Au Maroc, rompre le jeûne en public pendant le ramadan est passible d'une peine d'emprisonnement. Au Maroc, rompre le jeûne en public pendant le ramadan est passible d'une peine d'emprisonnement. © Arnaud Gaillard
Psychologue clinicienne à Rabat, la Marocaine Ibtissame Lachgar (35 ans) est cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali). En septembre 2009, en plein ramadan, elle avait participé à un pique-nique public.
Jeune Afrique : Allez-vous refaire un pique-nique, cette année ?
IBTISSAME LACHGAR : Non, nous mènerons peut-être une action plus symbolique, mais rien n’est encore prévu.
Regretteriez-vous le « dé-jeûner » de l’an dernier ?
Pas du tout. Notre action a été une réussite, et beaucoup de gens nous ont exprimé leur soutien. Ça a ouvert le débat sur l’article 222 du code pénal, qui prévoit une peine d’emprisonnement pour ceux qui rompent ostensiblement le jeûne en public pendant le ramadan. Nous ne nous battons pas contre l’islam, mais pour la liberté de conscience. Pour que chaque Marocain, qu’il soit athée, chrétien ou musulman, soit traité sur un pied d’égalité.
Ne craignez-vous pas de choquer une partie de l’opinion ?
Contrairement à ce que j’entends dire souvent, je pense que la société marocaine est prête à débattre de ce sujet. D’ailleurs, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a mis la laïcité à l’ordre du jour de son dernier congrès.
Ce déjeuner a-t-il eu des conséquences sur votre vie personnelle ?
Nous avons été arrêtés, puis interdits de quitter le territoire pendant plusieurs mois. Depuis, nous sommes régulièrement l’objet de menaces. Mais aucune action en justice n’a été intentée contre nous.
Commentaire