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Connaissez vous les CIVETS ?

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  • Connaissez vous les CIVETS ?

    Source Courrier International La Semana 10/08/2010

    C'est par cet acronyme que l'on désigne depuis peu le groupe des six pays émergents qui devraient connaître la plus forte croissance au cours de la prochaine décennie. La Colombie en fait partie et c'est une immense chance à saisir pour le nouveau président Juan Manuel Santos.



    Juan Manuel Santos arrive à la présidence de la République colombienne [il a été investi le 7 août dernier] avec une chance historique de faire de son pays l'une des étoiles les plus brillantes de la constellation des marchés émergents, et de lui faire franchir un bond économique qui permette enfin de sortir du cercle de la pauvreté.

    La Colombie vit en effet un moment exceptionnel : elle commence à apparaître nettement sur les radars des investisseurs et à susciter l'enthousiasme des analystes économiques. Les références aux problèmes de la violence et du trafic de drogues reculent dans la presse internationale, au profit d'informations plus positives qui font état d'un pays doté d'intéressantes perspectives en matière de production pétrolière, d'une macroéconomie solide et d'une population jeune et en essor.

    Le prestigieux magazine Newsweek qualifie la Colombie de nouvelle étoile du Sud dans un article récent. Soulignant que les investissements directs étrangers y ont été multipliés par cinq depuis 2002 (de 2 milliards de dollars à 10 milliards), l'hebdomadaire américain assure que la société colombienne, handicapée à une époque par les attentats à la voiture piégée et la fuite des cerveaux et des capitaux, se demande aujourd'hui comment faire pour éviter de succomber à la maladie hollandaise, un syndrome résultant de l'afflux massif de devises en raison de l'amélioration des perspectives de prospérité, de stabilité et de démocratie [provoquant une appréciation de la monnaie nationale qui nuit aux exportations].

    Walter Mola, analyste à la banque d'affaires américaine BCP Securities, un des leaders mondiaux de l'émission d'obligations des pays émergents, estime lui aussi que la Colombie est devenue l'une des étoiles du firmament latino-américain. Récemment, Michael Geoghegan, PDG du groupe bancaire HSBC, a fait l'éloge du pays, le présentant comme le chef de file d'un groupe d'économies émergentes de taille moyenne qu'il a baptisé CIVETS.

    Le terme est en vogue dans le monde et, après avoir misé sur les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), à partir de 2001, les analystes le font à présent sur les CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie, Afrique du Sud), un acronyme forgé à partir des initiales du nom des six pays en anglais.

    Civets est aussi le pluriel du terme anglais désignant la civette, un mammifère carnivore au corps trapu, aux pattes courtes et au pelage cendré et tacheté. Cet animal, qui s'apparente un peu à un chat, produit une sécrétion semblable au musc qui entre dans la fabrication de parfums ; les grains de café que mange l'espèce asiatique, récupérés dans ses excréments, donnent l'un des cafés les plus appréciés pour son arôme [le Kopi Luwak].

    Les pays CIVETS n'ont guère de ressemblance avec l'animal, mais il existent entre eux un certain nombre de points communs. Selon une étude de l'Economist Intelligence Unit du magazine britannique The Economist, les CIVETS apparaissent comme des destinations séduisantes pour les investisseurs et devraient connaître une croissance de 4,5 % par an au cours des deux prochaines décennies. Tous ont des populations jeunes et nombreuses, de 240 millions en Indonésie à 46,9 millions en Colombie.

    Les CIVETS se caractérisent par une économie relativement diversifiée, sans dépendance excessive à l'égard des produits de base, et par une inflation maîtrisée, sauf dans le cas de l'Egypte. Ces six pays ne sont pas grevés par de lourds déficits budgétaires, même si ces derniers ont augmenté après la crise financière mondiale.

    Selon The Economist, les CIVETS ont bien résisté à la crise financière mondiale grâce à des politiques adéquates et à une base économique solide. Ce sont en général des pays économiquement dynamiques et relativement stables sur le plan politique.

    Faire partie du club des CIVETS peut permettre à la Colombie de faire un grand bond de croissance au cours de la décennie prochaine. Pour Alberto Bernal, analyste international spécialiste des marchés émergents, il ne pouvait pas y avoir de meilleure nouvelle pour le pays. De même que le Brésil est depuis dix ans le centre de toutes les attentions en raison de son appartenance aux BRIC, la Colombie sera à la mode ces dix prochaines années du fait de son appartenance aux CIVETS.

    Comme le souligne Julián Cárdenas, chef des études économiques de la société de bourse Corredores Asociados, la Colombie n'est pas encore le pays émergent que certains voudraient y voir mais elle suscite des attentes qui pourraient finir par se réaliser. Ceux qui avaient misé sur le Brésil il y a neuf ans n'ont pas été déçus. Il pourrait en être de même à présent avec la Colombie.

    Les analystes ne sont pas les seuls optimistes. Le président du groupe de bancassurance Grupo Bolívar José Alejandro Cortés soulignait la semaine dernière que le pays avait en ce moment une occasion à saisir. Il a révélé que son groupe avait reçu des visites d'investisseurs internationaux cherchant à mettre un pied dans le secteur de la finance et des assurances. "Nous constatons que la Colombie est aujourd'hui l'un des pays les plus prisés par les investisseurs", confie-t-il.

    Mais le défi est d'autant plus grand pour le nouveau gouvernement que l'occasion est belle pour le pays. Comme le souligne Newsweek, alors que la croissance reprend (les analystes ont révisé à la hausse leurs prévisions pour 2010, et tablent désormais sur une croissance supérieure à 4,5 %), Juan Manuel Santos hérite du deuxième plus fort taux de chômage du continent (12 %), d'une population qui vit à 45 % sous le seuil de pauvreté (17 % dans l'extrême pauvreté) et d'une guerre froide avec le Venezuela voisin qui a paralysé les échanges avec le premier partenaire commercial de Bogotá derrière les Etats-Unis.

    "Personne ne semble être plus conscient des difficultés que Juan Manuel Santos lui-même", assure toutefois l'hebdomadaire américain. Heureusement, il peut compter sur un contexte très favorable au décollage du pays. La réputation de la Colombie s'est améliorée : elle gagne en prestige et en confiance, un actif essentiel.

    La Colombie doit être prête et ne pas laisser filer les capitaux qui ne manqueront pas, très prochainement, d'affluer vers les CIVETS. Il était temps que la Colombie fasse partie des bons.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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