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De plus en plus de travailleurs pauvres en Allemagne

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  • De plus en plus de travailleurs pauvres en Allemagne

    Par Caroline Bruneau Le Figaro 04/08/2010

    Les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux en Allemagne, malgré la solidité apparente de l'économie. C'est le résultat étonnant d'une étude, qui dénonce le recours massif par les entreprises à des employés payés à coup de salaires minimes. Selon l'institut du travail de l'université de Duisbourg-Essen, plus de 6,5 millions de personnes en Allemagne, soit près de 20 % des travailleurs, toucheraient moins de 10 euros brut de l'heure. Le chiffre est surtout inquiétant concernant les très petits salaires : 2 millions d'employés gagnent moins de 6 euros de l'heure et, dans l'ex-RDA, ils sont très nombreux à essayer de vivre avec moins de 4 euros par heure, c'est-à-dire moins de 720 euros par mois pour un temps complet.

    La population touchée par cette précarité est celle qui n'a pas le choix de son emploi pour cause de faible qualification : les moins de* 25 ans, les étrangers, les femmes.

    Cette situation est unique en Europe, explique l'étude, qui rappelle que les autres pays de l'Union ont instauré presque tous une loi fixant un salaire minimum. Ce n'est pas le cas en Allemagne, où chaque branche d'activité dispose de sa propre grille de salaire, négociée avec les syndicats. Ce système est profitable aux secteurs de l'industrie très syndiqués, comme l'automobile et la métallurgie. Mais dans les services, atomisés en de multiples secteurs très différents, le système se fait au détriment des employés.

    C'est au cours des dix dernières années, qui coïncident avec les réformes sociales très dures de l'ère Schröder, que le phénomène s'est amplifié. Le nombre de travailleurs pauvres a ainsi augmenté de 2 millions depuis 2000, particulièrement avec le recours au travail à temps partiel.

    Accepter des salaires très bas


    Une conséquence de la politique à marche forcée du retour à l'emploi instaurée par le gouvernement social-démocrate du chancelier Schröder. Les très décriés «1 EuroJob», ou emploi payé un euro de l'heure, ont habitué les Allemands à devoir accepter des salaires très bas pour bénéficier d'une couverture sociale, tout en allégeant les statistiques du chômage. Structurellement, celui-ci devrait toutefois se résorber, expliquent les chercheurs : avec le vieillissement de la population et la diminution de la population active, les secteurs de l'aide aux personnes et de la santé vont connaître un boom dans les dix prochaines années.

    De quoi, peut-être, redonner à terme plus de pouvoir aux salariés pour renégocier leurs revenus.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    Ils sont les premiers à redouter les effets de la crise. Les « working poor », ces personnes qui travaillent sans toutefois parvenir à joindre les deux bouts, tremblent à l’idée de voir leurs salaires déjà précaires menacés. Alors que l’Europe a fait de 2010 l’année de la pauvreté, deux cantons romands ont décidé de donner la priorité à la lutte contre le phénomène des travailleurs pauvres : à Genève, le ministre radical de la Solidarité et de l’emploi, François Longchamp, a concocté une loi qui prévoit de verser des prestations complémentaires aux familles concernées. Et le conseiller d’Etat vaudois socialiste, Pierre-Yves Maillard, a présenté, fin avril 2010, un plan anti-pauvreté en partie consacré aux 10 000 familles de « working poor » du canton. A Genève, le projet est sur la bonne voie : il a été adopté par la Commission des affaires sociales du Grand Conseil [le parlement cantonal], la semaine dernière, par tous les partis sauf l’UDC. Dans le canton de Vaud, en revanche, le débat a pris un tour polémique : appelé à cotiser pour financer le dispositif de prestations complémentaires évalué à 52 millions de francs, le patronat a rejeté le projet en bloc. Pourtant, Pierre-Yves Maillard souligne la nécessité de trouver « un consensus cantonal » et espère appliquer les dispositifs en 2011.

    Mais qui sont les travailleurs pauvres ? Selon l’Office fédéral de la statistique, la notion de « working poor » s’applique à « toute personne âgée de 20 à 59 ans vivant dans un ménage dont le revenu mensuel, après déduction des cotisations d’assurances sociales et des impôts, se situe au-dessous du seuil de pauvreté. » Pour être considéré comme « working poor », ces personnes doivent par ailleurs vivre dans un ménage dont le temps de travail atteint au moins 90 %. Le 31 mars 2010, le Conseil fédéral [exécutif de la confédération] a rendu un épais rapport qui décrit sa stratégie de lutte contre la pauvreté. On y apprend que 26,7 % des familles monoparentales et 24,3 % des couples ayant trois enfants sont pauvres. Alors même qu’ils exercent une activité lucrative. A l’inverse, les couples ayant un ou deux enfants présentent des taux de pauvreté plus faibles de respectivement 9,5 % et 11 %. Les étrangers sont également particulièrement touchés : 24,3 % pour ceux qui sont parents. Principal constat du Conseil fédéral : « Les enfants augmentent le risque de pauvreté à double titre. Ils occasionnent, d’une part, des frais supplémentaires pour le ménage. Ils sont, d’autre part, souvent associés à une réduction des ressources financières. A l’arrivée d’un enfant, le revenu de la personne qui en prend soin -dans la plupart des cas, il s’agit encore de la femme- vient à manquer ou à se réduire considérablement. » Cristina* en sait quelque chose. Cette mère d’un adolescent âgé de 13 ans élève son fils seule en cumulant deux jobs qui l’occupent sept jours sur sept. Elle a accepté de raconter au Temps son quotidien de « travailleuse pauvre ». Tout comme Elisa*, chômeuse et mère de trois enfants : la famille vit sur le petit salaire de son mari.

    Pour faire tourner le ménage, Elisa*, âgée de 30 ans, a suivi un cours de tenue de budget. Il faut dire que la famille, qui compte trois enfants de sept, quatre et un an et demi, vit sur le maigre salaire de Michel*, son mari : 3450 francs brut par mois, 2800 francs net. Agé de 38 ans, il travaille à 100 % dans un cinq-étoiles au bord du lac Léman, dans la plonge et le nettoyage des cuisines. Son épouse, qui a dû renoncer à son job de gouvernante-réceptionniste dans un autre hôtel genevois suite à une opération du cœur, n’a pas retrouvé d’emploi, malgré une formation bureautique : elle touche 1500 francs par mois au titre d’allocations de chômage. « A la fin du mois, il ne reste plus rien », explique-t-elle. Malgré les aides de l’Etat : des allocations familiales pour les enfants et un logement social de cinq pièces à Vésenaz, dans la commune chic de Collonge-Bellerive, dont le loyer mensuel s’élève à 1500 francs. « Nous attendons une réponse concernant les subsides pour les assurances maladie. On croise les doigts. » Pour les courses, « heureusement qu’on a la carte Caritas, qui nous donne accès aux épiceries de l’association », note Elisa. Les boutiques Caritas sont également prisées par la mère de famille pour les habits des enfants : « J’achète pour l’aîné, puis je recycle tout pour le cadet et le benjamin. Ça me fait mal au cœur de refuser au plus grand les vêtements de marque à la mode, mais il comprend. Je l’emmène avec moi dans les magasins et je le rends attentif aux prix. A 7 ans, il a déjà la notion de l’argent. Quand il est invité à des anniversaires, il regarde combien coûtent les choses. Au début, ça me travaillait. Mais maintenant, je me dis que ça lui permettra de gérer son ménage plus tard. » La famille n’a pas les moyens de s’offrir des vacances. Elisa cite un seul week-end passé à Bienne et à Lucerne chez des amis, « ça a fait un bien fou aux enfants de sortir un peu. Ils aimeraient bien aller à Disneyland... ». Depuis qu’ils habitent à Vésenaz, les tentations des enfants sont plus grandes : « C’est un quartier bourgeois : ils voient leurs copains partir à la montagne à chaque occasion. » Elisa ne désespère pas de retrouver rapidement un emploi « à 100 %, comme avant. On me fait comprendre que 30 ans, c’est déjà trop vieux. Mais j’ai suivi une formation pendant cinq mois. J’ai envie de la mettre en pratique. Je préfère être autonome et payer les frais de garde. Je n’ai plus envie de rester à la maison. »...
    http://www.interet-general.info/arti..._article=13946

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