Le nom, l'adresse, l'âge, etc., du candidat pourraient devenir facultatifs.
LIBERATION mardi 07 mars 2006
Mohammed, jeune issu de l'immigration, Henri, quinqua, Patrick, handicapé moteur, Sylviane, jeune femme obèse, vont désormais connaître plus souvent l'étape de l'entretien d'embauche. Le Sénat a adopté, dans la nuit de dimanche à lundi, un amendement au projet de loi sur l'égalité des chances, déposé par le sénateur UDF Nicolas About, pour développer la pratique du curriculum vitæ anonyme. L'amendement complète l'article du code du travail relatif aux informations que le futur employeur est en droit de demander d'un candidat à un poste.
«Premier pas». Si cet amendement est confirmé, le nom, l'adresse, le sexe, l'âge et la photo du candidat n'apparaîtront plus sur son CV. Mohammed, Henri, Patrick et Sylviane vont maintenant peut-être pouvoir passer à la phase 2 du processus de recrutement. On ignore si cet amendement va signer l'arrêt de mort du CV nominatif avec photo mais «c'est un premier pas, c'est une manière de défendre les droits sans vouloir mettre en place une politique de quota ou de discrimination positive», explique Nicolas About. Le sénateur des Yvelines dit bien savoir que «pour décrocher son premier boulot quand on habite Trappes, c'est trois à quatre fois plus difficile qu'ailleurs».
L'amendement doit passer aujourd'hui devant la commission mixte paritaire, et mercredi à l'Assemblée. «Rien n'empêche encore le gouvernement de déposer un autre amendement pour le supprimer», se méfie-t-il. Avec raison, puisque l'amendement n'a été adopté qu'à 169 voix favorables contre 159. «On a imposé aux collectivités territoriales de ne plus sélectionner les entreprises selon leur gueule mais d'avoir recours aux appels d'offres, ici, on demande aux entreprises de faire de même en s'attachant au savoir-faire de la personne», valide-t-il.
Le concept, testé depuis 2003 par le groupe Axa, ne garantit pourtant pas à Mohammed ou Sylviane de décrocher le boulot pour lequel ils postulaient. «Ils auront au moins la possibilité de rencontrer la personne susceptible de les embaucher, poursuit Nicolas About, mais il restera toujours le cap de l'entretien.»
Sans faute. En effet, le CV anonyme n'est pas l'effaceur automatique de discriminations à l'embauche. Une enquête réalisée l'an dernier sur 325 offres d'emploi de commerciaux par le professeur Jean-François Amadieu, en partenariat avec le réseau de travail temporaire Adia, avait montré des écarts importants : le candidat de «référence», homme blanc valide, frisait le sans-faute avec plus de 91 % de propositions d'embauche, alors que la personne handicapée ne pouvait signer un contrat que dans 46 % de ses entretiens. Pire, seulement 20 % des hommes de 50 ans réussissaient à passer l'épreuve
LIBERATION mardi 07 mars 2006
Mohammed, jeune issu de l'immigration, Henri, quinqua, Patrick, handicapé moteur, Sylviane, jeune femme obèse, vont désormais connaître plus souvent l'étape de l'entretien d'embauche. Le Sénat a adopté, dans la nuit de dimanche à lundi, un amendement au projet de loi sur l'égalité des chances, déposé par le sénateur UDF Nicolas About, pour développer la pratique du curriculum vitæ anonyme. L'amendement complète l'article du code du travail relatif aux informations que le futur employeur est en droit de demander d'un candidat à un poste.
«Premier pas». Si cet amendement est confirmé, le nom, l'adresse, le sexe, l'âge et la photo du candidat n'apparaîtront plus sur son CV. Mohammed, Henri, Patrick et Sylviane vont maintenant peut-être pouvoir passer à la phase 2 du processus de recrutement. On ignore si cet amendement va signer l'arrêt de mort du CV nominatif avec photo mais «c'est un premier pas, c'est une manière de défendre les droits sans vouloir mettre en place une politique de quota ou de discrimination positive», explique Nicolas About. Le sénateur des Yvelines dit bien savoir que «pour décrocher son premier boulot quand on habite Trappes, c'est trois à quatre fois plus difficile qu'ailleurs».
L'amendement doit passer aujourd'hui devant la commission mixte paritaire, et mercredi à l'Assemblée. «Rien n'empêche encore le gouvernement de déposer un autre amendement pour le supprimer», se méfie-t-il. Avec raison, puisque l'amendement n'a été adopté qu'à 169 voix favorables contre 159. «On a imposé aux collectivités territoriales de ne plus sélectionner les entreprises selon leur gueule mais d'avoir recours aux appels d'offres, ici, on demande aux entreprises de faire de même en s'attachant au savoir-faire de la personne», valide-t-il.
Le concept, testé depuis 2003 par le groupe Axa, ne garantit pourtant pas à Mohammed ou Sylviane de décrocher le boulot pour lequel ils postulaient. «Ils auront au moins la possibilité de rencontrer la personne susceptible de les embaucher, poursuit Nicolas About, mais il restera toujours le cap de l'entretien.»
Sans faute. En effet, le CV anonyme n'est pas l'effaceur automatique de discriminations à l'embauche. Une enquête réalisée l'an dernier sur 325 offres d'emploi de commerciaux par le professeur Jean-François Amadieu, en partenariat avec le réseau de travail temporaire Adia, avait montré des écarts importants : le candidat de «référence», homme blanc valide, frisait le sans-faute avec plus de 91 % de propositions d'embauche, alors que la personne handicapée ne pouvait signer un contrat que dans 46 % de ses entretiens. Pire, seulement 20 % des hommes de 50 ans réussissaient à passer l'épreuve
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