LE MONDE | 07.03.06 | 13h39 • Mis à jour le 07.03.06 | 14h21
Alger, envoyée spéciale
Les informations sont contradictoires. Officiellement, le président algérien va bien. Il est entièrement remis de l'opération qu'il a subie, fin novembre 2005 à Paris, d'"un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac", selon le compte rendu de son médecin, le professeur Zitouni.
M. Bouteflika a "pleinement récupéré" et exerce ses fonctions "tout à fait normalement", ne cessent de répéter les rares personnes qui osent s'exprimer sur ce sujet. La preuve ? Son calendrier "chargé", fait-on valoir : samedi, le président a reçu son homologue portugais. Il devait recevoir le président russe, Vladimir Poutine, en visite à Alger, le mardi 7 mars. Il rencontrera le président sud-coréen le 11 mars. Mais M. Bouteflika, qui a passé son temps à courir le monde depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, serait-il devenu sédentaire ? Non, rétorque-t-on. Il doit aller, fin mars, à Khartoum, pour un sommet de la Ligue arabe, dont il assume la présidence.
Quoi qu'en dise l'entourage présidentiel, ce calendrier est maigre, comparé à celui qui prévalait jusqu'en novembre. Le président Bouteflika a considérablement réduit ses activités. Il a un emploi du temps fait sur mesure. Les chancelleries ont été priées de ne plus prévoir de visites officielles de personnalités étrangères ni de solliciter d'audience durant le week-end (les jeudi et vendredi en Algérie). Seul Jack Straw, le ministre britannique des affaires étrangères, a dérogé à cette nouvelle règle - au motif qu'il ne pouvait faire autrement -, ce qui a choqué.
Pour se reposer, et aussi "pour pouvoir faire de longues marches", assure un de ses amis, le chef de l'Etat a quitté Alger pour s'installer à Zeralda, en banlieue. Il lit beaucoup et ne regagne El-Mouradia, le palais présidentiel, que lorsque son programme l'exige. Lui qui se saisissait de la moindre occasion pour discourir, au point d'"habiter" la télévision, parle peu, désormais. Plus d'allocutions-fleuves, retransmises chaque soir sur le petit écran, ce qui donnait aux journaux télévisés algériens l'aspect de "JT" nord-coréens.
"CE N'EST PLUS LE MÊME"
Le long discours qu'il a prononcé le 24 février devant les cadres du syndicat national, l'UGTA, a surpris. Bien peu s'attendaient à le voir tenir debout, en bonne forme apparente. La presse écrite, surtout le quotidien d'Etat El-Moudjahid, peine, par moments, à emplir ses colonnes, tant le nombre des inaugurations et cérémonies officielles a diminué. Elle fait souvent appel à des images d'archives pour illustrer ses articles.
L'homme a changé, ceux qui l'approchent le disent. "Ce n'est plus le même. Son regard, surtout, n'est plus le même", assure avec compassion un journaliste. Abdelaziz Bouteflika serait par ailleurs pris depuis quelque temps d'une véritable ferveur religieuse. Il a récemment envoyé une centaine d'artistes à La Mecque et, dans le même esprit, fait réintroduire l'appel à la prière à la télévision.
Si on le voit peu sur le petit écran, on aperçoit davantage, en revanche, les ministres, en particulier le chef du gouvernement. Bien que son nom revienne souvent comme celui du dauphin potentiel, Ahmed Ouyahia prend soin de garder un profil bas. Ce n'est pas le cas d'Abdelaziz Belkhadem, le chef du Front de libération nationale (FLN), l'ex-parti unique, encore plus agité de tensions internes que d'habitude. En coulisse, et sans jamais l'avouer, tout le monde se tient prêt, au cas où...
Alger, envoyée spéciale
Les informations sont contradictoires. Officiellement, le président algérien va bien. Il est entièrement remis de l'opération qu'il a subie, fin novembre 2005 à Paris, d'"un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac", selon le compte rendu de son médecin, le professeur Zitouni.
M. Bouteflika a "pleinement récupéré" et exerce ses fonctions "tout à fait normalement", ne cessent de répéter les rares personnes qui osent s'exprimer sur ce sujet. La preuve ? Son calendrier "chargé", fait-on valoir : samedi, le président a reçu son homologue portugais. Il devait recevoir le président russe, Vladimir Poutine, en visite à Alger, le mardi 7 mars. Il rencontrera le président sud-coréen le 11 mars. Mais M. Bouteflika, qui a passé son temps à courir le monde depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, serait-il devenu sédentaire ? Non, rétorque-t-on. Il doit aller, fin mars, à Khartoum, pour un sommet de la Ligue arabe, dont il assume la présidence.
Quoi qu'en dise l'entourage présidentiel, ce calendrier est maigre, comparé à celui qui prévalait jusqu'en novembre. Le président Bouteflika a considérablement réduit ses activités. Il a un emploi du temps fait sur mesure. Les chancelleries ont été priées de ne plus prévoir de visites officielles de personnalités étrangères ni de solliciter d'audience durant le week-end (les jeudi et vendredi en Algérie). Seul Jack Straw, le ministre britannique des affaires étrangères, a dérogé à cette nouvelle règle - au motif qu'il ne pouvait faire autrement -, ce qui a choqué.
Pour se reposer, et aussi "pour pouvoir faire de longues marches", assure un de ses amis, le chef de l'Etat a quitté Alger pour s'installer à Zeralda, en banlieue. Il lit beaucoup et ne regagne El-Mouradia, le palais présidentiel, que lorsque son programme l'exige. Lui qui se saisissait de la moindre occasion pour discourir, au point d'"habiter" la télévision, parle peu, désormais. Plus d'allocutions-fleuves, retransmises chaque soir sur le petit écran, ce qui donnait aux journaux télévisés algériens l'aspect de "JT" nord-coréens.
"CE N'EST PLUS LE MÊME"
Le long discours qu'il a prononcé le 24 février devant les cadres du syndicat national, l'UGTA, a surpris. Bien peu s'attendaient à le voir tenir debout, en bonne forme apparente. La presse écrite, surtout le quotidien d'Etat El-Moudjahid, peine, par moments, à emplir ses colonnes, tant le nombre des inaugurations et cérémonies officielles a diminué. Elle fait souvent appel à des images d'archives pour illustrer ses articles.
L'homme a changé, ceux qui l'approchent le disent. "Ce n'est plus le même. Son regard, surtout, n'est plus le même", assure avec compassion un journaliste. Abdelaziz Bouteflika serait par ailleurs pris depuis quelque temps d'une véritable ferveur religieuse. Il a récemment envoyé une centaine d'artistes à La Mecque et, dans le même esprit, fait réintroduire l'appel à la prière à la télévision.
Si on le voit peu sur le petit écran, on aperçoit davantage, en revanche, les ministres, en particulier le chef du gouvernement. Bien que son nom revienne souvent comme celui du dauphin potentiel, Ahmed Ouyahia prend soin de garder un profil bas. Ce n'est pas le cas d'Abdelaziz Belkhadem, le chef du Front de libération nationale (FLN), l'ex-parti unique, encore plus agité de tensions internes que d'habitude. En coulisse, et sans jamais l'avouer, tout le monde se tient prêt, au cas où...
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