Après son abdication en novembre 1849 quelques jours avant la chute des Zaatcha, l’ère coloniale l’a exotisée tant il est vrai qu’elle jouit d’un site où le pittoresque s’allie à la beauté du relief : dunes, eaux vives de l’oued, jardins et palmeraie. Sous l’emprise des monts Kerdada et Azzedine des contreforts du massif saharien, elle s’est développée dans cet éco-système oasien, que rares sont les lieux qui s’en prévalent, c’est Bou-Saâda la fauve. Cécil Blount de Mille, le cinéaste biblique de Hollywood, y a tourné en 1949 quelques extérieurs de Samson et Dalila ; il en aurait dit d’ailleurs : « Cette région est un véritable studio à ciel ouvert... sans sunlight. »
Et bien plus tard, cinéastes étrangers et nationaux profitèrent de ce cadre pour immortaliser leurs œuvres cinématographiques. Ces atouts et ses atours en firent la première halte de tout éthnographe ou voyageur en mal de dépaysement. Ce tableau manquerait de piquant sans les danseuses « Ouled-Naïl » ; image d’Epinal consacrée, par une pernicieuse volonté réductrice. Les tenants d’un colonialisme d’acculturation globale, sans recours, en avaient décidé ainsi. Sinon, comment expliquer l’occupation violente d’espaces arides ? La convoitise de terres fertiles ne peut même pas, dans ce cas, être invoquée. La conquête armée poussait à l’errance des milliers de personnes, spoliées de leurs parcours et de leurs cheptels. Les bâtisseurs de l’Ordre messianique organisaient la ville autour du bastion fortifié du nom du sinistre Cavaignac. Ce triste sire prête toujours son nom à une importante rue de la capitale.
Le nouveau quartier s’appellera désormais Le Plateau de la discipline, par opposition au vieux bâti de la médina. Datant du XVIe siècle selon certaines sources, cette dernière fut construite autour de Djamaâ-Ennakhla ou mosquée de Sidi Thameur, saint-patron de la cité. La fortification située sur la butte dominant le Ksar veillera pendant longtemps à la quiètude des lieux. L’immense horloge incrustée à son faîte a égrené le temps durant le temps qu’aura duré sa colonisation. La révolte de Benchabira, n’est pas complètement étouffée, elle prêtait main forte à Bouziane des Zaâtcha. Les Ouled Ameur, alliés d’El Mokrani ont été difficilement réduits. Le fameux Beauprêtre blessé a failli y laisser sa vie, El-Bayadh l’a rattrapé.
Pour mieux faire avaler la pilule aux notables, dans un souci feint de préserver l’honneur des familles des appetits sexuels de la soldatesque, on crée Tabeg El Kelb (péjoration populaire). Il s’agissait, comble du cynisme, du premier lieu de débauche. Malheur au vaincu ! Le choix du lieu n’est pas innocent ; à la jonction des fractions des Ouled H’Meida et des Chorfa, cette aire abrite plusieurs sanctuaires maraboutiques. Le choix du lieu participait d’une volonté délibérée de profaner le culte. Il désacralise par l’humiliation les repères cultuels de cette population déjà dominée par le salpêtre du canon. Cette communauté, fière et rebelle, fait prévaloir un rigorisme religieux à même de la protéger de la violence coloniale. La zaouia d’El Hamel et la bourgade d’Eddis des Ouled Brahim, satellites de la cité, constitueront pendant longtemps des citadelles du savoir aussi bien spirituel que temporel. Lalla Zeineb des Chorfa aura la lourde charge de diriger la zaouia à la mort de son vénérable père, le Cheikh Mohammed ben Belkacem de la Tarika Rahmania.
De grandes personnalités politiques et autres telles que Isabelle Eberhardt retiendront l’image d’une femme à la fois ascétique et déterminée à diriger sa communauté comme l’a si bien fait son défunt père. Minée par la maladie, elle mourut relativement jeune et célibataire. L’Emir EI Hachemi qui revenu volontairement au pays après son exil syrien, n’a-t-il pas choisi la cité pour y vivre et plus tard y être enterré ? Sur recommandation de son illustre père, les frères Bisker l’ont accueilli et installé dans la maison du chérif hassanite Azzedine ben Laïfa, vieille famille du quartier. Charles de Gallant rapporte dans son « Excursion à Bou-Saada et M’Sila - mars 1889 » cette recommandation de l’Emir Abdelkader à son fils : « Si tu dois retourner au cher pays natal, je te conseille de te diriger sur Bou-Saâda où je conserve encore de fidèles amis, parmi les Chérif et les Bisker. » En effet, les deux frères Hadj Mohammed et Hadj M’hamed, fils de Kouider ben Bisker, qui se rendaient à Damas, passaient plus d’un mois auprès de L’Emir lors de leur pèlerinage à la Mecque et à Jérusalem.
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Et bien plus tard, cinéastes étrangers et nationaux profitèrent de ce cadre pour immortaliser leurs œuvres cinématographiques. Ces atouts et ses atours en firent la première halte de tout éthnographe ou voyageur en mal de dépaysement. Ce tableau manquerait de piquant sans les danseuses « Ouled-Naïl » ; image d’Epinal consacrée, par une pernicieuse volonté réductrice. Les tenants d’un colonialisme d’acculturation globale, sans recours, en avaient décidé ainsi. Sinon, comment expliquer l’occupation violente d’espaces arides ? La convoitise de terres fertiles ne peut même pas, dans ce cas, être invoquée. La conquête armée poussait à l’errance des milliers de personnes, spoliées de leurs parcours et de leurs cheptels. Les bâtisseurs de l’Ordre messianique organisaient la ville autour du bastion fortifié du nom du sinistre Cavaignac. Ce triste sire prête toujours son nom à une importante rue de la capitale.
Le nouveau quartier s’appellera désormais Le Plateau de la discipline, par opposition au vieux bâti de la médina. Datant du XVIe siècle selon certaines sources, cette dernière fut construite autour de Djamaâ-Ennakhla ou mosquée de Sidi Thameur, saint-patron de la cité. La fortification située sur la butte dominant le Ksar veillera pendant longtemps à la quiètude des lieux. L’immense horloge incrustée à son faîte a égrené le temps durant le temps qu’aura duré sa colonisation. La révolte de Benchabira, n’est pas complètement étouffée, elle prêtait main forte à Bouziane des Zaâtcha. Les Ouled Ameur, alliés d’El Mokrani ont été difficilement réduits. Le fameux Beauprêtre blessé a failli y laisser sa vie, El-Bayadh l’a rattrapé.
Pour mieux faire avaler la pilule aux notables, dans un souci feint de préserver l’honneur des familles des appetits sexuels de la soldatesque, on crée Tabeg El Kelb (péjoration populaire). Il s’agissait, comble du cynisme, du premier lieu de débauche. Malheur au vaincu ! Le choix du lieu n’est pas innocent ; à la jonction des fractions des Ouled H’Meida et des Chorfa, cette aire abrite plusieurs sanctuaires maraboutiques. Le choix du lieu participait d’une volonté délibérée de profaner le culte. Il désacralise par l’humiliation les repères cultuels de cette population déjà dominée par le salpêtre du canon. Cette communauté, fière et rebelle, fait prévaloir un rigorisme religieux à même de la protéger de la violence coloniale. La zaouia d’El Hamel et la bourgade d’Eddis des Ouled Brahim, satellites de la cité, constitueront pendant longtemps des citadelles du savoir aussi bien spirituel que temporel. Lalla Zeineb des Chorfa aura la lourde charge de diriger la zaouia à la mort de son vénérable père, le Cheikh Mohammed ben Belkacem de la Tarika Rahmania.
De grandes personnalités politiques et autres telles que Isabelle Eberhardt retiendront l’image d’une femme à la fois ascétique et déterminée à diriger sa communauté comme l’a si bien fait son défunt père. Minée par la maladie, elle mourut relativement jeune et célibataire. L’Emir EI Hachemi qui revenu volontairement au pays après son exil syrien, n’a-t-il pas choisi la cité pour y vivre et plus tard y être enterré ? Sur recommandation de son illustre père, les frères Bisker l’ont accueilli et installé dans la maison du chérif hassanite Azzedine ben Laïfa, vieille famille du quartier. Charles de Gallant rapporte dans son « Excursion à Bou-Saada et M’Sila - mars 1889 » cette recommandation de l’Emir Abdelkader à son fils : « Si tu dois retourner au cher pays natal, je te conseille de te diriger sur Bou-Saâda où je conserve encore de fidèles amis, parmi les Chérif et les Bisker. » En effet, les deux frères Hadj Mohammed et Hadj M’hamed, fils de Kouider ben Bisker, qui se rendaient à Damas, passaient plus d’un mois auprès de L’Emir lors de leur pèlerinage à la Mecque et à Jérusalem.
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