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L'Argentine face au douloureux débat de l'avortement

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  • L'Argentine face au douloureux débat de l'avortement

    Elle n'a que 11 ans et vit dans un quartier pauvre de Córdoba, dans le Centre argentin. Alertée par son comportement bizarre, sa mère a découvert qu'elle était tombée enceinte après avoir été violée par un voisin. Mais lorsque la famille de la fillette demande un avortement, un fonctionnaire public avertit qu'il lui est "impossible d'avorter sans l'intervention de la justice".

    Si la fillette a finalement fait une fausse couche, cette situation sordide a ouvert une forte polémique en Argentine sur le thème ultrasensible de l'avortement. Dans ce pays où 90 % de la population se dit catholique, l'avortement est illégal, sauf cas exceptionnel. L'article 86 du Code pénal argentin stipule que "l'avortement n'est pas punissable seulement s'il a été pratiqué afin d'éviter un danger pour la vie ou la santé de la mère" ou "s'il provient d'un viol ou d'un attentat à la pudeur commis sur une femme démente".

    C'est là que le bât blesse : la fillette n'entre dans aucune de ces catégories, ce qui exigeait donc l'intervention d'un juge. Un comble quand on sait que la justice argentine peut prendre des semaines à se prononcer sur ce genre de cas. "Le Code pénal nous interdit de pratiquer un avortement dans ce cas précis, déplore la directrice d'une maternité de la ville de Rosario, dans la presse argentine. En tant que médecins, nous dépendons du bon vouloir des juges, ce qui nous attriste beaucoup." L'histoire de la fillette de Córdoba s'ajoute à des centaines d'autres, comme celle de Romina, une Argentine de 21 ans tombée enceinte après un viol. Romina, qui s'est vu refuser par les médecins un avortement et dont le bébé est mort lorsqu'elle a accouché seule dans une salle de bains, a été condamnée à 14 ans de prison pour "assassinat", alors que son violeur est en liberté.

    "Seule une femme sur dix tombe enceinte, car elle le souhaite" (une militante)

    Alvaro Herrero et Natalia Gherardi, responsables d'associations de défense des droits civils, regrettent en choeur : "Il n'existe aucune politique claire sur l'avortement en Argentine." Or, on estime à 500.000 le nombre de femmes qui ont recours chaque année à des avortements clandestins. Mais si les plus riches avortent dans des conditions sanitaires acceptables, ce n'est pas le cas pour les plus démunies. "C'est un grave problème de santé publique. Seule une femme sur dix tombe enceinte car elle le souhaite", s'agace Mabel Bianco, militante pour les droits sexuels. Outre les grossesses liées à des viols, de nombreux cas sont liés au fait qu'aujourd'hui encore les Argentins rechignent à mettre un préservatif.

    Ce débat intervient alors que le gouvernement vient de commettre une grosse "bourde" en publiant un guide technique sur "les avortements non punissables" par la loi, sans l'avoir lu auparavant. Suite aux critiques de l'Église, le ministre de la Santé, Juan Manzur, a retiré le guide sur demande expresse de la présidente, Cristina Kirchner. "Nous l'avons déjà dit avec la présidente, nous sommes contre l'avortement", a assuré le ministre pour calmer les esprits. Un conservatisme qui, vu de l'étranger, peut paraître d'autant plus surprenant que l'Argentine vient de libéraliser le mariage homosexuel, une première en Amérique latine.

    Source : Le Point
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