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La France de Sarkozy : L’argent à flots

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  • La France de Sarkozy : L’argent à flots

    Christine Clerc , le jeudi, 05/08/2010

    Sarkozy, c’est fini ! Ce n’est pas un jeune casseur qui me dit cela, pas même une pasionaria de gauche, mais un paisible député et maire UMP. Il sort d’une réunion d’élus, conclue sur ces mots : « Dans deux ans, nous ne serons plus là ! » Selon lui, seuls quelques courtisans prétendent encore que le président de la République peut être réélu.

    Et seuls quelques naïfs veulent espérer que, Sarkozy battu, la droite pourra quand même l’emporter aux législatives de 2012, inaugurant ainsi une cohabitation inédite. J’aurais donc été la dernière à trouver le président convaincant à la télévision ? Non, mais tout va si vite ! Depuis, le chef de l’État, confronté aux barbares qui ont saccagé Saint-Aignan et un quartier de Grenoble, a limogé un préfet et menacé – lui, le gardien de la Constitution ! lui, le Français dont la famille est issue de divers pays d’Europe !– d’ôter la nationalité française à des délinquants français d’origine étrangère… Ses propres partisans, déboussolés, évoquent la déchéance de nationalité des juifs par le régime de Vichy. À quoi bon ces menaces, si l’on continue de réduire les effectifs de police et de gendarmerie ?

    Mes malheureux collègues ! m’écrit un ancien préfet, récemment retraité. Sans répit, ils font la chasse aux délinquants pour qu’on ne les remplace pas par un policier, ils éteignent les feux de forêt pour ne pas être limogés au profit d’un pompier. Mais que survienne un cas imprévisible de méningite : l’Élysée nommera à leur place un médecin ! Ce couplet digne de Molière en dit long sur l’état d’esprit de la haute fonction publique.

    Comme ces jeunes voyous de banlieue qu’il prétend mater, Sarkozy en serait-il réduit à l’escalade verbale ? En tête des griefs, cependant, revient aussi l’argent. « L’an dernier, me dit encore un élu UMP, j’ai fait le tour de quarante de mes collègues qui voulaient déposer un amendement contre le bouclier fiscal : “Tu ne peux pas faire cela au président de la République !” Mais là, après les 100 millions d’euros reversés à Liliane Bettencourt, impossible de tenir plus longtemps sur cette position. Or, Sarkozy s’y accroche : il s’enferre dans un déni de réalité. »

    L’argent, toujours l’argent. Même si l’on boude les magazines d’été à la couverture racoleuse : « Comment vivent les riches », sa présence devient obsédante. Dès 11 heures, sur la Côte d’Azur, commence le ballet des gros hors-bord. C’est à qui rugira le plus fort et rasera de plus près les bouées de signalisation. Hier, en nageant, un ami a failli se faire décapiter par un énorme cigare, un “vaisseau fantôme” lancé à toute allure en direction de Monaco. Personne n’était à la barre. Nous avons seulement pu apercevoir, sur le pont, un groupe d’hommes et de femmes en train de boire, comme sur ces photos obscènes de Match où l’on voit, dans une boîte de Saint-Trop, les filles téter des mathusalems de champagne comme des biberons… Souvent, les domestiques sont moins vulgaires que leurs maîtres. Mais il arrive qu’ils adoptent leurs modes. Comme chaque été, le yacht Christina O (Onassis) a rejoint son quai réservé dans le port de Nice. En l’absence des patrons, l’équipage fait la fête et tout le monde se met à boire et à danser.

    Conversations sur la plage : « Tiens, Christine Lagarde autorise la vente de fruits sur les parkings des supermarchés. » En direct du producteur au consommateur, les pêches devraient être vendues 1,50 euro le kilo. En attendant, ce matin, à l’épicerie Casino du port de Nice, elles étaient à 5,95 ! Mais il y a bien pire que les épiciers : les banques ! Après m’avoir incitée à gérer mon compte sur Internet, la mienne– HSBC– m’envoie un avis de prélèvement pour “frais de gestion” en hausse. De plus, elle m’informe que, sans me consulter, elle a transféré mes petites économies d’un fonds X sur un placement Y… ce qui entraînera une augmentation de sa commission ! Ce récit provoque une cascade de témoignages indignés : sur la Société générale, BNP Paribas, etc., le pompon revenant au Crédit du Nord, qui a tout simplement “omis” de proposer à une cliente l’option “prélèvement libératoire” quand elle a résilié une assurance vie. Résultat : son impôt sur le revenu a doublé ! Ça lui apprendra à vouloir changer de banque.

    Sarkozy ne peut être tenu responsable de tous ces abus. Les « années fric et toc », comme les appelle le procureur Éric de Montgolfier, n’ont-elles pas commencé sous le règne de Mitterrand ? Mais, contrairement à ses hypocrites prédécesseurs, l’actuel président a affiché sa volonté de « réconcilier les Français avec l’argent ». Résultat : c’est le contraire qui est en train de se produire. Cet échec n’est pas à mettre sur le compte du tempérament envieux de nos compatriotes. La majorité d’entre eux aspirent simplement à être respectés– même s’ils “pèsent” mille fois moins aux yeux de leur banquier que l’astucieux François-Marie Banier.

    valeursactuelles.com
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