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En attendant la chute de Kaboul

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  • En attendant la chute de Kaboul

    Gilles Dorronsoro, professeur de science politique à la Sorbonne
    Contrairement à l'optimisme de commande qui teinte les déclarations de la conférence de Kaboul, la détérioration de la sécurité s'est accélérée depuis quelques mois, la perspective d'un gouvernement afghan capable d'assurer l'essentiel de sa défense en 2015 est totalement irréaliste et la question centrale de l'ouverture de négociations avec les Taliban a été une nouvelle fois évacuée.

    La guérilla poursuit avec méthode une stratégie d'étranglement du dispositif allié qui menace maintenant les bases du régime. L'insécurité est telle que la route qui relie la capitale à Mazar-i Sharif, la troisième ville du pays, est régulièrement coupée par l'insurrection, au point qu'il est dangereux de l'emprunter pour des étrangers. (La route vers Kandahar, la deuxième ville du pays, est interdite depuis des années.) Le nord-est de l'Afghanistan est largement pénétré par les Taliban, y compris dans les zones non Pachtounes, ce qui montre la généralisation de l'insurrection aux zones jusque-là calmes. Mal conçue, l'opération de Marjah s'est conclue par un échec prévisible des forces américaines, qui remet en cause les principes même de la contre-insurrection menée par l'OTAN.
    Les Taliban se battent avec acharnement contre les troupes américaines dans la région de Kandahar et ont systématiquement assassiné tous les notables qui voulaient travailler avec la coalition. En raison des consignes strictes pour limiter les pertes civiles, les soldats occidentaux voient et tuent fort peu d'insurgés, mais subissent des pertes importantes. Avec 102 morts en juin, nous sommes désormais près du niveau des pertes en Irak dans la phase la plus violente. Alors que l'administration afghane contrôle un territoire de plus en plus limité, les structures parallèles mises en place par les Taliban se développent rapidement. Le cœur de la stratégie de contre-insurrection – convaincre la population de soutenir le gouvernement – ne peut pas fonctionner dans ces conditions. Contrairement au mantra de la coalition, les pertes actuelles n'annoncent pas une amélioration pour l'an prochain, car la guérilla a étendu ses opérations à la presque totalité du territoire et pourrait être en position de remporter des victoires tactiques.
    IMPOPULARITÉ
    En posant le principe de l'afghanisation de la guerre dans un délai de quatre ans, la coalition fait preuve d'un irréalisme qui est, au moins dans les conversations privées, parfaitement reconnu. L'armée afghane sera incapable de résister à une poussée talibane à cette date. La progression du nombre de soldats et de policiers ne doit pas dissimuler les limites de la formation, notamment pour les officiers, et l'importance du turn-over. Le plus grave est cependant l'absence de perspectives politiques. Le renvoi du ministre de l'intérieur et du chef du renseignement, proches de l'OTAN, est un signe de l'autonomie accrue de Karzai. Mais celle-ci ne se traduit pas par une plus grande crédibilité du gouvernement afghan. Ce dernier se referme sur des réseaux de plus en plus étroits, ses appuis tendent à s'effriter chez les ethnies non pachtounes qui s'inquiètent de leur progressive marginalisation au sein des instances de décision. Son impopularité atteint des sommets à la fois chez les Pachtounes et dans les autres ethnies. Rappelons que probablement moins de 15 % des Afghans ont voté pour lui aux élections d'août 2010. Rien n'indique que le régime sera moins corrompu ou bénéficiera d'un soutien populaire en 2014. Les élections législatives prévues en septembre ne correspondront pas, même d'assez loin, aux normes démocratiques et le prochain Parlement sera probablement encore plus miné par la corruption et le népotisme.
    DIALOGUE POLITIQUE
    Dans ce contexte, l'idée de rallier les Taliban par une amnistie (dépôt des armes, acceptation de la Constitution) reflète, pour utiliser un understatement, d'une lecture un peu optimiste des rapports de force. D'autant que le président Karzai ne parvient pas à ouvrir des négociations avec l'insurrection en raison de sa faiblesse. En réalité, si aucune initiative n'est prise, les Taliban reprendront Kaboul militairement dès le départ des forces internationales. Et qu'on ne s'y méprenne pas : le retrait aura lieu quelle que soit la situation militaire sur le terrain, car les opinions publiques sont de plus en plus opposées à cette guerre (aux trois-quarts pour les opinions européennes).
    Un dénouement catastrophique – la prise de Kaboul par les forces talibanes – ne peut être évité que par un dialogue politique. Ceux-ci préfèreront en effet une solution négociée plutôt que de (re)devenir un paria sur la scène internationale comme dans les années 1990. Anticipant leur victoire, les Taliban veulent dès maintenant projeter l'image d'une organisation responsable, c'est pourquoi ils ont globalement une attitude moins stricte avec la population et ne sont pas nécessairement opposés à laisser les ONG travailler dans les zones qu'ils contrôlent. Si les négociations sont bien menées, les pays occidentaux peuvent espérer obtenir des garanties internationales d'un gouvernement de coalition, notamment sur le non retour d'al Qaida.
    Plus que l'expression d'une stratégie, le refus de négocier est lié aux contraintes de la politique intérieure américaine. Hillary Clinton se voit mal engager des négociations avec un mouvement responsable de sévères violations du droit des femmes et la Maison Blanche hésite devant le risque politique et les attaques probables des Républicains. Les pays européens et, au moins pour l'instant, la nouvelle diplomatie de l'UE n'ont pas le poids suffisant pour se démarquer de la politique américaine. La paralysie qui en résulte nous rapproche un peu plus chaque jour de l'inéluctable.
    Gilles Dorronsoro est actuellement "visiting scholar" à la Carnegie Endowment for International Peace (Washington D.C.). Ses recherches portent sur la situation politique en Afghanistan et la question kurde en Turquie.
    Gilles Dorronsoro, professeur de science politique à la Sorbonne

  • #2
    il est bien le sujet,
    En irak la question ne se pose pas mais en afganistan quel est l'interet des USA ?

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    • #3
      La vérité c'est que les USA sont trop gentils. Ils vont perdre la guerre car ils ne peuvent plus employer les moyens ultra-violents des années 40, quand les Etats-Unis bombardaient les villes allemandes et autorisaient tacitement en 46 la déportation de 3 millions d'Allemagne autochtones en Europe de l'Est.

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      • #4
        j'imagine que vous voulez dire que les américains se comporte d'une manière un peu moins criminel qu'autre fois

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        • #5
          j'imagine que vous voulez dire que les américains se comporte d'une manière un peu moins criminel qu'autre fois


          112 morts pendant le mois de juin, il faut que les occidentaux quittent ce pays et laisser ces sauvages moyenageux disparaître par des maladies contagieuses, ces sauvages sont habitués à vivre dans l'anarchie il est impossible de les civiliser.:22:
          Faute de grives , nous mangeons des Merles

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          • #6
            geopolitique des pipelines

            il est bien le sujet,
            En irak la question ne se pose pas mais en afganistan quel est l'interet des USA ?
            voila un début de réponse

            En annonçant le déploiement de troupes supplémentaires en Afghanistan avant même son entrée en fonction, le nouveau président américain a montré que la stabilisation du pays constituerait l’une des priorités de son mandat en matière de politique étrangère. Mais si le volet militaire et sécuritaire a son importance, le véritable enjeu consiste à instaurer une stabilité politique et économique de long terme dans un pays dont l’emplacement très stratégique, a jusqu’à présent attiré plus de troubles que de bienfaits à une population lassée par la guerre. Parmi les grands projets visant à favoriser le développement de l’Afghanistan, l’idée d’en faire un corridor énergétique reliant les vastes réserves d’hydrocarbures d’Asie Centrale aux marchés dynamiques du sous-continent indien revient de manière récurrente depuis plus de quinze ans. L’année 2008 a vu la réactivation de ce thème avec une série de rencontres réunissant le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan, et l’Inde autour du projet TAPI.

            Au delà des déclarations de bonnes intentions, il convient néanmoins de se demander quelles sont les chances de concrétisation de ce projet, tandis que la conjoncture économique globale rend les investisseurs frileux, et à quelles conditions une telle réalisation pourrait contribuer à la stabilisation de l’Afghanistan dans un contexte régional extrêmement tendu.

            Le corridor énergétique afghan est envisagé pour la première fois au lendemain de l’effondrement de l’Union Soviétique, lorsque les compagnies pétrolières occidentales commencent à prendre pied autour de la mer caspienne. Une fois les premiers contrats signés avec les autorités azéries, kazakhes, et turkmènes, le principal problème qui se pose est celui de l’évacuation de la production centrasiatique vers les marchés mondiaux. L’Asie Centrale est en effet une région particulièrement enclavée, et le réseau de gazoducs et d’oléoducs construits par les soviétiques est entièrement tourné vers la Russie, ce qui place les Etats nés de la décomposition de l’URSS dans une situation de dépendance totale vis-à-vis de Moscou.
            la suite de l'article sur ce site http://www.teheran.ir/spip.php?article892
            "tout a été dit , tout reste a penser"
            Alain

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            • #7
              et donc exterminer les talibans non pas par ce que se sont des terroristes mais essentiellement pour le passage des gazoducs et d’oléoducs ,

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              • #8
                Je pense que le colonel devrait appeler Rombo remettre un peu d'ordre dans tous ça avec son arc et son couteau de guerre !

                L'Afghanistan est une terre composé en grande majorité de montagnes et vallées, un paysage inhospitalier, la compléxité du terrain et la virulence des Talibans qui combattent de plus en plus violemment pèsent énormément sur le moral des troupes de la coalition, les américains en premier lieu..
                Ce n'est pas aussi simple que l'avaient prédis les décideurs de washington installés très conformtablement dans leurs bureaux climatisés avec secrétaire bomba atomika
                L'Afghanistan s'avère être une aventure des plus ruineuses pour l'armée américaine..je ne vois même pas ce qu'ils vont y gagner à long terme. (Avoir le contrôle d'une zone tempon entre la Chine et l'Iran ? passage de gazoduc/pipelines..? en tout cas la tâche n'est pas du tout facile)

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