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De la liberté religieuse en Algérie

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  • De la liberté religieuse en Algérie

    Par Arezki Metref
    arezkimetref@********
    Ouf, cette impression de revenir de loin ! D'où ? Je ne sais. Mais j'entends d'ici le froufrou que fait l'étui neuf de velours de mes yeux. Je ne sais pas ce qu'on a changé, mais il y a du nouveau, c'est sûr!
    Ce n'est pas mauvais de retrouver le bleu du ciel, les friselis sur le tapis de la mer. Et même les heurts du monde, et le tumulte des humains marchant d'un pas agité vers la ligne de fuite... Tiens, par exemple, j'en suis arrivé même à trouver un intérêt aux propos de Bouabdallah Ghoulamallah, ministre du culte : «La liberté est assurée en Algérie. Seulement cette liberté ne concerne que la politique et non la religion.» Voyez-vous ça ? D'abord, il n'est pas vrai que la liberté de Bouabdallah Ghoulamallah concerne la politique. De ce point de vue, il faut demander leur avis à tous les partis politiques qui n'attendent plus leur agrément parce que le ministère de l'Intérieur a décidé d'afficher complet. L'agrément était suspendu non pas à l'instruction en des procédures claires mais à l'arbitraire et au bon vouloir des régnants. Sur la liberté politique version Bouabdallah Ghoulamallah, il faut aussi demander l'opinion des partis politiques d'opposition, — ceux qui n'appartiennent pas au «clan présidentiel » avoué ex abrupto par Chekib Khellil — qui savent le pluralisme algérien de façade. Dernier argument : si la liberté politique était assurée dans ce pays, nul doute que Bouabdallah Ghoulamallah ne serait pas là où il est. Quant à la remise en cause de la liberté religieuse, Goulamallah sait-il seulement que ses appels à l'intolérance et à la haine violent les droits à la liberté de conscience que l'article 35 de la Constitution garantit aux Algériens ? Le collectif SOS-Libertés a mille fois raison de dénoncer «un détournement des institutions au service d'une idéologie intolérante et liberticide». Faut dire que SOS voit juste ! Les propos de Ghoulamallah visent à armer l'intolérance et la préparer à tirer sur tout ce qui s'inspire de la Constitution algérienne pour pratiquer la liberté de conscience. La chose qui ne manque pas d'étonner, c'est le silence des forces de la tolérance et des libertés que l'on présume existantes dans ce pays. N'ont-elles pas compris, au vu de ce qui nous accable depuis vingt ans, que la stratégie du tu-donnes-le-doigt-on-te-prend-le-bras continue. On se tait aujourd'hui, on casque demain. C'est comme ça... Je ne voulais vraiment pas écrire un seul mot sur la mort de Ouettar. On devine pourquoi : ce n'est pas le chic de l'élégance de tirer sur les morts! Mais non, on ne va pas laisser passer. L'ignominie qui lui a tenu lieu d'«hommage » à Djaout restant plus qu'impardonnable, il faut la rappeler. La bassesse risque hélas d'être la seule chose qui restera de l'écrivain organique des forces de la régression. Comme il fallait s'y attendre, la mort de Tahar Ouettar à soixante-quatorze ans à la suite d'une longue maladie, sur un lit d'hôpital, n'émeut que sa famille, sincèrement (dont on respecte le deuil et la douleur) et, plus sournoisement, celle d'instances du pouvoir arabo-islamo-libéralobazariste- conservateur dont il était plus qu'un agent idéologique, un tireur sans pitié préposé à occire les intellectuels progressistes qui lui faisaient de l'ombre. Tandis que Tahar Djaout, mort à la suite d'un attentat terroriste à trente neuf ans, laisse derrière lui une immense admiration et une affection renouvelée non seulement de ses proches inconsolables, de la France (oui, de cette France où Ouettar est allé se faire soigner aux frais du contribuable algérien) des écrivains et des amis progressistes, du monde entier et surtout d'une jeunesse algérienne pour qui il est encore vivant. On ne compare pas l'incomparable. On dit que Ouettar ne s'en prenait qu'aux francophones. Ce n'est pas vrai, évidemment. Il tirait sur les intellectuels arabophones avec la même insensibilité dès lors qu'ils devenaient pour lui une menace. Il était connu pour un narcissisme ombrageux doublé, comme il se doit, d'une sorte de complexe d'infériorité qui lui faisait craindre de perdre la place de numéro un qu'il croyait détenir. On est loin de l'écrivain pur dont la noble mission est de faire vivre l'âme de son peuple, avec dévouement et humilité. Il était plutôt de cette espèce d'homme saturé de haine qui n'acceptait de lien que de subordination, dans les deux sens du terme. Soit on s'imposait à lui et il se pliait, soit il faisait tout pour casser l'autre et le ravaler à la subordination. L'homme ne connaissait que le rapport des forces, jamais le respect de l'autre et la civilité des rapports d'égal à égal. Celles et ceux qui l'ont approché le savent et ce n'est pas parce que certains d'entre eux vont pousser des lamentos que ce n'est pas vrai. On sait que la mort inspire le pardon et même la louange un peu hypocrite, mais on peut accepter l'un en fustigeant l'autre. Tahar Djaout n'est pas la seule victime sur laquelle il a tiré sans vergogne, sans même cette compassion pour sa famille qui venait de perdre un homme à la force de l'âge fauché parce que ses idées dérangeaient l'islamisme et ses parrains nationalistes. Youcef Sebti, qui a eu la générosité de taire ses divergences avec lui, et fait fonctionner El Djahidya, n'échappa pas plus à sa vindicte haineuse, même mort, assassiné lui aussi. On arrête là. Dans le respect dû au deuil de sa famille, ce rappel est pour l'édification de ceux qui ne savaient pas. La haine qu'il aura dardée à l'encontre de ses pairs ne saurait se dissoudre dans l'oubli sans être dite. Qui sème le vent, etc. C'est comme ça !
    A. M.
    lesoirdalgerie
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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