Selon l'anthropologue spécialiste du Sahel, l'Algérie savait que l'opération du 22 juillet au Mali ne sauverait pas l'otage français.
Anthropologue britannique, spécialiste reconnu de la zone sahélienne, Jeremy Keenan affirme dans cet article que c'est la Sécurité militaire algérienne qui a conduit la France dans le fiasco de son opération militaire du 22 juillet au Mali, destiné à sauver l'otage Michel Germaneau.
Selon lui, l'armée algérienne a participé à l'une des deux opérations conduites ce jour-là, tout en sachant que l'otage français ne s'y trouvait pas ou plus.
Les accusations portées par Jeremy Keenan contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d'Algérie rejoignent les doutes exprimés par certains responsables français pour qui Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) « avance au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Ce qui n'a pas empêché, selon l'auteur, le gouvernement français de tomber dans un piège lourd de conséquences.
Nous avons traduit cet article, initialement diffusé par le site anglophone d'Al Jazeera, avec son autorisation, car il apporte de nombreux éléments d'information, et pose de sérieuses questions sur une opération toujours entourée de beaucoup de mystère.
Le raid français au Mali, le 22 juillet, en vue de libérer l'otage français capturé dans le nord du Niger en avril, et qui était détenu par Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), a été un désastre absolu. Il est clair, depuis cette date, que la France, la Mauritanie et l'Algérie, ont tout fait pour camoufler ce qui s'est réellement passé.
Après le silence initial de la France, une série de communiqués et d'informations de presse ont donné une version de plus en plus trompeuse de ce qui s'est réellement passé. La version officielle « aseptisée », ou « mauritanisée » des faits ressemble à une œuvre de fiction.
Elle affirme que la Mauritanie a été informée par des services de renseignement occidentaux du fait que l'Aqmi se préparait à une attaque de son territoire le 28 juillet. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait alors prévenu Paris qu'il préparait une opération au-delà de ses frontières contre l'Aqmi, et il se trouvait à l'Elysée le 13 juillet [à l'occasion d'une rencontre franco-africaine, ndlr] au lendemain d'un ultimatum de l'Aqmi à la France, jurant de tuer Germaneau le 26 juillet si ses demandes (jamais spécifiées) n'étaient pas satisfaites.
Les Mauritaniens, aidés par les Français, affirment avoir découvert un campement jusque-là inconnu d'une cellule de l'Aqmi, dans le désert malien, à 150 km de la frontière mauritanienne. Des sources franco-mauritaniennes affirment que des photos indiquent que Germaneau pourrait s'y trouver. La France décide alors d'envoyer vingt ou trente de ses forces spéciales (commandement des opérations spéciales, COS), y compris des agents du renseignement, pour accompagner les groupes spéciaux d'intervention mauritaniens pendant l'attaque.
Toujours selon cette version, la force franco-mauritanienne serait partie d'une base près de la frontière entre le Mali et la Mauritanie. L'attaque a eu lieu à l'aube, et il n'y avait aucune trace de Germaneau. Six « terroristes » de l'Aqmi ont été tués et l'opération a été conclue.
La version « officielle » souligne qu'il n'y a pas eu d'opération aérienne, que cela ne concernait pas la localité de Tessalit, et qu'aucune assistance américaine en renseignement n'a été apportée comme cela a pu être dit par ailleurs.
Mais, une source mauritanienne fiable m'a indiqué par la suite que le camp attaqué n'était pas une base de l'Aqmi, mais seulement un bivouac de trafiquants.
Un « nuage de fumée » pour une opération politiquement sensible
Que s'est-il réellement passé ? Il devient de plus en plus évident que ce qui s'est passé a non seulement été embelli, mais a servi de leurre à une opération bien plus sérieuse et politiquement sensible près de Tessalit.
De fait, peu après le raid du 22 juillet, une dépêche AFP de Bamako a indiqué que l'opération contre le camp de l'Aqmi dans le nord-ouest du Mali n'était qu'un « nuage de fumée… Quelque part dans le vaste désert, une autre opération est en cours », ajoutant que des forces d'autres pays de la région y participaient.
Les premières informations que j'ai reçues de la région, de sources régionales bien placées, peu après midi le 22 juillet, m'indiquaient qu'il y avait eu une intense activité aérienne autour de Tessalit pendant la nuit et la matinée, et que les Algériens, appuyés par les COS français, avaient conduit une attaque dans les montagnes voisines de Tigharghar en vue de libérer Germaneau.
Tessalit est une ancienne base militaire française modeste de l'époque coloniale. Son aéroport est toujours opérationnel, qui a même été utilisé récemment par les forces spéciales américaines et pour des vols militaires ou privés. Mes sources m'ont indiqué qu'on avait pu entendre des tirs, que six « terroristes » avaient été tués, quatre mis en fuite ou blessés, et que Germaneau pourrait avoir été exécuté par ses ravisseurs au début de l'assaut.
Anthropologue britannique, spécialiste reconnu de la zone sahélienne, Jeremy Keenan affirme dans cet article que c'est la Sécurité militaire algérienne qui a conduit la France dans le fiasco de son opération militaire du 22 juillet au Mali, destiné à sauver l'otage Michel Germaneau.
Selon lui, l'armée algérienne a participé à l'une des deux opérations conduites ce jour-là, tout en sachant que l'otage français ne s'y trouvait pas ou plus.
Les accusations portées par Jeremy Keenan contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d'Algérie rejoignent les doutes exprimés par certains responsables français pour qui Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) « avance au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Ce qui n'a pas empêché, selon l'auteur, le gouvernement français de tomber dans un piège lourd de conséquences.
Nous avons traduit cet article, initialement diffusé par le site anglophone d'Al Jazeera, avec son autorisation, car il apporte de nombreux éléments d'information, et pose de sérieuses questions sur une opération toujours entourée de beaucoup de mystère.
Le raid français au Mali, le 22 juillet, en vue de libérer l'otage français capturé dans le nord du Niger en avril, et qui était détenu par Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), a été un désastre absolu. Il est clair, depuis cette date, que la France, la Mauritanie et l'Algérie, ont tout fait pour camoufler ce qui s'est réellement passé.
Après le silence initial de la France, une série de communiqués et d'informations de presse ont donné une version de plus en plus trompeuse de ce qui s'est réellement passé. La version officielle « aseptisée », ou « mauritanisée » des faits ressemble à une œuvre de fiction.
Elle affirme que la Mauritanie a été informée par des services de renseignement occidentaux du fait que l'Aqmi se préparait à une attaque de son territoire le 28 juillet. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait alors prévenu Paris qu'il préparait une opération au-delà de ses frontières contre l'Aqmi, et il se trouvait à l'Elysée le 13 juillet [à l'occasion d'une rencontre franco-africaine, ndlr] au lendemain d'un ultimatum de l'Aqmi à la France, jurant de tuer Germaneau le 26 juillet si ses demandes (jamais spécifiées) n'étaient pas satisfaites.
Les Mauritaniens, aidés par les Français, affirment avoir découvert un campement jusque-là inconnu d'une cellule de l'Aqmi, dans le désert malien, à 150 km de la frontière mauritanienne. Des sources franco-mauritaniennes affirment que des photos indiquent que Germaneau pourrait s'y trouver. La France décide alors d'envoyer vingt ou trente de ses forces spéciales (commandement des opérations spéciales, COS), y compris des agents du renseignement, pour accompagner les groupes spéciaux d'intervention mauritaniens pendant l'attaque.
Toujours selon cette version, la force franco-mauritanienne serait partie d'une base près de la frontière entre le Mali et la Mauritanie. L'attaque a eu lieu à l'aube, et il n'y avait aucune trace de Germaneau. Six « terroristes » de l'Aqmi ont été tués et l'opération a été conclue.
La version « officielle » souligne qu'il n'y a pas eu d'opération aérienne, que cela ne concernait pas la localité de Tessalit, et qu'aucune assistance américaine en renseignement n'a été apportée comme cela a pu être dit par ailleurs.
Mais, une source mauritanienne fiable m'a indiqué par la suite que le camp attaqué n'était pas une base de l'Aqmi, mais seulement un bivouac de trafiquants.
Un « nuage de fumée » pour une opération politiquement sensible
Que s'est-il réellement passé ? Il devient de plus en plus évident que ce qui s'est passé a non seulement été embelli, mais a servi de leurre à une opération bien plus sérieuse et politiquement sensible près de Tessalit.
De fait, peu après le raid du 22 juillet, une dépêche AFP de Bamako a indiqué que l'opération contre le camp de l'Aqmi dans le nord-ouest du Mali n'était qu'un « nuage de fumée… Quelque part dans le vaste désert, une autre opération est en cours », ajoutant que des forces d'autres pays de la région y participaient.
Les premières informations que j'ai reçues de la région, de sources régionales bien placées, peu après midi le 22 juillet, m'indiquaient qu'il y avait eu une intense activité aérienne autour de Tessalit pendant la nuit et la matinée, et que les Algériens, appuyés par les COS français, avaient conduit une attaque dans les montagnes voisines de Tigharghar en vue de libérer Germaneau.
Tessalit est une ancienne base militaire française modeste de l'époque coloniale. Son aéroport est toujours opérationnel, qui a même été utilisé récemment par les forces spéciales américaines et pour des vols militaires ou privés. Mes sources m'ont indiqué qu'on avait pu entendre des tirs, que six « terroristes » avaient été tués, quatre mis en fuite ou blessés, et que Germaneau pourrait avoir été exécuté par ses ravisseurs au début de l'assaut.
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