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Les Frères musulmans jordaniens face à la victoire du Hamas

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  • Les Frères musulmans jordaniens face à la victoire du Hamas

    Le 5 Mars la confrérie des frères musulmans a élu à sa tete un homme de 52 ans Salem Falahat qui n'appartient à aucun courant du mouvement. Il se trouve dans une situation inèdite en raison de la victoire du Hamas lors des éléctions Palestiniennes.

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    Le verdict des urnes palestiniennes a libéré un peu plus la parole des Frères musulmans en Jordanie. Considérés comme la seule opposition réelle dans le royaume, les Frères réclament plus de représentativité. Cette revendication n’est pas neuve, certes, mais les changements de l’autre côté du Jourdain, en ont amplifié la portée. Azzam Huneidi, un député influent du Front pour l’action islamique (FAI), la vitrine politique des Frères, a déclaré récemment que son parti était « mûr pour exercer des responsabilités politiques. » Les législatives fixées à novembre 2007 sont déjà en ligne de mire. Galvanisés par la victoire du Hamas, plusieurs députés du FAI ont stigmatisé l’attitude du gouvernement jordanien, dénonçant « son entreprise de marginalisation permanente des islamistes. »

    « Certains islamistes parlent de cette victoire comme si c’était la leur », explique Hani Hourani, directeur d’Al Urdun Al Jadid Research Center, et auteur du « Mouvement islamiste en Jordanie ». Les relations entre la branche jordanienne et palestinienne des Frères Musulmans n’ont jamais été aussi étroites selon lui. Des liens basés sur un intérêt mutuel. « Le Hamas utilise les infrastructures du FAI pour atteindre l’opinion jordanienne. De leur côté, les Frères musulmans du royaume utilisent le Hamas pour gagner l’adhésion de la population, à 60% d’origine palestinienne ». Au delà de cette réciprocité les deux branches gardent cependant une différence fondamentale. Selon Hani Hourani, «l‘identité établie des frères musulmans jordaniens est celle d’un acteur politique modéré, et la sagesse leur commande de le rester. » Une analyse que partage le Dr Rouhi Shahal Tough, un député social-démocrate : « L’équation politique n’est pas simple pour les Frères jordaniens. Le résultat en Palestine risque de pousser certains éléments à la surenchère. »

    «Nous sommes deux entités distinctes»


    Au sein du Front pour l’action islamique, qui contrôle 17 sièges sur 110 à l’assemblée nationale, les « pragmatiques » entendent néanmoins garder une distance de sécurité vis à vis du Hamas. Fidèles à la stratégie première de l’islamisme en Jordanie, ils préfèrent éviter de s’opposer trop frontalement aux autorités, dans le but de garder une marge de manœuvre, et continuer d’exister politiquement.

    « Le Hamas, comme nous, fait partie du paysage politique », soutient Abdul Latif Arabiyat, secrétaire général du FAI. « Cependant nous travaillons de manière indépendante. Ils prennent leurs décisions, nous prenons les nôtres. Idéologiquement, nous soutenons leur politique, et nous pensons qu’ils ont le droit de résister à l’occupation israélienne. Nous sommes prêts à apporter tout le soutien politique dont ils auraient besoin, mais je le répète, nous sommes deux entités politiques distinctes. » Reste à savoir comment le FAI concilie son rejet de la violence avec son soutien au Hamas, qui a revendiqué plusieurs dizaines d’attentats suicides en Israël. « Nous rejetons la violence », explique Abdul Latif Arabiyat, «mais pour nous, se battre pour faire face à une occupation, ce n’est pas de la violence, mais de la résistance.»

    Le Hamas a bousculé la routine

    La confrérie jordanienne a toujours voulu dissimuler ses divergences internes. Reste que deux grands courants y cohabitent. A l’instar de la branche palestinienne, « durs » et « pragmatiques » s’y opposent, notamment sur la stratégie à adopter vis à vis du Hamas. Les dissensions culminent en 1999, lorsque les cadres du Hamas sont expulsés de Jordanie pour « activités illégales ». Les pragmatiques choisiront alors de négocier avec les autorités, afin que le mouvement palestinien maintienne un bureau à Amman. Les faucons, partisans de la confrontation directe et de l’appel à la rue, ont refusé à l’époque tout compromis avec la monarchie hachémite.

    Ce traditionnel rapport de force entre durs et pragmatiques s’est récemment compliqué. L’élection dimanche à la présidence de la confrérie de Salem Falahat, a brouillé les cartes dans la mesure où ce proviseur de 52 ans, diplômé en droit islamique, n’appartient à aucun courant. L’équation qui lui est proposée n’en sera pas plus simple pour autant. La montée en puissance du Hamas a bousculé la routine de « l’opposition tiède ». Elle a fait naître de nouvelles attentes chez les militants. Il s’agit donc de capter le courant de sympathie pour le Hamas, sans pour autant renoncer à sa propre singularité. En d’autres termes, répondre aux attentes de l’électorat islamiste sans rompre l’allégeance au régime Hachémite. Un dangereux exercice d’équilibrisme.

    Par RFI
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