'ont pas écarté la possibilité de réclamer eux aussi une indemnisation à l'Etat. D'autres, en revanche, ont mis en doute la sincérité de la démarche de Mme Betancourt.

    Selon le quotidien colombien El Tiempo, la grande majorité des anciens "otages politiques" ont mené des démarches similaires à celle de Mme Betancourt après leur libération. Le plus souvent, elles ont abouti à une conciliation entre les deux parties, puis à une indemnisation financière. C'est la voie vers laquelle semblent se diriger les avocats de l'ancienne candidate. La différence étant que, dans ce cas précis, la somme demandée est particulièrement importante. Ce qui fait dire à plusieurs juristes interrogés par El Tiempo que sa demande d'indemnisation n'aura que 50 % de chances d'être recevable.

    Parmi ceux qui ont cherché à se faire indemniser figure Sigifredo Lopez, ex-député enlevé en 2002 et dernier otage politique à avoir été libéré par les FARC. M. Lopez a été enlevé en compagnie de onze autres députés, le 11 avril 2002. Il sera le seul à ne pas être assassiné. Depuis sa libération début 2009, il a fait une demande d'indemnisation auprès de l'Etat colombien. Celle-ci a été acceptée car la justice a reconnu que les services de sécurité de l'Assemblée nationale n'avaient pas rempli leur rôle. C'est précisemment sur ce point que Bogota estime que la cas de Mme Betancourt n'est pas recevable.

    Selon Marleny Orjuela, présidente de l'association Asfamipaz (ONG accompagnant les familles d'otages colombiens), la démarche d'Ingrid Betancourt pourrait finalement accélérer les demandes d'indemnités d'autres otages moins médiatisés. "Si on reconnaît ses droits, je pense que tous les otages auront les mêmes droits", a-t-elle dit sur Radio Caracol, expliquant que les anciens otages civils ne bénéficient pas toujours des mêmes droits que les hommes politiques ou les militaires.

    Source : Le Monde
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