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Je vous parle d'un temps...

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    Je vous parle d’un temps que les…
    Par Hakim Laâlam
    Football. Algérie-Gabon. Coup de colère de l’entraîneur…

    … Gernot Rohr devant le nombre
    d’occasions ratées par ses joueurs.
    Au moment où des Algériens s’affrontent dans un village de Kabylie autour de lieux de culte, moi, je voudrais vous parler de grandes feuilles de papier blanc. Non ! Ramadan et ses rigueurs n’ont rien à voir avec mon délire de carrés de feuilles blanches. C’est juste un souvenir que je voudrais partager avec les plus jeunes qui n’ont pas connu cette période si particulière. Ça remonte à un temps à cheval entre la fin des années 1970 et les balbutiements des années 1980/1990. Mois de Ramadan. Brasserie d’Alger. En face de la Faculté centrale. Ce jour-là, j’ai vu les employés de ce resto où, étudiants, nous avions nos habitudes, procéder à la pose méticuleuse de larges feuilles de papier blanc opaque. Sur toute la baie vitrée qui faisait pourtant le cachet de ce lieu. C’est ce jour-là que j’ai définitivement compris que le processus était engagé. La machine terrible lancée. Les boucles du pantalon en train d’être défaites. Les citoyennes et les citoyens algériens qui ne jeûnaient pas, ceux que la police de mon pays ne traquait pas encore devaient désormais se restaurer à la Brasserie, masqués, dissimulés derrière ces carrés de feuilles blanches. Quelque temps après, des semaines après, le mois de Ramadan et l’Aïd étant passés, je me suis retrouvé en compagnie d’amis à Tipasa. Plus exactement au restaurant Le Romana, sur le magnifique parvis pavé qui mène au site et au musée à ciel ouvert de la ville. Nous avions commandé et demandé comme à nos habitudes une bouteille de rosé bien frais. Quelques minutes après, le serveur est revenu avec notre commande. Mais point de bouteille en vue. Par contre, il tenait un pichet en terre cuite et quatre pintes de la même glaise. Et il entreprit de nous servir ce breuvage dans nos chopes en poterie. Interloqués, nous lui avons demandé pourquoi ce procédé «nouveau». Visiblement gêné, il nous a expliqué péniblement que le resto recevait de plus en plus de menaces quant à la consommation d’alcools et de vins sur sa magnifique terrasse, tout en précisant que nous pouvions regagner la salle à l’intérieur où là, il nous serait loisible de «redécouvrir» la consommation d’un vin à partir d’une bouteille de vin et dans des verres à vin. Je sais que je vais choquer beaucoup d’entre vous. Parler, évoquer le vin et la non-observation du jeûne en plein mois de Ramadan, quelle hérésie ! Pourtant, il faut que les plus jeunes sachent. Qu’ils sachent que dans ce pays, jeûneurs et non-jeûneurs ont vécu ensemble. Chacun pratiquant ses croyances sans faire ch… l’autre. Sans souffrir de la police des mœurs et des estomacs. Sans intrusion musclée et judiciaire dans la gestion de sa boustifaille. Ce pays s’appelait Algérie, n’en déplaise aux nouveaux géographes qui l’ont, depuis, rebaptisé Algéristhan. Je fume du thé en plein jour et je reste éveillé, le cauchemar continue.

    H. L.


    Le soir d'Algérie

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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