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Tizi Medjebar des Babors

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    Tizi Medjebar, un des dix-neuf villages du cirque montagneux des Ith Yella.Invités pour les festivités consacrées à «Thikourbabine», Toute la diaspora algéroise Yallaouie est là en ce jour de ressourcement. Les grands-parents qui ont vu le jour dans cette contrée montagneuse, jadis inhospitalière, tirent une légitime fierté en ramenant leurs descendances qui n’ont, jusqu’ici, connu que le confort des cités urbaines. Les étroites ruelles du minuscule village perché à 1000 mètres d’altitude sont encombrées de véhicules rutilants. La procession s’étirait sur plusieurs centaines de mètres. La manœuvre était rendue difficile par le terrain qui n’offre que peu d’espace ; le précipice, toujours présent, faisait miauler les mécanismes de freinage. Le vide environnemental prégnant met à contribution le génie bâtisseur de l’homme. Si les anciennes demeures en pierre ou en pisé de glaise épousent l’escarpement et se blottissent comme pour se protéger de l’adversité topographique, les nouvelles et belles constructions se permettent le vertige en défiant la pente raide. Construites, tout ou partie, sur pilotis de mortier de béton, certaines semblent narguer le vide. Il faut reconnaître aussi que le coût du confortement de terrain et de drainage ne doit pas être à la portée de toutes les bourses. Là aussi, l’aide à la construction de la Caisse nationale du logement (C.N.L) est bien dérisoire dans le contexte. La configuration actuelle des routes de montagne doit à elle seule générer des surcoûts en matière d’approvisionnement et de transport.
    Le docteur A. Benadouda, maire de la commune de Guenzet, est tout heureux du démarrage des travaux d’élargissement du tronçon de la R.N 76 reliant cette dernière à Bougâa. Ainsi, la boucle sera bouclée ; le mauvais état de cette route qui relie Sétif à Bordj Bou Arreridj à travers le massif des Babors ne sera qu’un mauvais souvenir à mettre sur le compte du sous-équipement duquel sort peu à peu la région. Les gros moyens matériels de Cosider entament déjà dans la roche, et l’espace dégagé présage déjà une meilleure fluidité du trafic routier. Comme l’appétit vient en mangeant, selon l’adage, il espère que la route qui rejoint la commune d’Ilmayen, relevant de la circonscription territoriale de BBA qui enserre les Ith Yalla en «étau», soit bitumée, à l’instar du tronçon qui part du pont des Ith Halla. Le développement de ce vallon est perceptible à travers les champs cultivés et dont l’irrigation est assurée par le filet du cours d’eau. D’ailleurs, l’ouvrage qui enjambe la rivière et nouvellement réalisé par Sapta augure déjà le repeuplement de la région. Les thermes de Hammam Ibaniane aux eaux bouillantes reçoivent de plus en plus de visiteurs. Cette nouvelle affluence ne pourrait s’expliquer que par le bon état de la route. Le tronçon de piste restant, menant à Guenzet sur 19 kilomètres, n’est pas sans décourager les plus téméraires qui, de guerre lasse, ont abandonné leurs lopins de terre. Les Guenzati ont aussi appris avec soulagement qu’une nouvelle ville est projetée sur les hauteurs. Le projet peut disposer de 40 hectares de prise au sol naturellement nivelé. La future salle omnisports en chantier se dessine peu à peu sur ce terrain par le chaînage du rond à béton.
    La mosquée à une seule qobba de style ottoman, située sur la butte la plus élevée du village de Tizi, est un joyau architectural dans son genre. Flanquée de deux placettes, la salle de prière dispose d’une salle d’ablution nickel où les fidèles disposent de serviettes propres, de savon et même de … shampoing. Elle serait le centre névralgique de toute la vie de la communauté villageoise. En dehors de ses obligations religieuses, l’imam anime des actions de formation en direction des jeunes pour de divers apprentissages : informatique pour les deux sexes et couture pour les jeunes filles. Et c’est ainsi que sous l’égide de l’association «El Ihsane», ce centre nodal organisait la compétition culinaire. La petite placette qui jouxte la mosquée du côté oriental est déjà comble à 17 h. Après un bref discours introductif, son président appelle un à un les lauréats du concours du meilleur mets de Thikourbabine. Au nombre de dix, ils auront chacun droit à un diplôme d’honneur. Le foyer de Bachir Zeroual, déclaré champion de cette joute culinaire, offrait le soir même une dégustation aux invités. Le jury, assisté d’un logiciel ad hoc, ne pouvait faire que le bon choix, sachant que le seul sens gustatif peut être parfois partial. En mettant ainsi l’attribut scientifique au service de la tradition. Le public, notamment juvénile, aura droit à une démonstration de Vo Viêt-Nam. L’équipe locale de cette discipline serait en bonne place dans les joutes nationales. Voici un lieu du culte qui ne s’embarrasse d’aucune fatwa d’où qu’elle vienne ; son seul objectif est, sans conteste, la promotion intellectuelle de l’homme dans un environnement rendu sain par son unique volonté. Après cet interlude, l’assistance se retrouve instinctivement sur la plateforme forestière de l’école coranique Oukari, fondée il y a déjà quatre siècles par cheikh Akli Okari. La route forestière qui y mène, étroite et en lacis, est encombrée par les mêmes véhicules qui étaient, il y a un moment, à Tizi. L’atmosphère éthérée de résine de conifère et le vacarme jacassant des étourneaux confinent, momentanément, dans la douceur de vivre. Austère, la bâtisse couverte de tuiles est à présent silencieuse ; au nombre de 200, les élèves sont probablement dans les dortoirs. Un petit cimetière, dont les tombes sont presque anonymes, avoisine le sanctuaire coranique. La pinède environnante est investie par les familles algéroises. Des jeunes en bermuda et tee-shirt, kit man à l’oreille ne semblent pas du tout impressionnés par la charge émotionnelle que dégagent les lieux. Dans sa probable quête spirituelle, Malek Bennabi aurait choisi cet ermitage pour y séjourner momentanément. Il ne disposait que d’une simple hutte dressée à l’extérieur, près du paisible cimetière.
    La soirée récréative sous la tente était de l’exclusive des femmes et des enfants. Les jeunes à l’accent «chi chi» couraient dans tous les sens et se faufilaient entre les groupes des moins jeunes qui sirotaient un thé à la menthe targui. Sous l’emballement des moteurs des 4 x 4 et autres véhicules soulevant un nuage de poussière, la place ne se libérait que très tard dans la soirée. Ce n’est qu’à la nuit tombée que le spectacle devient féérique. Une constellation de lumières scintillantes, courant de colline en colline, fait découvrir cet immense fief des Beni Yalla. Le jour, on suppose naïvement que la montagne est déserte.
    Le lendemain, soit le vendredi, les convives pouvaient vaquer à leurs occupations. Rendez-vous était pris à 16 h 30 au lycée pour la remise solennelle de prix aux lauréats du baccalauréat de la dernière session. Sur la route du lycée à Thagremt (Dar El Hadj), en traversant le minuscule village de Timenghacht, une proprette maison peinte en bleu et blanc rappelle au souvenir de ceux qui ont survécu aux affres de la guerre anticoloniale, le sacrifice de cette jeune fille sortie à peine de l’adolescence. Il s’agit de Malika Gaïd, infirmière de la wilaya III historique et que Si Amirouche enrôla dans ses rangs. A l’inverse des autres villages, Thagremt, dont les belles demeures n’ont rien à envier à celles des villes, est plus aérée. Un large boulevard, où se trouve d’ailleurs le lycée, traverse le village de part en part. L’établissement secondaire, à l’origine collège d’enseignement général, présente quelques signes de vieillissement. Les malfaçons du bâti renseignent sur l’époque déjà lointaine où il était difficile de trouver une entreprise ou même un tâcheron pour réaliser des ouvrages. Forcé, on fermait souvent les yeux sur le viol des règles de l’art. Mais il n’est pas dit qu’une réfection rafraîchissante n’est jamais la bienvenue. La salle polyvalente est à présent bondée, l’animateur, en l’occurrence le dynamique Nadjib Athmani, président de l’association Ith Yella, ouvre le bal par la présentation d’un tout jeune récitateur de Coran et l’exécution de l’hymne national. L’émotion était perceptible sur tous les visages. On se rend compte que seule la religion et le territoire sont les deux liants indissolubles de l’identité nationale. La langue n’intervient que subsidiairement. Ne nous a-t-on pas traités de «barbars» ? La cérémonie, rehaussée par la présence de personnalités telles que Abdelhamid Berchiche, juriste, ancien recteur et ancien ministre, Mohamed Ghafir plus connu sous son nom de guerre : Moh Clichy, les avocats Mme Keddar d’Alger et Mouhoub Bouseksou des Béni Ourthilane et quelques plumes journalistiques connues, dont Driss Dakik, promettait des moments sublimes. Trois générations faisaient la jonction pour célébrer un des nombreux acquis de la liberté chèrement acquise. Ce sanctuaire du savoir, dirigé par un jeune proviseur issu probablement du même milieu que celui dans lequel il vit actuellement, est à l’avant-garde en matière de résultats scolaires. Sur cent six élèves (106) candidats aux épreuves du bac, quatre vingt seize (96) le décrochèrent avec brio dont plusieurs avec mention. Les sept premiers, dont la moyenne obtenue dépassait les 14/20, ont eu droit à un micro-ordinateur, les autres à des colis-cadeaux. Même les enseignants, qui paraissaient du même âge que leurs élèves, eurent droit à l’honneur de la consécration symbolique. La cérémonie était du seul fait du dynamisme de l’association «Ilm oual a’mal» (savoir et action). L’âme du défunt Arezki Kehal, dont le lycée porte le nom, qui a consacré sa vie à l’amélioration de la condition humaine de ses congénères dans l’exil, doit se réjouir de l’aboutissement des luttes menées par sa génération et celle qui l’a suivie. Né en avril 1904 à Guenzet, il émigre en 1929 en France où il partagera sa vie avec les damnés de la terre de son pays. Il participe, le 11 mars 1937, à la fondation du Parti populaire algérien (P.P.A) à Nanterre et en devient le trésorier général. Il est emprisonné le 25 février 1938 pour délit politique dans la sinistre prison de Barberousse à Alger. Il décède le 18 avril 1939 à l’âge de 35 ans, suite à un long emprisonnement de 18 mois où la maladie eut raison de son corps. Près de 15.000 personnes et compagnons assisteront à ses obsèques de dimension nationale où il sera le premier martyr à avoir droit à l’honneur de l’emblème national. Athmane Belouizdad, en évoquant le défunt, aurait dit : «Sans lui, il n’y aurait pas eu de 1er Novembre».
    .................................................. ..........................par Farouk Zahi
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون

  • #2
    Admirez le paysage

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