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Je recommande l’Afrique aux investisseurs patients, c’est le nouveau marché émergent

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  • Je recommande l’Afrique aux investisseurs patients, c’est le nouveau marché émergent

    «Je recommande l’Afrique aux investisseurs patients, c’est le nouveau marché émergent»

    Michel Juvet, membre de la direction de la banque Bordier à Genève, s’exprime sur l’économie africaine et note que les besoins de matières premières de pays comme la Chine, l’Inde et le Brésil ont changé la donne pour le continent

    Le Temps: L’Afrique est généralement associée à la misère, à la guerre et autres catastrophes. Mais, apparemment, ça bouge. Vraiment?

    Michel Juvet: Il faut reconnaître les profonds changements économiques sur l’ensemble du continent depuis les années 2000. La croissance est soutenue. Alors qu’elle était quasiment inexistante, elle est passée à 5% en moyenne durant les dix dernières années. En 2010, la croissance en Europe sera de 1,5%, aux Etats-Unis de 2,5%, et en Afrique de 5% en moyenne, bien qu’il y ait d’énormes différences entre pays.

    Quant à la dette publique, en pourcentage du PIB, à l’exception du Zimbabwe, elle est bien plus soutenable qu’en Europe. En Afrique du Sud, elle est de 35%. Au Maroc ou en Tunisie, elle est proche de 50%, alors qu’en Europe on s’approche des 100%. L’Afrique n’a plus de soucis d’endettement public à présent. C’est un avantage majeur. En cas de ralentissement de la conjoncture internationale, l’Afrique peut s’endetter et poursuivre ses dépenses. Il faut préciser que les pays les plus pauvres ont profité des abandons de dette effectués par les pays européens.

    Dernier élément à relever: la montée en puissance des pays émergents comme le Brésil et la Chine, qui manifestent leur intérêt pour les matières premières africaines. L’Afrique représente 2% du PIB mondial alors que 12% de la population de la planète y habitent et, si aujourd’hui sa part dans le commerce global est faible (2%), elle commence à croître grâce justement à ces échanges Sud-Sud. A l’image de l’Asie, qui a décollé notamment grâce à l’aide au développement, aux investissements directs et aux capitaux.

    – Peut-on dès lors se demander si l’aide n’a pas freiné le décollage en Afrique?

    – Malheureusement, on ne peut pas tirer un vrai bilan. Les conclusions vont dans les deux sens. D’un côté, il y a le Burkina Faso, un des pays les plus aidés au monde (l’aide publique y représente 15% de son PIB ou 100 dollars par habitant), qui n’a pas décollé. De l’autre, l’Egypte, le Maroc ou le Ghana, qui n’ont pas été plus aidés et qui sont à la tête de la croissance économique en Afrique. Peut-on conclure que l’aide a pénalisé le Burkina Faso? Ce serait une simplification extrême. Sans cette aide, ce pays serait probablement encore plus pauvre. Elle a aidé les populations, mais n’a pas apporté de développement. En revanche, les nouvelles pratiques de soutien budgétaire ont permis une meilleure gouvernance. Le facteur de développement, ce n’est pas l’aide, mais les flux de capitaux. Il n’empêche que l’aide reste importante pour beaucoup de pays, car elle représente encore 8 à 10% du revenu national. Or, avec la crise, les pays donateurs réduisent leurs budgets d’aide. L’Afrique ne pourra pas atteindre les fameux Objectifs du millénaire. Il ne faut pas oublier l’argent des émigrés africains. Leur apport représente entre 30 et 40% des flux de capitaux qui arrivent en Afrique subsaharienne.

    – Quel a été le rôle de l’aide multilatérale?

    – Dans un premier temps, le Fonds monétaire international a eu un rôle destructeur et de remise à plat par le biais des fameux programmes d’ajustement structurel, extrêmement pénibles pour les populations. Le FMI n’a pas lancé le développement, mais il a aidé à mettre en place un système qui a permis d’accueillir les capitaux et de retrouver la croissance.

    – La corruption est un obstacle, non?

    Les freins sont nombreux. A commencer par la bonne gouvernance, l’éducation, la propriété foncière et les infrastructures. Là, les exemples de l’Afrique du Sud ou du Maroc sont intéressants. Ces pays ont investi dans les infrastructures, ce qui leur a permis de passer à la vitesse supérieure. Dans l’ensemble du continent, ces infra*structures (ports, route, rail) manquent terriblement. Le transport des marchandises est plus cher et moins sûr entre pays africains qu’entre pays asiatiques.

    – Comment l’Afrique a-t-elle traversé la crise?

    – Il y a deux facteurs de transmission de la crise: le facteur commercial et le facteur financier. Dans leur malheur, les pays africains n’ont été concernés que par le premier. Les échanges commerciaux se sont effondrés. Heureusement, les banques africaines n’étaient pas impliquées dans la crise des «subprime», ce qui leur a permis de rester au-dehors de la contagion financière internationale. Pour la première fois et grâce à leurs finances publiques en meilleur état, les pays africains ont pu faire des pro*grammes de relance pour prendre le relais de la demande étrangère. Depuis, avec la reprise mondiale, les exportations ont repris.

    – Désormais l’Afrique attire des investisseurs? Qui sont-ils?

    Les bourses attirent l’investisseur international qui a un portefeuille, qui veut diversifier ses actifs et qui veut profiter du boom des matières premières et de la croissance. Il place sur les valeurs cotées, mais il rencontre des difficultés de liquidités ou d’accessibilité. La taille des différents marchés boursiers africains est limitée. Au Maroc, la capitalisation boursière pèse 65 milliards de dollars (68 milliards de francs), celle de l’Egypte 45 milliards et celle du Nigeria 40 milliards. A titre de comparaison, la capitalisation boursière de la Thaïlande est proche de 200 milliards et celle de Nestlé de 150 milliards. Des fonds de placement sont disponibles, mais ils se concentrent essentiellement en Afrique du Sud, au Maroc et en Egypte, trois pays observés en priorité par les investisseurs.

    Il y a une autre catégorie d’investissement, plus intéressante parce qu’elle est plus rémunératrice et plus importante pour le développement: les fonds de private equity. On en trouve aujourd’hui d’origine européenne mais également sud-africaine. Moins visibles, ils financent directement les entreprises n’ayant pas accès aux marchés des capitaux, peu développés en Afrique. Il est intéressant d’observer que l’aide publique des Etats développés intègre de plus en plus ces fonds comme instrument de développement. Même la Libye s’y intéresse et construit en ce moment un véhicule de placement de ce type. La conjonction de toutes ces sources fait que les flux de capitaux continueront à alimenter le développement en Afrique.

    – Quels sont l’état et le potentiel des places financières en Afrique?

    – Etant donné la taille réduite de ces marchés, l’intérêt à se mettre ensemble est évident, mais le regroupement des bourses a de la peine à se concrétiser. Beaucoup d’entreprises de taille moyenne ne sont pas cotées. Forcément, avec le développement économique, cela va évoluer. Ce qui est intéressant d’observer déjà aujourd’hui, c’est que les grandes capitalisations ne concernent pas que les matières premières: on trouve des entreprises de télécommunications, de construction, de grande distribution et des banques. A l’avenir, l’idéal serait que les autres pays moins avancés suivent ces exemples. Ceux qui ont des matières premières doivent financer l’émergence d’autres secteurs.

    letemps.ch
    interview samedi24 juillet 2010
    Ram Etwareea et Sandrine Hochstrasser

  • #2
    – Les bourses attirent l’investisseur international qui a un portefeuille, qui veut diversifier ses actifs et qui veut profiter du boom des matières premières et de la croissance. Il place sur les valeurs cotées, mais il rencontre des difficultés de liquidités ou d’accessibilité. La taille des différents marchés boursiers africains est limitée. Au Maroc, la capitalisation boursière pèse 65 milliards de dollars (68 milliards de francs), celle de l’Egypte 45 milliards et celle du Nigeria 40 milliards. A titre de comparaison, la capitalisation boursière de la Thaïlande est proche de 200 milliards et celle de Nestlé de 150 milliards. Des fonds de placement sont disponibles, mais ils se concentrent essentiellement en Afrique du Sud, au Maroc et en Egypte, trois pays observés en priorité par les investisseurs.


    => Ceci signifit que la bourse de Casablanca a définitivement pris la second place du palmarès africain ..

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    • #3
      La crise a fait du bouleversement dans le classement des bourses africaines, les places égyptienne et nigériane y ont perdu bien plus que la marocaine, puisque dépendaient plus des investisseurs étrangers.

      Cela dit, la sud africaine reste de loin première, les deuxième, troisième et 4 eme places s'interchangent entre le Maroc, l'Egypte et le Nigeria.

      La place casablancaise a été classée deuxième il y a un bout, place qu'elle a perdu au profit du boom de celles egyptienne et nigeriane ayant plus de potentialités de développement, mais je pense qu'elle vient de regagner sa place de dauphine dans ce classement continental.
      Dernière modification par Serbi9o, 26 juillet 2010, 16h29.

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      • #4
        La crise a fait du bouleversement dans le classement des bourses africaines, les places égyptienne et nigériane y ont perdu bien plus que la marocaine, puisque dépendaient plus des investisseurs étrangers.

        Cela dit, la sud africaine reste de loin première, les deuxième, troisième et 4 eme places s'interchangent entre le Maroc, l'Egypte et le Nigeria.
        Je pense pas .. la deuxième place me semble durablement acquise pour la place Casablancaise.

        L'écart est creusé malgré le coup de buste du dollar (Bénéfique pour l'Egypt et le Nigeria et maléfique pour le Maroc).

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        • #5
          Là, les exemples de l’Afrique du Sud ou du Maroc sont intéressants. Ces pays ont investi dans les infrastructures, ce qui leur a permis de passer à la vitesse supérieure.

          ................................

          C'est bon à souligner !!!!

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