Une dizaine de jeunes chômeurs ont tenté un suicide collectif la semaine dernière à Ouargla (Sud). Tailladés de coups de couteaux, le teint brûlé par un soleil de plomb, ils présentent le nouveau visage de la protestation des jeunes contre une gestion par à-coups du dossier de l’emploi. Des jeunes issus de milieux très défavorisés, pères de famille pour la plupart, sans bagage scolaire, et portant les stigmates d’une vie qui ne leur a pas fait de cadeau. Ils veulent tout simplement travailler même dans les conditions les plus rudes, de simples manœuvres : ils ne demandent pas plus pour tenter de s’en sortir eux et leurs familles délaissés par la société, oubliés par la solidarité et accusés de simuler la pauvreté. El Watan Week-end a rencontré deux des « chômeurs-suicidaires ».
Ghribi Omar, 32 ans, ferrailleur : Le suicide est devenu ma seule façon de m’exprimer
« Je ne sais pas parler, je sais travailler. On m’impose une situation intenable. Personne ne veut nous écouter, tout le monde nous rejette. J’ai deux filles, un garçon et une famille de 11 personnes à ma charge. Je suis l’aîné. Mon père, un retraité vaguemestre de Sonelgaz touche 11 000 DA. Alors le suicide est devenu ma seule façon de m’exprimer. Je suis ferrailleur professionnel, j’ai fait une bonne prestation à Dywidag, la société allemande. J’estime être apte à travailler dans n’importe quel chantier, je suis prêt à tout faire. Mes déboires sont similaires à mes amis : des affectations sans lendemain, à chaque fois, nous sommes renvoyés par le poste de police, le bulletin avec le cachet de l’Alem ne vaut rien, on nous dit à chaque fois qu’aucune offre n’a été déposée chez eux. Pourtant, nous sommes officiellement orientés pour effectuer des tests. Personnellement, j’ai été renvoyé sans suite de l’Energa Hassi Messaoud, l’Enageo GTP Hassi R’mel qui m’ont demandé une expérience de 5 ans certifiés, alors que je ne travaille que chez des privés. Nos entrepreneurs exigent 3000 DA pour remettre un certificat de travail. Je n’ai jamais travaillé 5 ans de suite dans un même poste. J’adhère à ce mouvement de protestation et je ne me tairai plus, je frapperai à toutes les portes, car je suis persuadé que la mort vaut mieux qu’une vie misérable. Mes enfants vont bientôt être scolarisés, ils méritent une vie meilleure. »
Ghobchi Madani, 26 ans, manœuvre de sonde : La mort vaut mieux que cette vie indigne
« Ce sont les fausses promesses qui m’ont conduit à ce geste désespéré. Les mensonges, mon chômage chronique, la misère de ma famille me poussent vers tous les extrêmes. Je ne veux plus me taire, ni habiter dans un trou à rat, ni voir les miens mourir de faim, ne pas pouvoir soigner mes vieux parents, ne pas pouvoir acheter de jouets à mon petit frère handicapé… Depuis la fin de ma scolarité au CEM, en 1998, je travaille pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. Mille métiers, mille misères, car avec un tel niveau scolaire, on ne peut pas aller loin. Nous sommes une famille de huit personnes, aucun salarié, nous habitons à Saïd Otba-Ouest dans un deux pièces, notre cuisine fait office de salle d’eau et je squatte depuis trois ans un des locaux octroyés pour les jeunes commerçants par le président de la République et qui sont fermés depuis des années pour laisser mes sœurs dormir entre elles. Hier, j’ai trouvé un scorpion sous mon oreiller.
« Je me suis poignardé »
Ghribi Omar, 32 ans, ferrailleur : Le suicide est devenu ma seule façon de m’exprimer
« Je ne sais pas parler, je sais travailler. On m’impose une situation intenable. Personne ne veut nous écouter, tout le monde nous rejette. J’ai deux filles, un garçon et une famille de 11 personnes à ma charge. Je suis l’aîné. Mon père, un retraité vaguemestre de Sonelgaz touche 11 000 DA. Alors le suicide est devenu ma seule façon de m’exprimer. Je suis ferrailleur professionnel, j’ai fait une bonne prestation à Dywidag, la société allemande. J’estime être apte à travailler dans n’importe quel chantier, je suis prêt à tout faire. Mes déboires sont similaires à mes amis : des affectations sans lendemain, à chaque fois, nous sommes renvoyés par le poste de police, le bulletin avec le cachet de l’Alem ne vaut rien, on nous dit à chaque fois qu’aucune offre n’a été déposée chez eux. Pourtant, nous sommes officiellement orientés pour effectuer des tests. Personnellement, j’ai été renvoyé sans suite de l’Energa Hassi Messaoud, l’Enageo GTP Hassi R’mel qui m’ont demandé une expérience de 5 ans certifiés, alors que je ne travaille que chez des privés. Nos entrepreneurs exigent 3000 DA pour remettre un certificat de travail. Je n’ai jamais travaillé 5 ans de suite dans un même poste. J’adhère à ce mouvement de protestation et je ne me tairai plus, je frapperai à toutes les portes, car je suis persuadé que la mort vaut mieux qu’une vie misérable. Mes enfants vont bientôt être scolarisés, ils méritent une vie meilleure. »
Ghobchi Madani, 26 ans, manœuvre de sonde : La mort vaut mieux que cette vie indigne
« Ce sont les fausses promesses qui m’ont conduit à ce geste désespéré. Les mensonges, mon chômage chronique, la misère de ma famille me poussent vers tous les extrêmes. Je ne veux plus me taire, ni habiter dans un trou à rat, ni voir les miens mourir de faim, ne pas pouvoir soigner mes vieux parents, ne pas pouvoir acheter de jouets à mon petit frère handicapé… Depuis la fin de ma scolarité au CEM, en 1998, je travaille pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. Mille métiers, mille misères, car avec un tel niveau scolaire, on ne peut pas aller loin. Nous sommes une famille de huit personnes, aucun salarié, nous habitons à Saïd Otba-Ouest dans un deux pièces, notre cuisine fait office de salle d’eau et je squatte depuis trois ans un des locaux octroyés pour les jeunes commerçants par le président de la République et qui sont fermés depuis des années pour laisser mes sœurs dormir entre elles. Hier, j’ai trouvé un scorpion sous mon oreiller.
« Je me suis poignardé »
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