Coupée du terrain, sans base sociale réelle, politiquement opportuniste mais "bon client" médiatique, l’association présidée par Fadela Amara a gagné sa reconnaissance institutionnelle en produisant un discours stigmatisant des banlieues et de leurs habitants.
Non aux tournantes, non aux mariages forcés, non à la polygamie... Inlassable dénonciatrice du « sexisme de banlieue », la présidente de Ni putes ni soumises, l’association des filles des quartiers, est débordée. En photo dans les magazines avec Kate Barry, la fille de Jane Birkin, ou Arlette Laguiller..., Fadela Amara est partout. À Matignon, pour un petit déjeuner avec le Premier ministre, sur le plateau de TF1 pour une interview, place Beauvau où on la réclame. Son attaché de presse annonce qu’elle quitte la répétition d’un concert pour la mixité à l’Olympia pour s’envoler vers Genève. Car on la consulte aussi sur le règlement de la paix au Proche-Orient ! Le journaliste de l’agence Capa, qui brosse son portrait pour Arte, a du mal à la suivre.
Mais aucune cause ne la mobilise plus de deux heures d’affilée. Avec son agenda surchargé, impossible d’assumer les missions confiées par tous les ministres ! Au comité d’évaluation de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), dispositif clé de la politique de la ville de Jean-Louis Borloo où elle est censée siéger, personne ne la connaît. Excédé par ses absences, le président du comité, Yazid Sabeg, a décidé de sévir. La lettre qu’il lui adresse le 20 avril 2005 est sans ambiguïté : il la considérera comme démissionnaire si elle ne se manifeste pas dans les quinze jours. Sabeg avait senti l’erreur de casting avant même le premier conseil d’administration. Mais son ami Borloo tenait à la candidature de Fadela Amara, au motif qu’elle « connaissait le terrain »... « Pour lui, c’est elle qui a inventé l’expression “casser les ghettos” ! » soupire Sabeg. Dans le milieu feutré des institutions, l’agitation perpétuelle de Fadela Amara lui tient lieu de carte de visite. Tout le monde s’arrache « madame banlieue ».
L’Observatoire de la parité ne peut se passer d’elle. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) l’auditionne à tout propos. En mars 2005, elle est nommée à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Porte-voix du mouvement anti-voile, elle devient incontournable pour la commission Stasi sur les signes religieux à l’école, qui la reçoit en décembre 2003. Devant les sages, Fadela Amara use de tout son pouvoir de conviction pour contrecarrer le « retour de l’obscurantisme ». Dans sa bouche, les musulmanes voilées deviennent des « soldates du fascisme vert » et les bannir de l’école est encore une punition trop douce : « Il est urgent de réaffirmer la laïcité comme valeur centrale et de mettre fin à des pratiques archaïques qui oppriment les femmes. Dans les quartiers, les groupuscules islamistes sont de plus en plus puissants », assène-t-elle. Fadela Amara n’en est pas à une contradiction près. Deux mois plus tôt, dans sa biographie, elle se disait en effet opposée à ce qu’on « légifère à nouveau sur un thème si sensible » : « Le port du voile est devenu pour certains un nouvel argument politique permettant de stigmatiser les musulmans et les banlieues [1] . » Que s’est-il passé entre-temps ? Le 12 novembre 2003, la direction du bureau politique du PS, dont elle est membre, a décidé de soutenir la loi interdisant le foulard et de la voter à l’Assemblée.
Fadela Amara est une quadra dynamique, une entrepreneuse qui a tout compris. Elle adapte l’offre à la demande, se positionne sur le segment idéologique le plus porteur et rafle les parts de marché du nouveau féminisme. Elle est devenue la grande prêtresse des politiques et des médias.
Croisade médiatique
Car son ascension sera fulgurante. Tout démarre dans l’indifférence générale, en janvier 2002. Elle est encore une illustre inconnue, présidente de la Fédération nationale de la maison des potes [2] . Elle organise les états généraux des femmes des quartiers à la Sorbonne. Dix mois plus tard, à Vitry-sur-Seine, une jeune fille, Sohane Benziane, meurt dans un local à poubelles brûlée vive par un jeune beur de sa cité. Au même moment, Samira Bellil publie Dans l’enfer des tournantes [3] un témoignage bouleversant sur les viols qu’elle a subis. Deux faits divers sordides qui rebondissent sur le terrain médiatique. Car l’opinion publique est émue. C’est le moment, pour Fadela et son équipe, de partir en croisade contre les « machos de banlieue ». Entre février et mars 2003, la marche des femmes des quartiers passe par vingt-trois villes de France. Amara sait que pour exister il faut capter l’attention des journalistes. La communication est confiée à un pro, Franck Chaumont, recruté par la présidente en personne à la veille de la marche, en février 2003. C’est un membre de la « famille » : ancien de SOS Racisme Toulouse, il a été rédacteur en chef à Beur FM, employé au service de presse de la fondation Danielle Mitterrand, à la communication interne de la SNCF.... Bref, il a de la bouteille. Une ancienne porte-parole du mouvement, Ingrid Renaudin, a immédiatement mesuré le savoir-faire du communicant : « Après la marche, le discours s’est structuré. Chaumont, son boulot, c’était de nous recadrer : il faisait passer un message court, simple : “C’est la mort de Sohane qui a déclenché notre action.” [4] » Le slogan fait mouche. Elle, Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Obs..., tous les organes de presse et de télévision ouvrent leurs pages et leurs micros à la nouvelle association. « Le discours a été simplifié, poursuit Ingrid Renaudin. Le terrain, ça n’intéressait pas les médias, alors le message a perdu en nuance, explique la jeune femme, qui a quitté le mouvement. Très vite, le seul sujet, c’était le voile. Les médias et Fadela se sont cristallisés sur la dénonciation de l’islam radical, comme tout le monde après le 11 septembre [5] . » Premiers visés, les garçons des cités, machos et parfois même intégristes, qui voilent et violent les filles. Comme l’explique la sociologue Nacira Guénif [6] , NPNS (Ni putes ni soumises) désigne la figure détestable du « garçon arabe » à la vindicte médiatique. « Peu à peu une équation au simplisme effrayant s’est imposée : islam des Maghrébins = non-intégration + violence + antisémitisme + oppression de la femme, constate le sociologue Laurent Mucchielli. De sorte que ce sont progressivement toutes les valeurs que nous concevons comme le fondement de la civilisation occidentale qui seraient niées par ces populations perçues comme un autre bloc civilisationnel : l’Orient musulman [7] . » Baromètre de la psychose ambiante, NPNS reprend à son compte les reproches, vrais ou exagérés, faits aux jeunes Maghrébins.
À entendre les leaders du mouvement, pourtant issus eux-mêmes de l’immigration, ce qui devrait les inciter à la nuance, les banlieues ont le monopole du sexisme et l’islam celui de l’oppression des filles. À preuve, la conférence de presse du 2 mars 2005. Fadela Amara y annonce que NPNS ne manifestera pas avec le reste du mouvement féministe le 8 mars, car il accepte dans ses rangs des femmes voilées. En renfort, des VIP tout à fait insolites. Arlette Laguiller, d’abord, venue témoigner de sa « solidarité avec nos sœurs d’Algérie, d’Iran et d’Arabie Saoudite ». De quoi donner au débat une tournure dramatique... Elle défilera le 6 mars avec NPNS, ses nouvelles « alliées ». Dans la salle, personne ne tique sur le fait que Laguiller dirige un mouvement connu pour décourager toute mixité, au point de faire asseoir les hommes et les femmes séparément lors des réunions politiques, comme aux meetings de la très conservatrice Union des organisations islamiques de France !
Le micro tombe ensuite entre les mains de Hamida Labidi, avocate tunisienne responsable de l’association Aime, proche du régime de Ben Ali au point qu’elle n’hésite pas à prôner le « modèle tunisien » (dont les manquements aux droits de l’homme sont pourtant aujourd’hui établis) pour lutter contre l’intégrisme : « Nous avons un magazine électronique qui a pour but de critiquer l’islam et la communauté arabo-musulmane. Nous participons à la création d’une coalition internationale contre l’islam politique. En France, on assiste à un retour sans précédent de l’islam. Il y a des prédicateurs partout ! Le nouveau combat féministe consiste à dire non à l’islam ! » Quant aux banlieues françaises, Fatima Lalem, du Planning familial, les décrit comme « des quartiers où des petites filles sont violées tous les soirs par des messieurs choisis pour elles comme “maris” par leurs parents. Aujourd’hui, on profite de la République qui laisse les femmes voilées travailler... Mais ce sont des femmes qui portent des revendications politiques, qui se battent contre la démocratie ! » Dans un brouhaha de congratulations, Fadela Amara donne rendez-vous à l’assemblée le 6 mars, pour une manifestation interdite aux « voilées ». Ce dimanche-là, sous les banderoles, on entendait : « Ni burqa, ni charia, l’islam [sic] ne passera pas ! » « Les médias l’ont poussé à radicaliser son discours sur l’islam, admet Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, maison mère, en quelque sorte, de NPNS. Mais elle a été formée à SOS, elle aurait dû savoir comment s’y prendre ! Il faut qu’elle se recentre sur le féminisme, les questions sociales [8] ... »
Pour justifier des propos aussi violents à l’égard de l’islam devant les journalistes, les responsables de NPNS ont recours aux témoignages de jeunes femmes des quartiers, dont les parcours sont aussi violents que sordides. Il est vrai que les aggressions ne manquent pas dans les cités. Mais là, l’égérie en fait un système. Elle va à la pêche aux ralliements. Ainsi, Samira Bellil, auteure du récit poignant sur les viols dont elle a été victime adolescente, est happée par les filles et devient marraine de l’association. Loubna Méliane, une autre marcheuse, aujourd’hui vice-présidente de SOS Racisme, publie à son tour un livre racontant le mariage forcé qu’elle a subi à dix-neuf ans. Les journalistes sont comblés : grâce à l’association, qui se réclame à la fois du féminisme et des banlieues, ils ont accès à une source d’informations délicates à obtenir. Les filles de Ni putes ni soumises deviennent même des prestataires de service. Ainsi, lorsque le magazine Elle publie une enquête qui donne la parole à des jeunes femmes issues de l’immigration opposées au port du foulard à l’école [9] , la majorité des interviewées sont proches de NPNS. Quelques médias soutiennent activement le mouvement. L’Humanité offre une tribune à Loubna Méliane, une journaliste du Monde écrit le livre de Fadela Amara [10] .
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Non aux tournantes, non aux mariages forcés, non à la polygamie... Inlassable dénonciatrice du « sexisme de banlieue », la présidente de Ni putes ni soumises, l’association des filles des quartiers, est débordée. En photo dans les magazines avec Kate Barry, la fille de Jane Birkin, ou Arlette Laguiller..., Fadela Amara est partout. À Matignon, pour un petit déjeuner avec le Premier ministre, sur le plateau de TF1 pour une interview, place Beauvau où on la réclame. Son attaché de presse annonce qu’elle quitte la répétition d’un concert pour la mixité à l’Olympia pour s’envoler vers Genève. Car on la consulte aussi sur le règlement de la paix au Proche-Orient ! Le journaliste de l’agence Capa, qui brosse son portrait pour Arte, a du mal à la suivre.
Mais aucune cause ne la mobilise plus de deux heures d’affilée. Avec son agenda surchargé, impossible d’assumer les missions confiées par tous les ministres ! Au comité d’évaluation de l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), dispositif clé de la politique de la ville de Jean-Louis Borloo où elle est censée siéger, personne ne la connaît. Excédé par ses absences, le président du comité, Yazid Sabeg, a décidé de sévir. La lettre qu’il lui adresse le 20 avril 2005 est sans ambiguïté : il la considérera comme démissionnaire si elle ne se manifeste pas dans les quinze jours. Sabeg avait senti l’erreur de casting avant même le premier conseil d’administration. Mais son ami Borloo tenait à la candidature de Fadela Amara, au motif qu’elle « connaissait le terrain »... « Pour lui, c’est elle qui a inventé l’expression “casser les ghettos” ! » soupire Sabeg. Dans le milieu feutré des institutions, l’agitation perpétuelle de Fadela Amara lui tient lieu de carte de visite. Tout le monde s’arrache « madame banlieue ».
L’Observatoire de la parité ne peut se passer d’elle. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) l’auditionne à tout propos. En mars 2005, elle est nommée à la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Porte-voix du mouvement anti-voile, elle devient incontournable pour la commission Stasi sur les signes religieux à l’école, qui la reçoit en décembre 2003. Devant les sages, Fadela Amara use de tout son pouvoir de conviction pour contrecarrer le « retour de l’obscurantisme ». Dans sa bouche, les musulmanes voilées deviennent des « soldates du fascisme vert » et les bannir de l’école est encore une punition trop douce : « Il est urgent de réaffirmer la laïcité comme valeur centrale et de mettre fin à des pratiques archaïques qui oppriment les femmes. Dans les quartiers, les groupuscules islamistes sont de plus en plus puissants », assène-t-elle. Fadela Amara n’en est pas à une contradiction près. Deux mois plus tôt, dans sa biographie, elle se disait en effet opposée à ce qu’on « légifère à nouveau sur un thème si sensible » : « Le port du voile est devenu pour certains un nouvel argument politique permettant de stigmatiser les musulmans et les banlieues [1] . » Que s’est-il passé entre-temps ? Le 12 novembre 2003, la direction du bureau politique du PS, dont elle est membre, a décidé de soutenir la loi interdisant le foulard et de la voter à l’Assemblée.
Fadela Amara est une quadra dynamique, une entrepreneuse qui a tout compris. Elle adapte l’offre à la demande, se positionne sur le segment idéologique le plus porteur et rafle les parts de marché du nouveau féminisme. Elle est devenue la grande prêtresse des politiques et des médias.
Croisade médiatique
Car son ascension sera fulgurante. Tout démarre dans l’indifférence générale, en janvier 2002. Elle est encore une illustre inconnue, présidente de la Fédération nationale de la maison des potes [2] . Elle organise les états généraux des femmes des quartiers à la Sorbonne. Dix mois plus tard, à Vitry-sur-Seine, une jeune fille, Sohane Benziane, meurt dans un local à poubelles brûlée vive par un jeune beur de sa cité. Au même moment, Samira Bellil publie Dans l’enfer des tournantes [3] un témoignage bouleversant sur les viols qu’elle a subis. Deux faits divers sordides qui rebondissent sur le terrain médiatique. Car l’opinion publique est émue. C’est le moment, pour Fadela et son équipe, de partir en croisade contre les « machos de banlieue ». Entre février et mars 2003, la marche des femmes des quartiers passe par vingt-trois villes de France. Amara sait que pour exister il faut capter l’attention des journalistes. La communication est confiée à un pro, Franck Chaumont, recruté par la présidente en personne à la veille de la marche, en février 2003. C’est un membre de la « famille » : ancien de SOS Racisme Toulouse, il a été rédacteur en chef à Beur FM, employé au service de presse de la fondation Danielle Mitterrand, à la communication interne de la SNCF.... Bref, il a de la bouteille. Une ancienne porte-parole du mouvement, Ingrid Renaudin, a immédiatement mesuré le savoir-faire du communicant : « Après la marche, le discours s’est structuré. Chaumont, son boulot, c’était de nous recadrer : il faisait passer un message court, simple : “C’est la mort de Sohane qui a déclenché notre action.” [4] » Le slogan fait mouche. Elle, Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Obs..., tous les organes de presse et de télévision ouvrent leurs pages et leurs micros à la nouvelle association. « Le discours a été simplifié, poursuit Ingrid Renaudin. Le terrain, ça n’intéressait pas les médias, alors le message a perdu en nuance, explique la jeune femme, qui a quitté le mouvement. Très vite, le seul sujet, c’était le voile. Les médias et Fadela se sont cristallisés sur la dénonciation de l’islam radical, comme tout le monde après le 11 septembre [5] . » Premiers visés, les garçons des cités, machos et parfois même intégristes, qui voilent et violent les filles. Comme l’explique la sociologue Nacira Guénif [6] , NPNS (Ni putes ni soumises) désigne la figure détestable du « garçon arabe » à la vindicte médiatique. « Peu à peu une équation au simplisme effrayant s’est imposée : islam des Maghrébins = non-intégration + violence + antisémitisme + oppression de la femme, constate le sociologue Laurent Mucchielli. De sorte que ce sont progressivement toutes les valeurs que nous concevons comme le fondement de la civilisation occidentale qui seraient niées par ces populations perçues comme un autre bloc civilisationnel : l’Orient musulman [7] . » Baromètre de la psychose ambiante, NPNS reprend à son compte les reproches, vrais ou exagérés, faits aux jeunes Maghrébins.
À entendre les leaders du mouvement, pourtant issus eux-mêmes de l’immigration, ce qui devrait les inciter à la nuance, les banlieues ont le monopole du sexisme et l’islam celui de l’oppression des filles. À preuve, la conférence de presse du 2 mars 2005. Fadela Amara y annonce que NPNS ne manifestera pas avec le reste du mouvement féministe le 8 mars, car il accepte dans ses rangs des femmes voilées. En renfort, des VIP tout à fait insolites. Arlette Laguiller, d’abord, venue témoigner de sa « solidarité avec nos sœurs d’Algérie, d’Iran et d’Arabie Saoudite ». De quoi donner au débat une tournure dramatique... Elle défilera le 6 mars avec NPNS, ses nouvelles « alliées ». Dans la salle, personne ne tique sur le fait que Laguiller dirige un mouvement connu pour décourager toute mixité, au point de faire asseoir les hommes et les femmes séparément lors des réunions politiques, comme aux meetings de la très conservatrice Union des organisations islamiques de France !
Le micro tombe ensuite entre les mains de Hamida Labidi, avocate tunisienne responsable de l’association Aime, proche du régime de Ben Ali au point qu’elle n’hésite pas à prôner le « modèle tunisien » (dont les manquements aux droits de l’homme sont pourtant aujourd’hui établis) pour lutter contre l’intégrisme : « Nous avons un magazine électronique qui a pour but de critiquer l’islam et la communauté arabo-musulmane. Nous participons à la création d’une coalition internationale contre l’islam politique. En France, on assiste à un retour sans précédent de l’islam. Il y a des prédicateurs partout ! Le nouveau combat féministe consiste à dire non à l’islam ! » Quant aux banlieues françaises, Fatima Lalem, du Planning familial, les décrit comme « des quartiers où des petites filles sont violées tous les soirs par des messieurs choisis pour elles comme “maris” par leurs parents. Aujourd’hui, on profite de la République qui laisse les femmes voilées travailler... Mais ce sont des femmes qui portent des revendications politiques, qui se battent contre la démocratie ! » Dans un brouhaha de congratulations, Fadela Amara donne rendez-vous à l’assemblée le 6 mars, pour une manifestation interdite aux « voilées ». Ce dimanche-là, sous les banderoles, on entendait : « Ni burqa, ni charia, l’islam [sic] ne passera pas ! » « Les médias l’ont poussé à radicaliser son discours sur l’islam, admet Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, maison mère, en quelque sorte, de NPNS. Mais elle a été formée à SOS, elle aurait dû savoir comment s’y prendre ! Il faut qu’elle se recentre sur le féminisme, les questions sociales [8] ... »
Pour justifier des propos aussi violents à l’égard de l’islam devant les journalistes, les responsables de NPNS ont recours aux témoignages de jeunes femmes des quartiers, dont les parcours sont aussi violents que sordides. Il est vrai que les aggressions ne manquent pas dans les cités. Mais là, l’égérie en fait un système. Elle va à la pêche aux ralliements. Ainsi, Samira Bellil, auteure du récit poignant sur les viols dont elle a été victime adolescente, est happée par les filles et devient marraine de l’association. Loubna Méliane, une autre marcheuse, aujourd’hui vice-présidente de SOS Racisme, publie à son tour un livre racontant le mariage forcé qu’elle a subi à dix-neuf ans. Les journalistes sont comblés : grâce à l’association, qui se réclame à la fois du féminisme et des banlieues, ils ont accès à une source d’informations délicates à obtenir. Les filles de Ni putes ni soumises deviennent même des prestataires de service. Ainsi, lorsque le magazine Elle publie une enquête qui donne la parole à des jeunes femmes issues de l’immigration opposées au port du foulard à l’école [9] , la majorité des interviewées sont proches de NPNS. Quelques médias soutiennent activement le mouvement. L’Humanité offre une tribune à Loubna Méliane, une journaliste du Monde écrit le livre de Fadela Amara [10] .
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