Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Du bon usage de l'argent des migrants

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Du bon usage de l'argent des migrants

    Jusqu'à l'année 2009, la somme globale transférée par les migrants vers leurs pays d'origine augmentait en moyenne de 10 % par an.
    Principalement en raison de l'accroissement des migrations mondiales. Mais la crise économique a fortement amputé ces envois d'argent, les migrants étant souvent les premières victimes des destructions d'emplois dans les pays industrialisés.

    Dans son rapport annuel sur les "perspectives des migrations internationales", publié le 12 juillet, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évoque ainsi, pour 2009, un recul de 15 % des transferts vers le Mexique et la Roumanie. L'Agence française de développement (AFD) constate elle aussi une forte baisse des transferts au niveau mondial, sans pouvoir toutefois chiffrer cette diminution.

    Face au recul des flux financiers, un certain nombre d'organisations - AFD, associations, ministère français de l'immigration... - se sont interrogées sur la façon de mieux utiliser cet argent. Selon ces institutions, ces fonds sont parfois gaspillés dans la seule consommation, qui représente entre 70 % et 100 % de leur affectation. En clair, en nourriture, factures, frais médicaux, produits de la vie courante... "Cet argent est utilisé pour les situations d'urgence, mais ces situations d'urgence sont récurrentes", explique Sylvie Lambert, professeur à l'Ecole d'économie de Paris. Plusieurs institutions publiques pensent qu'il serait important de réallouer ces fonds vers de l'investissement afin de mieux assurer le développement économique du pays où est envoyé l'argent. En France, le Conseil d'analyse stratégique (CAS) considère par exemple que les transferts "ne se dirigent pas assez vers la création d'activités productives", comme des machines pour l'agriculture ou l'éducation.

    Le ministère de l'immigration parle même d'"éducation à l'épargne" à réaliser dans les pays destinataires des fonds. Nombre d'associations et même l'AFD - pourtant sous l'autorité de plusieurs ministères, dont celui d'Eric Besson - se veulent toutefois beaucoup plus prudentes. "On doit donner la possibilité aux migrants de choisir, mais il ne faut pas oublier que cet argent appartient au privé et que l'on ne peut pas faire ce que l'on veut", explique Yamina Boulkerara, chargée des transferts des migrants à l'AFD.

    Si l'épargne dans le pays d'accueil se transforme en investissement dans le pays d'origine, cet argent pourrait dès lors être considéré comme investissement direct à l'étranger (IDE). Et donc, soulignent plusieurs experts, être soumis au même régime fiscal avantageux que celui dont bénéficient les investisseurs des pays industrialisés.

    Mais aujourd'hui, cette possibilité n'est pas offerte aux natifs, même s'ils sont installés dans un autre pays que le leur. "Il faudrait que les migrants soient traités comme le sont les investisseurs étrangers, explique Jean-Pierre Garson, responsable de la division migrations internationales à l'OCDE. Mais aussi qu'ils aient accès à un système bancaire dans lequel ils peuvent avoir confiance." Un moyen d'éviter les transferts d'argent liquide de la main à la main.

    Des modèles existent. L'Agence gouvernementale philippine pour l'emploi outre-mer (POEA), qui organise la migration des Philippins à travers le monde, contraint les natifs à avoir un compte bancaire dans leur pays d'origine. Elle a aussi mis en place des programmes d'accompagnement au retour : une fois revenus dans leur pays d'origine, les anciens migrants peuvent bénéficier de conseils pour leurs investissements ou toucher des subventions en cas d'achat de matériel productif.

    Serge Benest
    Le Monde
Chargement...
X