Après le socialisme et le libéralisme, le pays s’engage sur la voie du nationalisme. Mais l’économie souffre surtout de la défiance entre l’État et le secteur privé. Décryptage d’une politique économique en plein bouleversement.
Alger-Pékin : même politique ? On pourrait le croire, quand on sait que le Conseil des ministres algérien a décidé, le 24 mai, d’affecter 286 milliards de dollars (environ 228 milliards d’euros) à un plan quinquennal (2010-2014) d’investissements publics dans les chemins de fer, les routes, l’eau, mais aussi l’enseignement, les hôpitaux, ou encore la construction de 1,2 million de logements, 35 nouveaux barrages, 80 stades de foot, 400 piscines. Ce mégaplan succède à un autre de quelque 200 milliards de dollars (2005-2009), lui aussi consacré aux infrastructures, au premier rang desquelles l’autoroute est-ouest, qui a divisé par deux le temps de parcours entre la capitale et Oran.
Voilà près de 500 milliards de dollars en passe d’être injectés dans l’économie algérienne en dix ans. Un chiffre colossal pour un pays de 35,6 millions d’habitants. Après tout, la Chine, avec son plan de relance par les infrastructures de 485 milliards de dollars sur deux ans, n’a pas fait mieux, si on rapporte cet effort à la population qui en profite. Une juste façon de faire bénéficier les Algériens de la rente pétrolière, qui fournit 98 % des recettes en devises du pays et 75 % des recettes en dinars du budget de l’État ? Assurément. Une méthode garantie pour assurer à l’Algérie une croissance durable afin de préparer le temps où ses gisements d’hydrocarbures seront à sec, dans douze, vingt ou trente ans ? Pas sûr, car si la machine économique chinoise caracole à plus de 10 % en ce moment, l’Algérie a seulement affiché un petit 2 % au compteur en 2009, et son chômage des jeunes diplômés demeure massif. Les deux tiers des 3 milliards de dollars d’investissements étrangers en Algérie en 2009 se sont dirigés vers le secteur des hydrocarbures : le pays demeure « drogué» au pétrole.
La stratégie de « patriotisme économique », décrite par Hamid Temmar avant le remaniement ministériel du 28 mai, qui lui a coûté son poste de ministre de l’Industrie et des Participations, est pourtant limpide. D’abord, assurer à la croissance un socle solide, avec de l’argent sainement dépensé dans les infrastructures et les services publics : c’est en cours. Mais, premier bémol, « tout système fondé sur la réallocation administrative des richesses modifie les incitations des agents économiques dans le sens de l’improductivité, travers entretenu par l’esprit de rente qui reste largement dominant dans les comportements des acteurs », fait remarquer Ali Mebroukine, professeur en droit des affaires à l’École nationale d’administration.
Ensuite, le gouvernement entend stopper l’explosion des importations pour commencer à leur substituer des productions nationales, réorganiser les quelque 400 groupes publics en leur adjoignant des investisseurs étrangers pour 49 %, et remettre à niveau le tissu de plusieurs dizaines de milliers de PME trop familiales pour être compétitives : la loi de finances complémentaire (LFC) de juillet 2009 a organisé cette resucée de colbertisme.
Alger-Pékin : même politique ? On pourrait le croire, quand on sait que le Conseil des ministres algérien a décidé, le 24 mai, d’affecter 286 milliards de dollars (environ 228 milliards d’euros) à un plan quinquennal (2010-2014) d’investissements publics dans les chemins de fer, les routes, l’eau, mais aussi l’enseignement, les hôpitaux, ou encore la construction de 1,2 million de logements, 35 nouveaux barrages, 80 stades de foot, 400 piscines. Ce mégaplan succède à un autre de quelque 200 milliards de dollars (2005-2009), lui aussi consacré aux infrastructures, au premier rang desquelles l’autoroute est-ouest, qui a divisé par deux le temps de parcours entre la capitale et Oran.
Voilà près de 500 milliards de dollars en passe d’être injectés dans l’économie algérienne en dix ans. Un chiffre colossal pour un pays de 35,6 millions d’habitants. Après tout, la Chine, avec son plan de relance par les infrastructures de 485 milliards de dollars sur deux ans, n’a pas fait mieux, si on rapporte cet effort à la population qui en profite. Une juste façon de faire bénéficier les Algériens de la rente pétrolière, qui fournit 98 % des recettes en devises du pays et 75 % des recettes en dinars du budget de l’État ? Assurément. Une méthode garantie pour assurer à l’Algérie une croissance durable afin de préparer le temps où ses gisements d’hydrocarbures seront à sec, dans douze, vingt ou trente ans ? Pas sûr, car si la machine économique chinoise caracole à plus de 10 % en ce moment, l’Algérie a seulement affiché un petit 2 % au compteur en 2009, et son chômage des jeunes diplômés demeure massif. Les deux tiers des 3 milliards de dollars d’investissements étrangers en Algérie en 2009 se sont dirigés vers le secteur des hydrocarbures : le pays demeure « drogué» au pétrole.
La stratégie de « patriotisme économique », décrite par Hamid Temmar avant le remaniement ministériel du 28 mai, qui lui a coûté son poste de ministre de l’Industrie et des Participations, est pourtant limpide. D’abord, assurer à la croissance un socle solide, avec de l’argent sainement dépensé dans les infrastructures et les services publics : c’est en cours. Mais, premier bémol, « tout système fondé sur la réallocation administrative des richesses modifie les incitations des agents économiques dans le sens de l’improductivité, travers entretenu par l’esprit de rente qui reste largement dominant dans les comportements des acteurs », fait remarquer Ali Mebroukine, professeur en droit des affaires à l’École nationale d’administration.
Ensuite, le gouvernement entend stopper l’explosion des importations pour commencer à leur substituer des productions nationales, réorganiser les quelque 400 groupes publics en leur adjoignant des investisseurs étrangers pour 49 %, et remettre à niveau le tissu de plusieurs dizaines de milliers de PME trop familiales pour être compétitives : la loi de finances complémentaire (LFC) de juillet 2009 a organisé cette resucée de colbertisme.
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