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Nouakchott : Les présumés auteurs devant la cour criminelle

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  • Nouakchott : Les présumés auteurs devant la cour criminelle

    Les présumés auteurs devant la cour criminelle

    Le procès devant la cour criminelle de Nouakchott de onze individus, présumés commanditaires, auteurs et complices dans l’opération d’enlèvement de trois humanitaires espagnols le 29 novembre 2009, sur la route Nouakchott-Nouadhibou, a débuté mardi, dans un contexte marqué par une sécurité renforcée. Une seule journée était suffisante pour le déroulement des audiences, réquisitoires et plaidoiries. Au moment où nous étions sous presse, la Cour était entrée en délibérations. Le parquet a réclamé la perpétuité et la confiscation de tous les biens contre : Omar Sahraoui, Lehbouss Ould Id, Mohamed Salem Ould Hmouda, Boukhary Ould Ayssaoui. Il a requis aussi huit ans de prison et cent mille ouguiyas d’amende contre Kowriya Mint El Ayssaoui. Quant à Regragui, le représentant du ministère public a demandé contre lui une peine de prison de deux ans, une amende de cinq cent mille ouguiyas et la confiscation de sa voiture Hi-Lux. Le verdict devrait tomber incessamment…

    La Cour avait entamé les débats, hier mardi 20 juillet, par l’interrogatoire de Omar Ould Hamma, alias Omar Sahraoui, un ressortissant malien âgé de 52 ans, présenté par l’accusation comme le principal exécutant de l’opération. Répondant aux questions des juges, il a nié tout lien avec les faits constitutifs du rapt et a rejeté toute idée d’appartenance à la nébuleuse terroriste Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) ou d’alliance avec elle. Il affirme que le jour du rapt, il se trouvait à Bamako. Sur les conditions de son arrestation, Sahraoui affirme avoir « été enlevé en territoire malien par des éléments des forces de sécurité mauritaniennes » avant de subir « de multiples tortures » au cours de la période de garde à vue.

    Autant d’éléments qui montrent, selon lui, qu’il était simplement la victime d’une situation dont les enjeux dépassent largement la personne « d’un simple bédouin ».

    Charges contre le malien

    Deuxième accusé à se présenter à la barre de la cour criminelle, Regragui.

    Il a fait des aveux contredisant la thèse servie par Sahraoui. En effet, celui-ci soutient avoir vendu à Sahraoui « 120 litres de carburant, une importante quantité d’eau et de nourriture, payés en euros, dans les environs de Nouadhibou, quelques heures avant l’opération d’enlèvement » des trois otages humanitaires de l’ONG de Barcelone.
    Un aveu venu à la rescousse de l’accusation, qui pousse le représentant du ministère public à poser la question du lien que pourrait avoir « un simple bédouin » tel que se présente Sahraoui avec une monnaie comme l’euro.
    La troisième audition de la journée est intervenue par l’entremise de l’éclairage du jeune algérien, El Id Ould Lehbouss, âgé de 23 ans. Il se présente comme un berger pour les troupeaux de Omar Sahraoui, venu en Mauritanie pour « fonder un foyer ». Il a été arrêté dans la ville de Selibaby. Un accusé qui a décrit les conditions dans lesquelles il a été acheminé en Mauritanie par Sahraoui « à travers 2000 kilomètres de désert sans avoir rencontré le moindre signe de présence d’une vie humaine, et même aucun poste de contrôle ». Ce qui naturellement suppose une parfaite maîtrise du terrain de la part du convoyeur ». Il nie cependant toute participation au rapt de la fin novembre 2009.

    Puis arrive un militaire sahraoui, Mohamed Salem Ould Ehmouda. Il dit avoir été « enlevé » par des militaires mauritaniens déguisés en civils dans un campement pendant qu’il se trouvait en permission du week-end. L’homme affirme avoir été arrêté dans un campement saharaoui par des membres des forces de sécurité mauritaniennes, puis « torturé pendant plusieurs semaines avant que la moindre accusation n’ait été portée contre sa personne ». L’accusation met en doute cette version et semble troublée par un détail important : celui qui se déclare comme un combattant du Polisario venait de convoler en justes noces dans notre pays, cinq jours avant le rapt. Peu de temps, estime-t-on pour un nouveau marié… Il aurait été précipité par l’obligation de quitter sa nouvelle femme afin de jouer son rôle dans l’opération d’enlèvement.

    Dernier entendu de la série du mardi, un vieil homme du nom de Boukhary Ould Ayssaoui, emmené à la barre en fauteuil roulant. Au moment de l’interrogatoire, il n’a pas pu répondre aux questions des membres de la cour. Il a juste poussé un cri terrifiant avant de tomber évanoui. Justifiant le malaise, son avocat a mis en cause « la torture » et les «mauvaises conditions de détention » avant de demander à la cour une audition ultérieure dans des conditions « normales » pour entendre sa thèse de défense.

    Figure parmi les accusés également, Moctar Bel Moctar, un algérien, chef d’une branche de la nébuleuse terroriste sous régionale Al Qaida. Absent, le mandat d’arrêt lancé contre sa personne depuis quelques mois est infructueux. Il devrait être jugé par défaut au même titre que quelques autres protagonistes du dossier dans une situation similaire. Ce procès débute dans un contexte sous régional marqué par un ultimatum d’Al Qaida exigeant la libération de certains de ses éléments détenus en Mauritanie pour laisser la vie sauve à des otages occidentaux.
    Allié de la France et de l’Espagne, pays d’origine de ces otages détenus au Nord Mali, le gouvernement mauritanien a exclu toute idée de libération de terroristes en échange de celle d’otages. Le verdict de la cour pourrait bien confirmer l’intransigeance des autorités mauritaniennes dans ce dossier.

    Cheikh Sidya

    Rmibiladi - Points Chauds
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