LA RÉVOLUTION DE JUILLET 1952 EN ÉGYPTE
Chronique d’une utopie détournée
«Serment par Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (...) Nous jurons de travailler à la puissance et à l’unité de la nation arabe.»
Serment prononcé sur le tombeau de Nasser
C’est par ces mots que le peuple égyptien et plus largement les peuples arabes firent leurs adieux à Gamal Abdel Nasser l’homme qui a, un temps, donné une voie au Monde arabe dont il se proclamait le leader. En effet, Gamal Abdel Nasser (1918-1970) peut être considéré comme l’un des plus grands dirigeants arabes de l’histoire. Gamal Abdel Nasser né le 15 janvier 1918 à Alexandrie, décédé le 28 septembre 1970, fut à l’âge de 16 ans, incarcéré après des combats de rue entre un mouvement indépendantiste égyptien, El Fatat (Jeune Égypte) et la police. En tant que soldat, il participe à la guerre de 1948.
Le lieutenant-colonel Nasser fonde et devient le leader du Mouvement des officiers libres qui avait pour but de renverser le roi Farouk. Le 23 juillet 1952, Nasser conduit un coup d’État militaire contre le roi Farouk Ier et proclame la République un an plus tard. Nasser centralise tous les pouvoirs. A l’été 1956, il annonce la nationalisation du canal de Suez, ce qui allait directement contre les intérêts du Royaume-Uni et de la France qui cogéraient le canal. Ces derniers, alliés à Israël, déclenchèrent une opération pour en reprendre le contrôle. Cependant, sous la pression de l’Union soviétique et le manque de soutien des États-Unis, ils furent obligés de retirer leurs troupes d’Égypte. Ce fut une victoire pour Nasser qui devint un héros pour les Arabes.
La stratégie de Nasser que Mohamed Hassanen Heykal, journaliste confident du Raïs, décrit bien dans les Documents du Caire, tient du jeu d’échecs. Nasser milita pour un panarabisme neutre. Il inspire les nationalistes dans le Monde arabe. Il représente alors une nouvelle ère au Moyen-Orient. Nasser suit une politique panarabe en demandant à ce que les ressources du Monde arabe servent les intérêts du peuple arabe et non l’intérêt des Occidentaux De plus, Nasser est l’une des figures historiques de l’émergence du Tiers-Monde, une troisième force politique face aux deux blocs que sont le bloc occidental et le bloc soviétique.
Nasser est l’un des principaux interlocuteurs à la conférence de Bandung en avril 1955, il se présente comme l’un des leaders des pays issus de la décolonisation. Il est le grand architecte de la station de radio «La voix des Arabes». Son coup d’éclat pour la nationalisation du Canal fut un succès. Pour la première fois, un pays du Tiers-Monde osait défier des puissances coloniales. Ce coup de poker bien maturé est d’autant plus remarquable qu’il marqua les esprits. Notamment la France qui voyait dans la nationalisation du Canal, l’occasion rêvée de régler ses comptes avec ce qu’elle croyait être le «parrain de la Révolution algérienne»
La guerre des Six-Jours
De plus et comme l’écrit l’historien Roger Martelli: L’affaire de Suez, est à la fois plus classique et plus complexe. Complexe, dans la mesure où elle superpose un enjeu impérial simple - le contrôle du canal de Suez - et le conflit israélo-arabe, à peine suspendu au printemps 1949. Mais l’événement, cette fois, renvoie pour l’essentiel au vaste mouvement de décolonisation. La gestion occidentale elle-même est d’une désespérante banalité: qu’y voir d’autre qu’une variante de la vieille politique de la canonnière, utilisée habilement par l’Etat hébreu? L’habillage s’est à peine modifié depuis le XIXe siècle: on se réclamait naguère du devoir de «civilisation» à l’égard des «races inférieures»; on évoque en 1956, à Londres comme à Paris, la nécessité de lutter contre le «nouvel Hitler».(1)
Nous retrouvons la même rhétorique actuelle contre l’Iran traité aussi d’Hitler au point de lire dans les écrits alambiqués de Jean Daniel un appel à peine déguisé à la guerre. Ecoutons-le: «(...) Au Proche-Orient, les informations convergent sur le fait que les Etats arabes - les gouvernements, non les opinions - ne font plus mystère de leur mélange de crainte et d’hostilité à l’égard de l’Iran. Si Israël s’avisait de procéder, même sans l’accord des Américains, à des frappes rapides et définitives sur les sites nucléaires iraniens, on s’empresserait de les dénoncer dans les capitales arabes mais on serait rudement soulagé.
Les Iraniens posent des problèmes à tout le monde. La Russie, cependant, vient de conclure d’importants accords sur le gaz et sur le pétrole avec Téhéran, si bien que le désir de durcir les sanctions à l’égard de la puissance perse incarnée par M.Ahmadinedjad est loin d’être assuré de devenir consensuel. (...) Sans doute, d’un autre côté, a-t-on prêté au roi d’Arabie Saoudite une boutade selon laquelle il souhaiterait avec autant de vivacité la disparition de l’Iran que celle d’Israël. Mais, les Israéliens ont des raisons de se voir à nouveau confortés dans leur sereine intransigeance concernant l’augmentation des implantations israéliennes dans la banlieue palestinienne de Jérusalem, ainsi que dans leur décision de maintenir le blocus de Gaza (...)».(2)
Pour en revenir à Nasser, qui a su jouer un jeu d’équilibre entre les deux blocs, «Washington, poursuit Martelli, est à l’origine de la crise: c’est le refus américain de financer les travaux du futur barrage d’Assouan qui pousse Nasser à nationaliser la Compagnie du canal de Suez. Ils [Les Etats-Unis] s’inspirent de la vieille idée américaine selon laquelle l’achèvement de l’ère coloniale est une condition de la refonte des rapports de forces mondiaux. (...) Quant à l’Union soviétique, elle trouve l’occasion de se présenter, pour la première fois, comme une puissance régulatrice, réintégrée dans le jeu international (...) Il est vrai que la crise de Suez fait de l’Urss, jusqu’au début des années 1970, un protagoniste actif. (...) Les conséquences de l’automne 1956? On en connaît les plus immédiates: l’affirmation de Nasser, du «socialisme» arabe et d’un arabisme soudé par la référence anti-impérialiste; l’installation d’Israël comme une puissance militaire régionale. On en sait aussi les plus lointaines: le passage définitif de la France et du Royaume-Uni au rang de puissances subalternes. L’empire colonial poursuit la désagrégation qui manifeste son obsolescence. L’échec franco-britannique apparaît comme le prolongement direct de Bandung. (...) En voulant préserver leurs intérêts financiers immédiats, les deux puissances européennes ont perdu leurs empires.(1)
Le 23 mai 1967, l’Égypte bloque l’accès au détroit de Tiran. La tension dans la région glissait d’un relatif statu quo vers une guerre régionale. Contre toute attente, Israël qui se présente comme le petit David attaqué par le Goliath arabe, attaque en premier l’Égypte, et bombarde les bases aériennes laissant intacts les leurres...Puis Israël occupe le Sinaï dans la guerre dite des Six-Jours en 1967 pour bien montrer la dimension exceptionnelle de l’armée israélienne qui a défait tous les Arabes en seulement six petits jours, pour se reposer le septième à l’instar de Dieu dans la Bible.. Nasser présente sa démission puis la reprend sous la pression de la foule. Il meurt d’une crise cardiaque le 28 septembre 1970.
L’héritage laissé par Nasser est sujet à débat dans le monde arabe. Pour beaucoup de gens, Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est clair que son influence sur le Proche-Orient de l’époque est très importante. La réalisation la plus spectaculaire de Nasser est la construction du barrage d’Assouan- conçu pour fournir de l’électricité et réduire les crues du Nil- et le lac qui porte son nom dans le sud de l’Égypte. Pour l’éditorialiste du journal El Ahram, Le 23 Juillet 1952, ce fut la révolution, une date mémorable, celle d’une action ayant amené des changements dans tous les domaines, politique, économique, social et culturel. Ce qui compte beaucoup ce sont des options politiques mondiales, dont il a été un des initiateurs. A titre d’exemple, le tiers-mondisme et le non-alignement. Ainsi, il participa du 18 au 24 avril 1955 à la conférence de Bandung qui devait aboutir à la création du Mouvement des non-alignés. (..) Il fut aussi le chantre du panarabisme. (...) Mais une nouvelle ère est née dans le Moyen-Orient et le panarabisme restera l’idéal nationaliste et le rêve à la recherche duquel les peuples arabes aspirent toujours. En plus aussi de ce souhait de voir les intérêts économiques arabes servir les intérêts arabes et non ceux de l’Occident.(3)
Après lui, ce sera Sadate qui lui succède. La question qui se pose est la suivante: est-ce que l’héritage de Nasser lui a survécu? Non! Assurément non! Avec Sadate, changement de cap total. En 10 ans, il tourne définitivement le dos à tous les idéaux chers à Nasser. Infitah, reddition, reconnaissance d’Israël. «1981, écrit Hamid de Jeune Afrique, il y a tout juste vingt-quatre ans, le successeur de Nasser était assassiné dans la banlieue du Caire par des militaires islamistes. (...) Sadate est mort, mais on n’a pas enterré le même homme. Il y a en effet deux Sadate: celui des Occidentaux, un homme de paix et de courage, un héros de légende qui a fini en martyr; et celui des Arabes, un traître qui a vendu son âme au diable et, par la même occasion, la cause sacrée de la Palestine. Bien entendu, c’est la visite "historique" à Jérusalem du président égyptien, en novembre 1977, qui est à l’origine de ce clivage.»(4)
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Chronique d’une utopie détournée
«Serment par Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (...) Nous jurons de travailler à la puissance et à l’unité de la nation arabe.»
Serment prononcé sur le tombeau de Nasser
C’est par ces mots que le peuple égyptien et plus largement les peuples arabes firent leurs adieux à Gamal Abdel Nasser l’homme qui a, un temps, donné une voie au Monde arabe dont il se proclamait le leader. En effet, Gamal Abdel Nasser (1918-1970) peut être considéré comme l’un des plus grands dirigeants arabes de l’histoire. Gamal Abdel Nasser né le 15 janvier 1918 à Alexandrie, décédé le 28 septembre 1970, fut à l’âge de 16 ans, incarcéré après des combats de rue entre un mouvement indépendantiste égyptien, El Fatat (Jeune Égypte) et la police. En tant que soldat, il participe à la guerre de 1948.
Le lieutenant-colonel Nasser fonde et devient le leader du Mouvement des officiers libres qui avait pour but de renverser le roi Farouk. Le 23 juillet 1952, Nasser conduit un coup d’État militaire contre le roi Farouk Ier et proclame la République un an plus tard. Nasser centralise tous les pouvoirs. A l’été 1956, il annonce la nationalisation du canal de Suez, ce qui allait directement contre les intérêts du Royaume-Uni et de la France qui cogéraient le canal. Ces derniers, alliés à Israël, déclenchèrent une opération pour en reprendre le contrôle. Cependant, sous la pression de l’Union soviétique et le manque de soutien des États-Unis, ils furent obligés de retirer leurs troupes d’Égypte. Ce fut une victoire pour Nasser qui devint un héros pour les Arabes.
La stratégie de Nasser que Mohamed Hassanen Heykal, journaliste confident du Raïs, décrit bien dans les Documents du Caire, tient du jeu d’échecs. Nasser milita pour un panarabisme neutre. Il inspire les nationalistes dans le Monde arabe. Il représente alors une nouvelle ère au Moyen-Orient. Nasser suit une politique panarabe en demandant à ce que les ressources du Monde arabe servent les intérêts du peuple arabe et non l’intérêt des Occidentaux De plus, Nasser est l’une des figures historiques de l’émergence du Tiers-Monde, une troisième force politique face aux deux blocs que sont le bloc occidental et le bloc soviétique.
Nasser est l’un des principaux interlocuteurs à la conférence de Bandung en avril 1955, il se présente comme l’un des leaders des pays issus de la décolonisation. Il est le grand architecte de la station de radio «La voix des Arabes». Son coup d’éclat pour la nationalisation du Canal fut un succès. Pour la première fois, un pays du Tiers-Monde osait défier des puissances coloniales. Ce coup de poker bien maturé est d’autant plus remarquable qu’il marqua les esprits. Notamment la France qui voyait dans la nationalisation du Canal, l’occasion rêvée de régler ses comptes avec ce qu’elle croyait être le «parrain de la Révolution algérienne»
La guerre des Six-Jours
De plus et comme l’écrit l’historien Roger Martelli: L’affaire de Suez, est à la fois plus classique et plus complexe. Complexe, dans la mesure où elle superpose un enjeu impérial simple - le contrôle du canal de Suez - et le conflit israélo-arabe, à peine suspendu au printemps 1949. Mais l’événement, cette fois, renvoie pour l’essentiel au vaste mouvement de décolonisation. La gestion occidentale elle-même est d’une désespérante banalité: qu’y voir d’autre qu’une variante de la vieille politique de la canonnière, utilisée habilement par l’Etat hébreu? L’habillage s’est à peine modifié depuis le XIXe siècle: on se réclamait naguère du devoir de «civilisation» à l’égard des «races inférieures»; on évoque en 1956, à Londres comme à Paris, la nécessité de lutter contre le «nouvel Hitler».(1)
Nous retrouvons la même rhétorique actuelle contre l’Iran traité aussi d’Hitler au point de lire dans les écrits alambiqués de Jean Daniel un appel à peine déguisé à la guerre. Ecoutons-le: «(...) Au Proche-Orient, les informations convergent sur le fait que les Etats arabes - les gouvernements, non les opinions - ne font plus mystère de leur mélange de crainte et d’hostilité à l’égard de l’Iran. Si Israël s’avisait de procéder, même sans l’accord des Américains, à des frappes rapides et définitives sur les sites nucléaires iraniens, on s’empresserait de les dénoncer dans les capitales arabes mais on serait rudement soulagé.
Les Iraniens posent des problèmes à tout le monde. La Russie, cependant, vient de conclure d’importants accords sur le gaz et sur le pétrole avec Téhéran, si bien que le désir de durcir les sanctions à l’égard de la puissance perse incarnée par M.Ahmadinedjad est loin d’être assuré de devenir consensuel. (...) Sans doute, d’un autre côté, a-t-on prêté au roi d’Arabie Saoudite une boutade selon laquelle il souhaiterait avec autant de vivacité la disparition de l’Iran que celle d’Israël. Mais, les Israéliens ont des raisons de se voir à nouveau confortés dans leur sereine intransigeance concernant l’augmentation des implantations israéliennes dans la banlieue palestinienne de Jérusalem, ainsi que dans leur décision de maintenir le blocus de Gaza (...)».(2)
Pour en revenir à Nasser, qui a su jouer un jeu d’équilibre entre les deux blocs, «Washington, poursuit Martelli, est à l’origine de la crise: c’est le refus américain de financer les travaux du futur barrage d’Assouan qui pousse Nasser à nationaliser la Compagnie du canal de Suez. Ils [Les Etats-Unis] s’inspirent de la vieille idée américaine selon laquelle l’achèvement de l’ère coloniale est une condition de la refonte des rapports de forces mondiaux. (...) Quant à l’Union soviétique, elle trouve l’occasion de se présenter, pour la première fois, comme une puissance régulatrice, réintégrée dans le jeu international (...) Il est vrai que la crise de Suez fait de l’Urss, jusqu’au début des années 1970, un protagoniste actif. (...) Les conséquences de l’automne 1956? On en connaît les plus immédiates: l’affirmation de Nasser, du «socialisme» arabe et d’un arabisme soudé par la référence anti-impérialiste; l’installation d’Israël comme une puissance militaire régionale. On en sait aussi les plus lointaines: le passage définitif de la France et du Royaume-Uni au rang de puissances subalternes. L’empire colonial poursuit la désagrégation qui manifeste son obsolescence. L’échec franco-britannique apparaît comme le prolongement direct de Bandung. (...) En voulant préserver leurs intérêts financiers immédiats, les deux puissances européennes ont perdu leurs empires.(1)
Le 23 mai 1967, l’Égypte bloque l’accès au détroit de Tiran. La tension dans la région glissait d’un relatif statu quo vers une guerre régionale. Contre toute attente, Israël qui se présente comme le petit David attaqué par le Goliath arabe, attaque en premier l’Égypte, et bombarde les bases aériennes laissant intacts les leurres...Puis Israël occupe le Sinaï dans la guerre dite des Six-Jours en 1967 pour bien montrer la dimension exceptionnelle de l’armée israélienne qui a défait tous les Arabes en seulement six petits jours, pour se reposer le septième à l’instar de Dieu dans la Bible.. Nasser présente sa démission puis la reprend sous la pression de la foule. Il meurt d’une crise cardiaque le 28 septembre 1970.
L’héritage laissé par Nasser est sujet à débat dans le monde arabe. Pour beaucoup de gens, Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est clair que son influence sur le Proche-Orient de l’époque est très importante. La réalisation la plus spectaculaire de Nasser est la construction du barrage d’Assouan- conçu pour fournir de l’électricité et réduire les crues du Nil- et le lac qui porte son nom dans le sud de l’Égypte. Pour l’éditorialiste du journal El Ahram, Le 23 Juillet 1952, ce fut la révolution, une date mémorable, celle d’une action ayant amené des changements dans tous les domaines, politique, économique, social et culturel. Ce qui compte beaucoup ce sont des options politiques mondiales, dont il a été un des initiateurs. A titre d’exemple, le tiers-mondisme et le non-alignement. Ainsi, il participa du 18 au 24 avril 1955 à la conférence de Bandung qui devait aboutir à la création du Mouvement des non-alignés. (..) Il fut aussi le chantre du panarabisme. (...) Mais une nouvelle ère est née dans le Moyen-Orient et le panarabisme restera l’idéal nationaliste et le rêve à la recherche duquel les peuples arabes aspirent toujours. En plus aussi de ce souhait de voir les intérêts économiques arabes servir les intérêts arabes et non ceux de l’Occident.(3)
Après lui, ce sera Sadate qui lui succède. La question qui se pose est la suivante: est-ce que l’héritage de Nasser lui a survécu? Non! Assurément non! Avec Sadate, changement de cap total. En 10 ans, il tourne définitivement le dos à tous les idéaux chers à Nasser. Infitah, reddition, reconnaissance d’Israël. «1981, écrit Hamid de Jeune Afrique, il y a tout juste vingt-quatre ans, le successeur de Nasser était assassiné dans la banlieue du Caire par des militaires islamistes. (...) Sadate est mort, mais on n’a pas enterré le même homme. Il y a en effet deux Sadate: celui des Occidentaux, un homme de paix et de courage, un héros de légende qui a fini en martyr; et celui des Arabes, un traître qui a vendu son âme au diable et, par la même occasion, la cause sacrée de la Palestine. Bien entendu, c’est la visite "historique" à Jérusalem du président égyptien, en novembre 1977, qui est à l’origine de ce clivage.»(4)
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