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La Russie se gausse de ses espions amateurs

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  • La Russie se gausse de ses espions amateurs

    Dix «clowns» contre quatre authentiques agents: voici à quoi se résumaient hier les commentaires relatifs à l'échange d'espions qui s'est noué vendredi sur l'aéroport de Vienne. Quarante-huit heures après le dénouement de l'affaire, Washington jubile. «Nous avons récupéré quatre très bons espions» russes, s'est félicité le vice-président américain, Joe Biden, regrettant simplement, sur le ton de la plaisanterie, d'avoir laissé partir Anna Chapman, dont le joli minois avait émoustillé la presse. Parallèlement, le FBI évite la tenue d'un procès aux États-Unis qui aurait pu révéler la maigreur des charges retenues contre les dix. À Moscou, en revanche, l'heure est à l'autoflagellation: «Il aurait fallu garder le secret sur ces négociations dont le résultat souligne les erreurs (de nos) services secrets», regrette le député Guennadi Goudkov, membre de la commission de la sécurité.

    «Ce scandale suscite la honte et porte atteinte à la sécurité nationale», renchérit l'expert militaire Pavel Falgenhauer. Fait exceptionnel, la Russie, qui se contentait dans le passé de libérer des agents américains, relâche cette fois «ses propres traîtres». Parmi eux figure Igor Soutiaguine, un spécialiste en armement arrêté en 1999, qui a toujours clamé son innocence.

    Doté de méthodes peu orthodoxes, le Service des renseignements extérieurs (SVR), qui porte la responsabilité du recrutement des dix «amateurs», est montré du doigt. Selon les experts, le SVR reste la seule agence de renseignement au sein de la communauté internationale à faire appel à des «illégaux». L'absence de toute protection officielle, notamment diplomatique, rend ces derniers rapidement vulnérables et repérables (par le FBI en l'occurrence), dès lors qu'ils s'approchent de sources sensibles. Ce recours aux «illégaux», qui avait débuté sous la période soviétique, est désormais critiqué. Il n'est pas sûr, pour autant, que le pouvoir russe procède à des purges au sein de l'institution.

    Bataille médiatique

    Son patron, Mikhaïl Fradkov, qui fut premier ministre de Vladimir Poutine, est en poste depuis seulement 2007, sept ans après le début de la constitution du réseau américain. Un délai trop court pour que le Kremlin soit tenté de lui faire porter le chapeau. «Le SVR reste fier de ses traditions et n'a jamais été réformé. Pour qu'il le soit, il faudrait constituer une commission d'enquête, qui pourrait être parlementaire par exemple. Mais ce n'est pas le genre de pratiques courantes en Russie, et l'enjeu n'en vaut pas la peine. Depuis la fin de la guerre froide, cette institution n'est plus un instrument privilégié de la politique étrangère», commente Andreï Soldatov, rédacteur en chef du site spécialisé agentura.ru.

    Moscou préfère faire taire l'histoire au plus vite. La télévision publique, unique source d'information pour la grande majorité des Russes, fait désormais l'impasse sur le sujet des espions, permettant ainsi à Washington de remporter la bataille médiatique.

    source : Le Figaro
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